-Ce n'est pas grave. Ça fait longtemps maintenant. -Et ta sœur? Tu m'avais dit qu'elle vivait encore avec eux à ce moment là non? -Oui c'est vrai. Mais elle n'était pas là. En fait... elle avait fait le mur. Pour se rendre à une soirée. Si elle avait obéit elle serait morte avec eux.
Barbara pousse un petit soupire ironique.
-Si elle aussi était morte que je crois que...
Elle s'arrête dans sa phrase, ne pouvant pas même imaginer cette possibilité, puis poursuit:
-C'est elle qui les a trouvés, le matin. L'odeur de gaz l'a tout de suite interpellée. Elle a appelé les pompiers mais évidemment c'était trop tard. Ils étaient déjà morts depuis plusieurs heures. Tu sais, elle s'en est énormément voulu. De ne pas être rentré plus tôt, de ne pas avoir pu les sauver... Moi je sais qu'elle ne doit pas se sentir coupable. Qu'elle a sauvé sa vie en faisant ça et que c'est tout ce qui compte. Mais je sais que si un nouvel événement comme celui-ci arrivait, cette fois elle ne pourrait pas supporter d'être l'unique rescapée et elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver tous ceux qu'elle peut. Cette culpabilité insupportable en psychologie on appelle ça le Syndrome du Survivant.
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-Je n'ai pas l'habitude de boire à autant...
Barbara n'avait pas besoin de le préciser pour qu'Eve s'en rende compte. Elle raccompagne Barbara chez elle, la tenant par l'avant-bras tant sa démarche est incertaine et maladroite. Ses talons hauts ne l'aident pas et elle manque presque de s'effondrer à chaque pas. Barbara culpabilise d'être dans cet état mais son esprit si embrumé par l' alcool qu'en réalité elle n'a même pas la véritable force de s'en soucier.
Les deux jeunes femmes ont continué de discuter longtemps à cette terrasser, les verres de vins s'accumulant et l'estomac toujours vide de toute nourriture.
Elles arrivent enfin devant l'immeuble et se mettent à monter les marches étant donné qu'il n'y pas d'ascenseur. Barbara loupe à plusieurs reprise une marche et à chaque fois Eve la rattrape avant qu'elle ne s'effondre tête la première et s'ouvre le crâne ou se torde une cheville.
Finalement elles arrivent enfin au bon étage et Barbara sort ses clefs pour ouvrir sa porte.
Déjà qu'elle était intimidée par ce rendez-vous et par les choses à faire, maintenant que le vin trouble son esprit c'est encore pire.
-Tu veux... venir boire un dernier verre à l'intérieur?
N'est-ce pas ce qu'il faut dire si on a apprécié la soirée, en signe d'accord pour aller peut être plus loin?
-Non...
Le visage de Barbara devient livide. Qu'a-t-elle fait de mal? Est-elle ridicule à ce point? Cette soirée a-t-elle finalement réalisé à Eve qu'elle n'est pas amoureuse d'elle comme elle le pensait? Barbara le savait. Elle savait qu'elle aurait dû refuser cette invitation. Eve pensait aimer la psychologue, mais pas la femme qui va avec. C'est toujours comme ça. On n'aime pas les gens pour ce qu'ils sont réellement, mais simplement pour une facette qui fascine, mais finit par être éclipsée par tout le reste...
L'alcool ne fait que décupler ses émotions et pendant une seconde Barbara serait presque prête à fondre en larmes.
Pourquoi a-t-elle fallut qu'elle écoute les belles paroles d'Eve, les conseils de sa sœur et la petite voix de son propre cœur?
