27] Héritage

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-... J'ai été incapable de lui parler comme vous me l'aviez conseillé.
-Je pense qu'il le faudra un jour oui si vous voulez continuer de vous épanouir grâce à cette relation, mais n'oubliez pas que vous avez néanmoins le temps Eve. Les choses de l'amour sont lentes et souvent bien cachées.
-Qu'est ce que vous avez tous avec vos devinettes sur l'amour? L'amour, l'amour et toujours l'amour...

Barbara sourit à la fois avec amusement et bienveillance mais n'ajoute rien pour laisser Eve se livre d'elle même, ce qu'elle finit par faire après un long soupir teinté de désespoir.

-Je ne pense pas être faite pour l'amour. Et malgré tout le mal qu'il se donne pour me convaincre du contraire je ne pense pas que cela changera quelque chose.
-Pourtant lorsque vous me parlez de lui je dois bien admettre que vous avez l'air... proche d'être amoureuse en tout cas.
-Proche peut-être. C'est vrai qu'il me fait du bien, sincèrement. Il est adorable, bienveillant, cultivé, drôle, et il a aussi souffert plus jeune, même si je ne connais pas plus son histoire qu'il connaît la mienne. Mais ce n'est pas de l'amour, je le sais. Je le sais pour avoir déjà aimé. Je veux dire... vraiment aimé.
-Vous ne m'aviez jamais parlé de ça... je vous écoute.

La jeune femme hausse les épaules:

-Il n'y a rien à dire. Je vais vous répéter ce que j'ai dit à Hatem. Je l'aimais et ce n'était pas réciproque. Je le savais et n'avais de toute façon pas le droit de lui imposer mon amour vu notre relation qui, même si basée sur la complicité et une confiance totale, était uniquement charnelle.
-Vous m'aviez parlée lors de nos premières séances d'un ami qui vous avait soutenu, et qui vous avait, si je me souviens bien, convaincue d'accepter un héritage pour que vous puissiez arrêter votre travail qui était en train de vous détruire encore davantage... Est-ce lui?

Eve ferme les yeux une seconde, passe sa main dans ses cheveux puis rouvre les paupières et hoche doucement la tête:

-Oui... c'est lui. Et cet héritage c'était celui de mes parents. Mon père est mort il y a des années déjà d'un cancer de la prostate, peu de temps après que je sois arrivée sur paris à ce que je sache, et ma mère l'a rejoint il y a donc trois ans. Il paraît qu'elle a passé les dernières années de sa vie dans un hôpital psychiatre. Je n'en sais pas beaucoup. C'est les médecins qui m'ont appelée de là-bas pour me prévenir sachant que j'étais la seule parente proche. Mais je ne voulais pas toucher à cet héritage. Il était hors de question que je prenne cet argent. Je ne voulais rien d'eux. Absolument rien. Mais mon ami a finit par me convaincre. Il ne savait pas la portée de ce qu'ils m'avaient fait subir mais je lui avais fait comprendre que mon enfance et mon adolescence n'avaient pas été... très joyeuses. Et de toute façon il me connaît par cœur. Je sais très bien qu'il se doutait parfaitement que j'ai été une enfant maltraitée. Les détails étaient ils réellement utiles?... Bref, il m'a dit que mes parents me devaient bien ça. Que si j'étais dans cet état de constante dépression c'était à cause de ce qu'ils m'avaient fait et que me permettre de ne plus travailler pour me retrouver moi même était la moindre des choses de leur part. Il a dit que cet argent il était à moi, que je devais l'utiliser, parce que c'était la seule logique à faire et surtout que ce n'était pas « leur devoir quelque chose » sachant que c'étaient eux qui avaient tant de dettes envers moi... Et vous savez Barbara... aujourd'hui je ne sais toujours pas si c'était la bonne chose à faire.

La psychologue décroise ses jambes et les recroise avant de dire d'un voix droite:

-Je ne connais pas votre ami, alors je ne veux pas avoir la prétention de dire quoi que ce soit à son sujet avec le peu que vous m'en avez dit mais une chose est sure Eve: il a eu parfaitement raison de vous dire, et vous vous voulez avez eu parfaitement raison de prendre ce qui vous revenait. N'en doutez jamais.

EveWhere stories live. Discover now