Ces mots se répètent et se bousculent dans la tête d'Eve. Des mots sans le moindre sens. Des mots qu'elle ne peut pas accepter. Des mots qu'elle ne veut pas comprendre.
Non. Non. Non!
-Je... crois que je vais vomir...
En entendant ces paroles le médecin se précipite pour attraper une bassine et l'approche de la jeune femme qui se penche alors au dessus. Mais rien ne sort. Et pourtant la nausée est insupportable. Elle a l'impression que ses intestins vont sortir par sa gorge. Son cœur bat si lentement qu'on le croirait arrêter et l'oxygène ne veut plus arriver à son cerveau.
-Je vais prendre votre tentions d'accord. Ça va aller.
Eve n'a aucune réaction et se laisse faire comme une poupée de chiffon.
-Vous êtes en état de choc. Rallongez vous, et essayez de respirer calmement.
Il la guide doucement pour qu'elle obéisse tandis qu'encore une fois Eve ne réagit pas le moins du monde, fixant le plafond avec le détachement le plus total de tout ce qui se passe autour d'elle.
Le médecin fait alors appeler une infirmière pour lui donner le relais pour qu'il puisse aller s'occuper d'autres patients. En passant devant l'un des bureaux d'accueil il demande également à ce que quelqu'un téléphone à l'amie de la patiente de la chambre 34 pour lui dire qu'elle est réveillée et qu'elle peut venir.
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-Eve. C'est moi...
Barbara vient d'entrer dans la chambre et se penche au dessus de la jeune femme, toujours allongée, les yeux ouverts fixant le plafond. Elle pose sa main sur son avant bras.
-Eve? S'il te plaît regarde moi...
Et soudain elle réagit, acceptant sa demande elle pose ses yeux dans les siens, soulageant profondément Barbara qui sourit doucement et se penche encore pour poser ses lèvres sur les siennes. Eve se laisse faire, simplement, sans le moindre partage de ce geste ni sourire. Lorsque Barbara se sépare d'elle Eve entrouvre la bouche:
-Tu es au courant?
Barbara baisse les yeux et avale sa salive avant de répondre:
-Oui. Je l'ai appris hier, quand ils m'ont dit que tu allais bien et que... le bébé aussi. -Toi aussi. -Moi aussi? -Toi aussi tu dis le mot « bébé ». Bébé, bébé, bébé... Ce n'est pas un bébé. Ce n'est rien d'autre qu'un... parasite. -Je sais que tu dis ça pour te défendre toi même, pour te protéger. Mais tu ne le penses pas.
Eve essuie les larmes naissantes de ses yeux.
-Qu'est ce que tu en sais de ce que je peux penser? -Je le sais c'est tout.
De nouvelles larmes. Cette fois elle les laisse couler.
-Alors tu sais aussi que je ne peux pas être mère. -Pourquoi ne le pourrais tu pas? -Parce que je ne sais pas ce qu'est l'amour d'un parent à un enfant. Je ne sais pas faire, et je ne saurai jamais. Et surtout je ne veux pas. Je ne veux pas appendre. Je ne veux pas revivre mon enfance à travers les yeux de ma propre progéniture. Je ne le supporterai pas. Je ne veux pas être mère et je ne peux pas l'être. J'accoucherai sous x, pour que cet enfant ait une chance. Une chance d'être normal, une chance d'être heureux et de vivre avec des gens qui l'aiment. Mais ces gens ne seront pas moi.
