-Ma femme. La deuxième maman.
En entendant ça Barbara tourne son visage vers Eve, perdue dans une incompréhension totale, incapable de parler, les yeux encore rougis. Et soudain l'infirmière s'approche et lui pose le bébé dans les bras.
-Vous savez comment vous allez appeler ce petit ange?
-Pas encore...
-D'accord, vous me direz que je puisse noter sur les fichiers. Je vous laisse. N'oubliez pas de vous reposer! Des policiers attendent. Je leur ai dit d'être patients et que vous aviez encore besoin de repos...
-Merci...
L'infirmière sourit sincèrement puis sort.
Sans réussir à lâcher son regard de la petite fille qui pleure entre ses bras Barbara retrouvé finalement la parole:
-Eve qu'est ce que... elle... je...
Eve sourit avec amusement et lève sa main pour caresser le front du nouveau né.
-J'ai dit ça, mais tu sais parfaitement que ce n'est pas une obligation. Ce bébé je l'ai fait toute seule, tu n'as pas à devenir sa mère parce que tu t'y sens obligée ou parce que tu m'aimes. Si tu choisis de la reconnaître c'est parce que toi tu le veux. Parce que tu décides de l'aimer et d'être présente pour elle et que si un jour quelque chose se passe entre nous et qu'on cesse notre relation, tu continueras quand même d'être là pour elle, toujours et quoi qu'il arrive.
Barbara reste bouche bée. Trop de nouvelles en si peu de temps. Comme gérer tout ça?
-Mais... Eve... je croyais que tu... voulais accoucher sous X.
-Je sais. Mais les événements de ces dernières vingt-quatre heures m'ont fait réaliser que je me trompais et que même si je refusais de l'admettre je l'ai aimée à la seconde où j'ai su qu'elle était dans mon ventre.
-Et donc... c'est sur? Tu la gardes?
Eve hoche la tête.
-Et tu veux... tu veux bien que je sois aussi sa maman?
-Si toi tu le veux, alors oui, plus que tout.
-Oh mon dieu!
Barbara explose en sanglots et les larmes noient de nouveau son visage, mais cette fois ce n'est pas de tristesse.
-Oh mon dieu, mon dieu, mon dieu!!!
Eve se met à pleurer à son tour:
-Je dois le prendre pour un oui?
-À ton avis espèce de débile!
Elle se penche et l'embrasse, serrant ensemble la petite entre leurs corps. Leurs lèvres ont un goût de sel et elles ne peuvent s'arrêter de pleurer encore et encore et bientôt le bébé les rejoint dans un cri aigu et plaintif.
Eve renifle et essuie ce qu'elle peut des tordants qui coulent sur ses joues:
-Donne la moi, je vais la faire téter...
Barbara la pose sur son cœur tandis qu'Eve découvre son sein et aussitôt l'enfant attrape le téton et se met à boire avec férocité, ce qui a pour effet de la calmer immédiatement.
Barbara se laisse tomber sur la chaise à côté du lit, le cœur battant à mille dans sa poitrine et lâche dans un souffle, elle qui ne dit pourtant jamais la moindre vulgarité:
-Putain de bordel... si je m'étais attendue à ça en arrivant ici...
