Chapitre 45 - La Belle et la Bête

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Je ne sais pas depuis combien de temps, je suis enfermée dans cette chambre. Je ne sais pas si c'est la nuit ou le jour et si je vais sortir d'ici. Pour la première fois de ma vie, je me sens vraiment en danger. Seth est une personne très instable. Je le savais déjà, mais après l'avoir entendu casser ce que je crois être des meubles, puis venir me voir tout sourire comme s'il ne s'était rien passé, me prouve qu'il est fou...
Il a essayé à plusieurs reprises de faire ami-ami avec moi, malheureusement nos échanges se sont tous fini par la porte de la chambre qui claque.

D'un geste las, j'essaye de décoller les journaux de la fenêtre afin de capter un peu de lumière. Déjà que je suis blanche telle une poupée de porcelaine, je vais finir par ressembler à un cadavre...
Soit dit en passant, être coincé entre quatre murs me fait horriblement penser à une tombe. Vais-je mourir ici ? Sous un coup de colère et folie de Seth ?
Si c'est le cas, j'aurais aimé parler une dernière fois à Nate. Serrer mon demi-frère dans mes bras. M'excuser auprès de Ben à qui j'ai gâché la vie... Et revoir le beau visage d'Alec.

Je secoue la tête pour chasser ces idées défaitistes qui ne me ressemblent pas. Je ne suis pas comme ça ! Je me bats jusqu'à rendre mon dernier souffle. Je suis une personne qui n'abandonne jamais ! Aller Lucy, trouve un plan !
De toute façon, quand le poison s'évacuera de mon corps, j'aurai la force d'affronter mon kidnappeur. Le seul problème, c'est que je ne sais pas combien de temps cela prendra... Et si mes pouvoirs surnaturels ne revenaient que dans un mois ?! Je serais devenue folle d'ici-là...

Comprenant que les journaux collés aux carreaux ne s'enlèveront pas, je m'assois sur le lit en soupirant. Je ne peux m'empêcher de me demander si ma mère est à ma recherche. Si elle s'inquiète pour moi. Hélas, ce goût amer, qui me colle au palais, me rappelle que ma génitrice doit sûrement être en train de profiter de la vie. Samaël, lui, doit être vraiment terrifié à l'heure actuelle. Je pourrais lui trouver tous les défauts du monde, mais je ne pourrais pas lui enlever le fait qu'il m'aime sincèrement. Nate et Ben n'en parlons pas, ce sont des amis très chers à mon cœur et je sais qu'ils feront leur possible pour me retrouver.

Soudain, la porte s'ouvre, je lève la tête et observe simplement l'homme entrer, trop épuisée pour le dévisager. Ce dernier porte la même cagoule. Il s'approche de moi et me tend une poche de sang. Les mêmes que l'on trouve dans les hôpitaux. J'avais pensé à l'époque à me nourrir de ces poches, quand je cherchais une solution pour ne plus tuer d'humain. Mais voir les petites têtes amaigries des patients ayant besoin de don de sang, m'avait fait changer d'avis. Je ne peux leur prendre quelque chose qu'ils leur aient indispensable à leur survie. Les autres vampires se foutent des mortels. Ils oublient trop souvent que si nous ne possédions pas de pouvoirs, nos vies seraient semblables aux leur. Leur façon de voir les choses me fait penser aux politiciens qui gouvernent cette terre. Une fois tout là-haut, sur leur piédestal, ils oublient tous de regarder en bas. Ils oublient les gens qui n'ont pas eu la chance de monter avec eux. Leur petit monde est si parfait et beau qu'ils finissent par ignorer la misère qui les entoure.

Je reporte mon attention sur Seth. Il m'observe en silence. Je me demande bien à quoi il pense... Me voit-il comme sa poupée de chiffon ? Une poupée qu'il peut poser dans une chambre sans qu'elle ne puisse s'échapper ?

— Tu es en colère, remarque-t-il.

— Non, je suis super heureuse d'être enfermée loin de mes amis et de ma famille, réponds-je sarcastique. Je suis aux anges de ne pas pouvoir voir le soleil quand il se lève.

— Je ne voulais pas non plus t'enfermer ici, s'emporte-t-il avant de se calmer aussi vite. Lucy, j'ai juste voulu te soigner. Phébus voulait t'enlever et j'ai dû réagir.

— En m'enlevant à ton tour ? Super façon de « réagir » !

Mes remarques ne l'énervent pas, au contraire cela le fait rire.

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