73] Soixante

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-Eve De-La-Marquise! Où est-elle?! Vite!
-Calmez vous Madame qui êtes vous? demande l'homme de la réception de l'hôpital.
-Barbara David, on m'a appelée pour me dire qu'Eve avait été... agressée sur une aire d'autoroute!
-Oui c'est elle qui nous a dit que vous étiez la personne à contacter. Chambre 60.

Aussitôt Barbara se dirige à toutes jambes dans le couloir que point l'homme du doigt. Elle cherche le bon numéro de chambre sans regarder vraiment devant elle, manquant plus d'une fois de renverser quelqu'un. Et finalement elle trouve la bonne porte. Elle l'ouvre aussitôt et pénètre à l'intérieur, l'adrénaline pulsant dans ses veines.

Eve est allongée sur un lit, le visage tourné vers la fenêtre et donc n'ayant toujours pas vu Barbara. Cette dernière referme délicatement la porte derrière et s'approche à tous petits pas.
Eve est vivante. Bien sûr qu'elle l'est. Elle est plus forte que toutes les personnes qu'elle a peu rencontrer dans sa vie. Mais Barbara comprend aussitôt. Elle comprend, en la voyant allongée ainsi, le drap sur son corps et sur son ventre plat, que tout le monde n'avait pas cette même force.
Le ventre rond a largement diminué, comme une femme venant d'accoucher lorsque sa peau et sa chair n'ont pas encore eu le temps de reprendre leurs places. Mais la différence est qu'ici, rien d'autre ne ressemble à un accouchement « normal ».
Eve voulait donner son enfant à la naissance, mais elle n'avait pas prévu de le perdre dans de telles circonstances.

Barbara sent son cœur se nouer plus que tout et les larmes lui monter de façon irrémédiable aux yeux. Jamais elle ne se serait opposée à la volonté de sa compagne d'accoucher sous X, mais comprendre que ce petit être est tout simplement mort, à cause d'une agression, alors qu'il serait simplement venu au monde deux semaines plus tard, cela lui serre la poitrine avec violence.

Ce n'est pas juste. Rien n'est juste!
Eve a vécu trop de choses déjà. Quand est ce que la vie se décidera à la laisser être heureuse? Être en paix?
Barbara essaye du mieux qu'elle peut de retenir ses sanglots et d'une petite voix murmure:

-Eve?

Son visage se tourne alors dans sa direction. Ses yeux son gonflés et rougis, son visage d'une pâleur macabre et l'épuisement et la souffrance sont marqués sur ses traits. Mais en voyant Barbara un minuscule sourire qui lui demande tant d'énergie vient se poser sur sa bouche, et elle répond de la même petite voix:

-Barbara...

Elle tend alors avec faiblesse sa main vers elle et Barbara se dépêche d'approcher encore jusqu'au lit pour la serrer dans la sienne. Et cette fois, à peine leurs peaux en contact, la jeune psychologue ne peut se retenir davantage et fond en larmes. Elle serre celle qu'elle aime contre elle avec douceur sans pouvoir retenir des sanglots, incapable d'articuler un mot.m, et finalement lorsqu'elle se sépare un peu elle articule entre deux vagues de larmes:

-Je... suis tellement désolée de ne pas... avoir été là. J'aurais du... venir avec toi. Je n'aurai pas... du te laisser! Eve pardonne moi je t'en prie. S'il te plaît!
-Je vais bien Barbara. Je vais bien... Et elle aussi va bien...
-Elle?...

Et avant qu'elle ne puisse lui répondre, une infirmière arrive dans la chambre avec dans les bras une petite chose toute rose enveloppée dans un tissu blanc:

-Chambre 60. Voilà on lui a enlevé ses glaires à cette petite. Comme on vous l'a dit ce n'est rien de bien méchant tout va bien, on a l'habitude. Je pense qu'elle aimerait prendre le sein. Oh bonjour! Vous êtes...?
-Je... je suis... euh... et bien...
-Ma femme. La deuxième maman.

EveWhere stories live. Discover now