Chapitre 47 - Douche froide

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Prise en flagrant délit, je me sens très honteuse. Si honteuse, que j'aimerais disparaître si cela était possible...
Tout le contraire d'Alec, qui continue de me dévorer du regard comme si Nate n'était qu'un détail insignifiant. Je m'essuie du dos de la main, le sang qui barbouille le bas de mon visage.

— Nate, je... On...

Ne sachant pas comment lui expliquer la situation sans que cela ne soit gênant, je perds mes mots et bafouille tandis que mes joues s'empourprent. Mais comment dire à voix haute que je me suis entichée d'Alec et de son sang...

— Lucy avait besoin de sang frais pour retrouver ses forces, lance Alec d'un ton calme. Je me suis donc porté volontaire. Et puis ta meilleure amie est un vampire, tu devrais être habitué à ce genre de chose à présent.

Nate, qui nous dévisage sans bouger d'un centimètre, hoche lentement la tête.

— Je ne parlais pas de ça, souffle-t-il avant de nous adresser un sourire coquin. Alors... Vous deux... C'est officiel ?

— Non !

— Oui, répond Alec en même temps que moi.

Le beau brun arque un sourcil en m'interrogeant du regard. Tout est si soudain... Je n'ai pas encore envisagé le fait de me mettre avec quelqu'un. Échanger un baiser torride voudrait obligatoirement dire que nous sommes en couple ? Je pensais que cela confirmerait nos sentiments l'un envers l'autre, mais pas plus... Enfin pour le moment.

— Non, oui ? Faudrait peut-être se mettre d'accord, raille Nate. Et pour le balai à chiotte ?

— Le balai à chiotte ? Répète Alec sans comprendre.

— Beka, lui expliqué-je. Et bien, c'est elle qui s'est jetée sur lui.

— C'est vrai qu'en la connaissant, commence Nate en réfléchissant. Cela ne m'étonne pas qu'elle se soit jeté sur toi dans un geste désespéré. Quelle pauvre fille !

Même si je dois avouer que je n'apprécie pas Beka, j'ai un peu de mal avec les critiques de Nate sur ce coup-là. Serait-ce parce que j'ai l'assurance des sentiments d'Alec en vers moi ? Je ne sais pas.

— Enfin, ce n'est pas le plus important, poursuit Nate en se levant du clic-clac pour nous rejoindre sur le lit. Tu es enfin réveillée ! Tu sais que tu as dormi deux jours entiers ?

— Deux jours ! M'écrié-je choquée. Non, je ne le savais pas...

Je me lève du lit pour ouvrir un de mes tiroirs. Après avoir farfouillé quelques secondes, je sors un pansement que je colle sur la plaie d'Alec. Ce dernier ne me quitte pas du regard, comme intéressé par chacun de mes mouvements. Je n'arrive pas à comprendre comment il fait pour garder son calme. Depuis notre baiser qui a un peu dérapé, je n'ose plus croiser son regard. Si c'est ça être amoureuse, alors je crois que je ne l'ai jamais été avant de le rencontrer...

Je ne me reconnais plus quand il est prêt de moi, trop d'émotions se bousculent dans ma poitrine que j'en oublie de reprendre ma respiration. Il faut que je me ressaisisse !
Mais alors que je me force à arrêter de penser à ses lèvres plaquées contre les miennes, la porte de la chambre s'ouvre. Mon visage se décompose lorsque la femme entre dans la pièce. Je comprends sa présence, mais ne l'accepte pas.

— Lucy chérie, tu vas bien ? Demande ma mère en me prenant dans ses bras.

Je la vois venir, devant du public elle joue la mère éplorée qui vient de retrouver sa fille. Ma génitrice devrait faire partie du groupe de théâtre de Nate, tant son jeu d'acteur frôle la perfection. Pourtant, derrière ses yeux humides de larmes, se cachent une froideur et une insensibilité effrayante. Je la repousse gentiment et lui adresse un petit sourire aussi faux que son inquiétude. Si j'avais pu y rester, elle ne m'aurait plus dans ses pattes et pourrait alors jouer le rôle de la mère en deuil. Ce qui lui attirerait l'attention qu'elle mendie tant...

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