Chapitre 51 - Repartir à zéro

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— Je suis le seul à trouver ça inquiétant ? Intervient Nate tandis que je lis le mot du stalker.

Les sourcils froncés, je mets en boule le papier et le jette dans la poubelle au pied de mon bureau.

— Il ne me fait pas peur, il m'énerve, réponds-je sur un ton sec. Il vient clairement de me traiter de chienne !

— Ça me fait penser que j'ai toujours voulu avoir un chien, pense Nate à voix haute tout en se grattant le menton. Un beau malinois au pelage soyeux.

— Nate, je viens de recevoir un collier de chien pour mon anniversaire et c'est tout ce que tu trouves à dire ? Rouspété-je.

— Après, si on se met à la place de ce malade mental, le fait qu'on vienne te sauver de ses griffes a dû le mettre en colère, d'où ce cadeau de très mauvais goût, se rattrape-t-il en jouant avec le collier. Tu veux l'essayer pour savoir s'il est à ta taille ?

— Nate ! Ce n'est pas drôle...

Je me laisse tomber sur mon lit et lâche un long soupir. Je ne veux pas le montrer à mon ami, mais Seth me fait peur à moi aussi... Si même le Conseil, que je considère comme les vrais méchants de l'histoire, n'arrivent pas à attraper ce vampire, qui le pourra ? Ce n'est pas avec mes moyens très restreints de lycéenne que je mettrais la main sur lui.
Dégoûtée, j'écrase ma cigarette dans le cendrier le plus proche, puis ferme les yeux afin de réfléchir. Alec ne me parle plus à cause de ma mère, Seth m'en veut pour je ne sais quelle raison et mes notes sont en chute libre depuis quelques semaines. Rien ne va... Ajoutez à cela que le Conseil, alias le gouvernement dans le monde des vampires, ne sont pas les gentils comme je le pensais. Puis le fait que Phébus en a après moi pour des raisons encore obscures... Si ça continue ainsi, j'aurai plus de chance d'y laisser la vie que de valider mon année scolaire !

Je jette un coup d'œil à mon réveil. Deux heures du matin... Notre enquête nocturne avec Ben a duré bien plus longtemps que prévu. J'entends Nate bâiller bruyamment derrière mon dos, ce qui me confirme qu'il est très tard. Je lui prends le collier des mains, le range dans sa boîte puis le cache sous mon lit. Repousser mes problèmes à demain et faire la sourde-oreille est quelque chose qui me plaît bien. J'ai besoin de sommeil et Nate aussi, alors je vais oublier que j'ai une tonne de soucis et je vais m'endormir paisiblement. A cette pensée, je me lève et éteins les lumières avant de souhaiter une bonne nuit à mon ami qui est déjà à moitié endormi dans son clic-clac. Je m'allonge à mon tour dans mon lit et observe la lumière du lampadaire en bas de ma fenêtre qui éclaire le plafond de ma chambre. Lentement, la fatigue alourdit mes paupières, je sombre alors dans un sommeil profond.

Le lendemain, j'opte pour un petit jogging matinal. Les cheveux dans le vent, je cours gaiement. Cela fait tant de bien de se dégourdir les jambes sans quelqu'un à ses côtés. J'aime mes amis, mais j'avais besoin de me retrouver seule. Surtout quand je pense à ce soir... Le bal masqué. Pourquoi ai-je ce mauvais pressentiment ?
A vrai dire, le fait que ce soit une idée de ma mère n'est pas très rassurant.

Haletante, j'inspire puis expire afin de calmer ma respiration. Je n'ai plus l'habitude de courir aussi lentement. Dire que les humains n'arrivent pas à aller plus vite, j'ai presque l'impression d'imiter la lenteur d'un escargot...
Du revers de ma manche, j'essuie les gouttes de sueurs qui perlent le haut de mon front. Il faut avouer que même si Rottenwood est une ville ennuyeuse, sans compter ces dernières semaines bien sûr, elle possède une forêt gigantesque. Entourée par les montagnes, le temps y ait plutôt frais et agréable. Elle est d'ailleurs très prisée par les touristes, en été, ils se changent en fourmis se regroupant par centaine dans ses rues étroites et pavées. Certes il n'y a qu'un cinéma qui ne propose que des vieux films, mais les spectacles qu'organise le maire rattrapent ce petit bémol.

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