Chapitre 19 - Lune noire

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Après avoir passé la nuit à convaincre mon demi-frère de m'aider avec Ben, je jette un œil à l'heure affichée sur l'écran de mon réveil. Dans une heure, je devrai quitter mon lit pour débuter mon investigation. Une journée intéressante en perspective. Pourtant, une chose me donne envie de remonter la couverture sur ma tête et de replonger dans un sommeil profond. Enfin, plutôt une personne... Alec.
Mon ventre se noue quand je pense au fait de le revoir en cours. Vivre dans l'angoisse qu'il révèle mon secret devrait m'inquiéter, mais ce n'est pas ça qui me triture les pensées. Non...
Je pose ma main sur ma poitrine et hoquette de surprise en sentant mon cœur tambouriner brutalement.
J'ai remarqué que depuis notre entrevue, son visage ne quitte pas mes pensées. Que m'arrive-t-il ?
Ne serait-ce que cette nuit, j'ai rêvé de lui en train de pénétrer dans ma chambre et me susurrer une phrase que je ne saisissais pas.

Je soupire longuement avant de me décider à sortir de mon lit pour aller me doucher. Hélas, je dois constater que même après m'être lavée, cette sensation qui me tord les tripes, ne m'a pas quittée.
Pire, ce stress me pousse à faire des choses que je n'aurais pas faites en temps normal. Comme par exemple me maquiller légèrement pour le lycée. A croire que le regard des élèves m'importe.
Comprenant ce que je suis en train de faire et pour qui je le fais, j'enlève mon gloss du revers de la manche et détache mes cheveux que j'avais coiffé en chignon. Il n'est pas question que je me fasse belle pour le nouveau !
J'attrape mon sac et dévale les escaliers pour m'éloigner le plus loin possible de ma trousse à maquillage. Une fois dans le salon, je m'approche à pas de loup pour ne pas réveiller Ben qui dort paisiblement. Cet humain est bien plus fort que je ne le pensais, survivre les premières heures d'une mutation est le plus compliqué. Du bout des doigts, je recoiffe ses quelques mèches lui tombant sur les yeux. Ben, si j'avais su que je te mettrais en danger, je ne t'aurais jamais adressé la parole...

— Tu l'aimes bien, je me trompe ? Demande Samaël en s'avançant vers moi.

Je me tourne vers lui, surprise de ne pas l'avoir entendu arriver.

— C'est mon ami et c'est de ma faute s'il va aussi mal, réponds-je en affrontant le jeune homme du regard.

— Tu as toujours eu cette sensibilité envers les humains, ce que je trouve noble. Bien que je ne comprends pas cette capacité que tu as.

Pour une fois, je n'ai pas l'envie de me chamailler avec lui, je me contente de le dévisager du regard.

— Samaël réponds-moi franchement, commencé-je en me rapprochant de lui pour scruter son visage avec attention. Si je meurs, que ressentiras-tu ?

Perturbé par ma question, mon demi-frère m'observe sans dire un mot. Il lève la main vers mon visage et me caresse la joue avec douceur. Surprise, je ne peux m'empêcher de cligner plusieurs fois des yeux en me demandant ce qu'il lui prend tout à coup.

— Lucy, si un jour une personne osait te toucher... Je le détruirais. Je le réduirais en un tas de poussière.

— Je... Je voulais dire par là, qu'est-ce que tu ressentirais ? Dans ton cœur, expliqué-je.

— Ce que je ressentirai ? Samaël réfléchit longuement avant de reporter le regard sur moi. De la tristesse et de la colère. Pourquoi ?

— Parce que si tu peux ressentir ce genre d'émotion pour moi, je me demande comment notre mère et toi pouvez-vous être si impassible lorsque vous tuez des innocents ? N'as-tu jamais ressenti de la tristesse, ne serait-ce qu'une seule fois en voyant la peur dans les yeux de tes victimes ?

— Ce n'est pas la même chose, tu fais partie de ma famille ! Et les humains ne sont que de la nourriture doté de parole et de conscience, cela s'arrête-là.

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