Chapitre 21 - Naviguer en eaux troubles

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Alors que je me gare à toute vitesse dans mon allée, Nate se cramponne de toutes ses forces à sa ceinture de sécurité.

— Pendant ce voyage qui a duré moins de dix minutes, j'ai cru que j'allais mourir tellement de fois, souffle-t-il le visage blafard.

— Je suis désolée, mais le temps presse. Un vampire affamé dans une ville, c'est comme te laisser en possession d'une carte à plafond limité dans un centre commercial !

— Et qu'est-ce que ça veut dire ça ? S'offusque mon ami en me dévisageant du regard.

— A la fin, il ne reste plus rien, soufflé-je en refermant la portière derrière moi.

— Tu veux dire que Ben pourrait littéralement décimer une ville entière ? S'affole Nate en comprenant la gravité de la situation.

— Oui, rappelle-toi des cours d'histoire qu'on a pris, lancé-je en accourant vers ma porte d'entrée. Les guerres les plus sanglantes que la Terre ait vécues, sont en fait dues à la sauvagerie des vampires, profitant de la confusion des mortels, pour venir s'amuser un peu sur le champ de bataille.

Une fois dans le salon, un spectacle digne d'un film d'horreur bien gore nous saute aux yeux. Les meubles sont cassés et jetés aux quatre coins de la pièce, les rideaux sont déchirés et des traces de sang habillent les murs. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ici, mais ça n'a pas dû être très sympa à vivre.

— On va avoir un sacré rangement à faire, soupiré-je en cherchant mon demi-frère.

— Lucy, je suis là, s'écrie Samaël.

Nous le rejoignons alors dans la cuisine, ce dernier à une sale mine. Son costume est troué de partout comme si le jeune homme s'était fait transpercé sur tout le torse. Je me demande ce qu'il s'est passé, Ben n'était pas dans l'état de se lever, alors comment cela a-t-il pu arriver ?

— Ton pote a failli me tuer, petite sœur, peste-t-il les dents serrées.

— Je croyais qu'on ne pouvait pas tuer un vampire, s'étonne Nate en s'approchant prudemment de mon demi-frère.

— La seule façon de nous tuer et de nous arracher le cœur... Du moins de le sortir de notre corps, soufflé-je en comprenant qu'une poutre de notre escalier en bois traverse la poitrine de Samaël. Oh, mon dieu, est-ce que tu vas bien ?

— J'adore ton sens de l'humour, je te l'ai déjà dit ? Répond mon demi-frère, sarcastique. Au lieu de poser des questions idiotes, viens plutôt m'aider à sortir ce truc de mon corps.

Samaël se tourne vers nous pour nous faire face. Je baisse les yeux vers la planche en bois et comprends pourquoi il ne peut pas l'enlever tout seul. Elle est beaucoup trop longue et lourde pour le faire soi-même. C'est vraiment Ben qui a fait ça ?
Nate plaque subitement sa main contre sa bouche et titube vers la cuisine.

— Je... Je crois... Que je vais vomir, s'empresse-t-il de dire avant de disparaître dans la pièce d'à côté.

Pour ma part, cette situation m'amuse plus qu'autre chose. C'est la première fois que mon demi-frère se retrouve dans une telle situation. Je lui adresse un large sourire et m'avance vers lui. Ce dernier fulmine silencieusement sans lâcher mon regard.

— Que s'est-il passé ? Demandé-je en appuyant légèrement sur la poutre ce qui lui arrache un petit cri.

— C'est ça, profite, Lucy, car quand tu m'auras enlevé cette planche, j'irai tuer Ben, s'emporte-t-il la mâchoire contractée par la colère.

— Vu comme il t'a amoché, je ne m'en fais pas pour lui, le piqué-je sans cacher mon amusement. Alors dis-moi, qu'as-tu fait pour que Ben s'échappe.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant