Lumière aveuglante, odeur désagréable, bruits systématiques, réveil en sursaut.
Eve ne comprend pas ce qui se passe. Elle ne comprend pas où elle est. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive.
Elle veut se redresser mais aussitôt une pression sur son épaule la retient. Elle tourne son visage et se retrouve nez à nez avec un homme d'une quarantaine d'années en blouse blanche.
Le lumière, l'odeur, les bruits, cette blouse.
Eve réalise où elle se trouve: à l'hôpital.
Pourquoi l'hôpital? Que fait-elle là?
Elle ne peut empêcher un sentiment de panique et d'angoisse se mettre à la submerger peu à peu.
-Calmez vous Madame De-La-Marquise. Tout va bien.
Elle ne supporte pas qu'il pose ainsi sa main sur son épaule pour la retenir dans ses mouvements. Elle ne supporte pas d'être allongée dans ce lit, de voir ses tubes relier son bras droit à ces machines.
-La...lâchez moi!
-Oui d'accord. Mais s'il vous plaît ne gesticulez pas dans tous les sens, vous pourriez vous faire mal et je devrais être forcé de vous sangler si c'est le seul moyen de vous garder en place...
Être sanglée.
Être sanglée par un médecin. Être sanglée par un prêtre. Quelle différence? Une chambre d'hôpital ou une cave, quelle différence?
-S'il... s'il vous plaît je veux... partir...
-Vous allez partir Madame De-La-Marquise, bientôt, mais pour l'instant il faut vous reposer. Alors est ce que si je vous lâche vous me promettez de ne pas faire quelque chose d'irréfléchie?
Lâche moi. Lâche moi!
Eve hoche lentement la tête. Oui. Oui elle le promet si c'est le seul moyen pour qu'il retire sa main de son épaule gauche.
-Bien...
Et en effet le médecin la lâche doucement. Eve ne bouge pas, même s'il en aurait envie, elle sait qu'il aurait le dessus, que d'autres gens arriveront et qu'elle finira sanglée.
La jeune femme essaye de respirer profondément pour reprendre le contrôle d'elle même. Que lui arrive-t-il? Pourquoi est-elle dans cet état? Si déstabilisée, en proie à un tel état de détresse et de panique?
-Qu'est ce que... je fais ici?
-Vous avez été renversée par une moto.
Et sur ces mots Eve se souvient.
Pas du choc, pas du bruit, pas du klaxonne ou de sa chute, non. Eve se souvient du hurlement strident de Barbara. Barbara.
-Barbara!
-Votre amie? Nous lui avons dit de rentrez chez elle, elle va bien ne vous en faites pas.
-De rentrer chez elle?... Depuis combien de temps suis-je ici?
-Depuis hier. Mais je vous assure que vous allez bien, vous avez eu énormément de chance. Vous vous êtes simplement déboîtée l'épaule et cassé le poignet du bras droit.
Eve baisse alors ses yeux sur son bras en question et réalise qu'elle est en effet plâtrée.
-Vous avez vous même amorti votre chute de votre bras et avez eu le réflexe de protéger votre tête du béton. Un traumatisme crânien aurait été bien plus grave. Mais heureusement vous allez parfaitement bien. Vous et le bébé.
