Chapitre 61 - A & L

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Assise à une table dans un petit café, je regarde sans vraiment prêter attention au sucre qui fond dans mon cappuccino. La nuit dernière, j'ai appris beaucoup de choses et j'ai récupéré mon humanité. Tout a l'air si fou depuis que je connais la vraie identité de Seth. Cet homme que je prenais pour un malade mental, est en fin de compte encore l'une de mes victimes. Serait-ce un coup du karma ?
Je pousse un long soupir et touille mon cappuccino en zieutant vers la porte d'entrée. Mon rendez-vous à une vingtaine de minutes de retard. Je commence même à me demander s'il viendra.

Autour de moi, les lycéens semblent heureux. Ils discutent gaiement avec leur camarade de classe. Leur sujet de discussions est si banal. Je me rends compte que nous n'avons vraiment pas la même vie... Eux, parlent de leur projet pour les années à venir, leur choix d'étude, pendant que je me questionne sur la vague de morts que je vais engendrer sûrement au fil de mon année. C'est comme si ces lycéens vivaient sur la même terre que moi, mais ne voyaient que la face émergée de l'iceberg. La face belle et prospère. Ils n'ont pas conscience de la noirceur qui les entoure. Je les envie tellement...

— Bonjour, nous sommes déjà venus prendre votre commande ? Me demande une serveuse ce qui me fait sortir de mes pensées.

Je lui adresse un petit sourire et lui lève ma tasse.

— Oui, merci, réponds-je.

La jeune fille opine de la tête, mais alors qu'elle se tourne pour prendre le chemin du retour, elle bouscule un jeune homme.

— Excusez-moi ! S'écrit-elle en ouvrant de grands yeux.

Ses joues rougissent légèrement. Il faut dire que l'homme en face d'elle possède une beauté inhumaine.

— Il n'y a pas de mal, souffle-t-il avant de s'asseoir en face de moi. Je prendrais la même chose que la belle brune !

La serveuse un peu déçue, lui jette un dernier regard avant de noter sa commande et de filer en cuisine.

— Désolé, pour le retard, mon cours de français a duré plus longtemps que prévu, s'excuse Alec en plantant son regard dans le mien.

Cette sensation de chaleur au creux de mon ventre m'avait manqué. Un peu gênée, j'ai du mal à ne pas fuir son regard émeraude qui me scrute.

— En réalité... C'est à moi de m'excuser pour ce qu'il s'est passé la semaine dernière. C'est d'ailleurs pour ça que je t'ai demandé de venir, expliqué-je en triturant la serviette en papier que je tiens entre mes doigts.

— Tu n'étais pas toi-même, s'empresse-t-il d'ajouter en posant sa main sur la mienne ce qui me fait lever les yeux vers lui. Et puis la personne qui la vraiment mal pris, c'est Nate.

— Je lui ai déjà parlé hier soir, rié-je. Ce n'était pas facile, mais il a fini par me pardonner. Les choses m'ont complètement échappée. J'ai perdu mon humanité et je t'ai mis en danger. J'ai été si... Mauvaise avec Nate, Ben, Samaël... Et toi. Si tu savais comme je m'en veux.

Mon sourire s'évanouit alors que je me rappelle de mon comportement. Mon demi-frère avait raison, je ressemblais à ma mère. Et cette vérité m'effraie. La serviette que je tiens entre les mains ne ressemble plus qu'à un ramassis de poussière. Je prends alors une gorgée de ma boisson pour détourner mon attention de ces pauvres morceaux de papiers éparpillés sur la table.

— Lucy, ce n'était pas de ta faute. Ta mère ne t'a jamais aidé, tu as dû te débrouiller seule face aux problèmes qui te tombaient dessus. Bien sûr, nous étions-là, mais contre Seth et Phébus... On n'était pas de taille. A ta place, j'aurais également pété un plomb, réplique le beau brun.

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