24. THOMAS

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Deep water, American Authors.

THOMAS S'ÉVEILLA DANS UNE PIÈCE VIDE où une odeur métallique et étouffante régnait. Il sentait une aura menaçante en ses lieux. Le garçon jeta un œil autour de lui, la gorge sèche. Il ne reconnut d'abord pas la pièce où il se trouvait puis des souvenirs épars jaillirent dans son esprit. Il se souvenait du dimanche matin, d'avoir rejoint la salle des gardes, et un trou noir assombrissait la suite. Que s'était-il passé pour qu'il se retrouve assis là? Combien de temps s'était écoulé?

Thomas sentait sa langue rugueuse et sa gorge étonnement asséchée, il avait plus que besoin de boire. Il tâtonna chaque membre de son corps, à la recherche de la moindre blessure. Il constata que ses membres étaient quelque peu endoloris, parfois parsemés de bleus, mais son corps paraissait épargné. Le jeune homme passa une main sur son visage, la salissant de la sueur et de la crasse de sa face. Avec un air de dégoût, Thomas s'essuya la main sur son tee-shirt; le besoin de retrouver un visage propre émergea.

Or, s'il se trouvait dans cette pièce qui paraissait être une chambre, il devrait être risqué d'en sortir dans se faire remarquer. Son regard se posa sur le lit et ses draps — serait-ce mal poli d'essuyer sa peau avec ce tissu?

Thomas ne se posa pas plus de questions, estimant qu'il ne causait de mal à aucune personne qui ne le méritait pas. Il s'approcha à genoux du lit, qui se situait à peine à deux mètres de lui. La fatigue l'assommait presque car elle se trouvait renforcée d'un mal de tête diffus.

Le travailleur s'apprêta à fourrer sa tête dans les couvertures quand il déchanta brutalement. Ses yeux avaient découvert un affligeant tableau: la parure de lit était couverte de sang, particulièrement au niveau des oreillers. Une violente altercation avait eu lieu; mais quand? Était-ce son œuvre? Thomas en doutait, il devrait être lui-même blessé s'il avait affronté un autre homme. Dans ce cas, s'il se trouvait déjà dans cette pièce, comment n'avait-il pas pu se rappeler cette bagarre? Une réponse s'imposa à lui, évidente et claire: il avait été très probablement drogué. Par ailleurs, la question du par qui ne se posait pas.

Le jeune homme se releva sur un genou avant de se souvenir de son but originel. Il ressentait toujours le besoin de s'essuyer le visage. Alors, à contrecœur, Thomas tira le bout de la couette, en estima un coin assez vaste et le posa sur sa face. Une sensation douce et apaisante se répandit dans tout son visage et le détendit. Il appréciait le toucher des draps sur sa peau, il lui était d'une familiarité attachante.

Le garçon aux cheveux bleus se résigna ensuite à tapoter et frotter son visage avec la couette. Il ne devait pas trop tarder, le temps lui était peut-être compté. En outre, Thomas avait perdu la notion du temps et il ne pouvait savoir depuis combien de temps il était inconscient.

Ayant relâché le drap, le jeune homme se releva complètement sur ses jambes légèrement tremblantes. Une sensation lasse se propageait sans tous ses membres, accompagnée de picotements dans ses pieds. À ce moment-là, il aurait donné n'importe quoi pour une nuit de sommeil.

Cependant, il ne pouvait se permettre de manquer de vigilance, il devait rester en alerte. Thomas alla jusqu'à la porte à pas légers et posa son oreille sur le plat de la porte. À travers le métal, il percevait des voix ténues, non plus sauvages et fortes comme dans son souvenir.

Thomas avait la désagréable sensation que quelque chose allait de travers, et pas seulement son propre cas. Il avait plusieurs choses à tirer au clair, à commencer par rétablir l'ordre chronologique des événements.

Néanmoins, un problème s'imposait à lui: c'était une porte à empreinte, donc elle était réservée à un groupe spécifique, ou une unique personne. Il ne pourrait sûrement pas actionner la porte lui-même et, quand bien même, il ne pouvait pas prétendre pouvoir traverser la salle des gardes sans se faire remarquer.

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