Le silence qui suit la déclaration d'Eve s'allonge un peu plus à chaque seconde sans que ni l'une ni l'autre ne dise un mot. Même leurs respirations ont l'air d'être coupées tant elles sont imperceptibles.
Eve finit par faire un pas en avant vers Barbara qui recule encore aussitôt:
-Non Eve s'il vous plaît...
Mais la jeune femme ne l'écoute pas et s'approche encore si bien que Barbara se retrouve dos à un pan de la bibliothèque, piégée.
Eve désir cette femme, mais pas simplement charnellement. Elle veut son esprit autant que son corps. Elle veut tout d'elle, elle veut son âme et son cœur.
Elles se retrouvent finalement si proches que leurs souffles peuvent se confondre. Leurs regards plongés l'un dans l'autre, Barbara finit par tourner la tête vers le côté et fermer les yeux, tiraillée entre bien trop d'idées opposées.
Eve vient poser sa main contre la bibliothèque près du visage de la psychologue et, sans oser la toucher de son autre main elle approche son visage. Ses lèvres avancent avec la plus grande des lenteurs et finissent par atteindre le creux de l'oreille de Barbara. Eve y dépose un baiser, puis, voyant qu'elle ne se fait pas repousser, en dépose un deuxième sur la naissance de sa mâchoire, puis encore un autre dans sa nuque.
Elle place délicatement sa main sur sa taille et Barbara tourne alors son visage vers elle pour de nouveau échanger un regard. Mais avant qu'Eve n'embrasse ses lèvres, cette fois elle l'arrête et posant une main sur son épaule.
-Non...
Eve reste figée une seconde avant de se soumettre à sa décision ne sachant quoi faire flatter pur la convaincre d'aller à l'encontre de ses convictions.
Elle baisse les yeux et lâche un soupire en reculant.
-Je suis vraiment désolée Eve mais...
Elle l'arrête dans sa phrase en levant une main:
-Je sais. Vous n'avez pas à vous justifier. Je suis votre patiente et vous ma psy, les relations intimes n'ont pas lieu d'être vous avez raison. Je me suis laissé aller et je n'aurai pas du. Je viens de vous mettre dans une situation des plus embarrassantes et c'est à moi de m'excuser pour ça.
Elle attrape son blouson et son sac à main pour en sortir un billet et le déposer sur la table.
-Tenez, pour aujourd'hui. Bien sûr après ça nous ne pouvons pas continuer les séances.
-Ne dites pas ça. Nous pouvons très bien...
Elle la coupe de plus belle:
-Non, et vous le savez mieux que moi. Ça ne serait ni professionnel ni adéquat. Je suis encore désolée pour ce que je vous ai dit. Au revoir Barbara, j'ai été très heureuse de vous rencontrer, vous m'avez aidée plus que personne dans ma vie...
Et sur cette dernière phrase elle quitte la pièce.
-Eve attendez ne partez pas comme ça...
Mais elle est déjà partie...
