Chapitre 53 - En grande pompe

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Je n'ai pas le temps d'observer mon demi-frère disparaître par la porte d'entrée que quelqu'un m'agrippe fermement le poignet.

— Anya ? Ce n'est pas possible...

Je dévisage le vieil homme qui me regarde comme s'il voyait un fantôme. Vu son âge, il doit être l'un des amis de ma mère... Mais qui est Anya ?
J'enlève mon masque me disant qu'il a dû me confondre avec une amie à lui. Pourtant, une fois le visage découvert, le regard de l'homme ne change pas. Il détaille chacun de mes traits tandis que sa lèvre inférieure tremblote sous le choc.

— Je crois que vous faites erreur, monsieur, m'empressé-je de répondre alors que sa main me fait mal à force de me serrer.

— Nikolas, s'écrie la voix de ma mère derrière mon dos. Tu veux bien cesser d'importuner ma fille ?

La grande brune pose sa main sur mon épaule sans lâcher du regard le vieil homme. Ce dernier se ressaisit et s'éloigne de moi.

— Ta fille ? Ah... oui... J'avais oublié que tu avais deux enfants, souffle-t-il.

— Nikolas commence à se faire vieux, raille-t-elle en s'adressant à moi avant de tourner la tête dans sa direction. Si tu as les idées qui s'embrouillent, c'est peut-être parce que tu as faim. Si c'est le cas, j'ai préparé des boissons ensanglantées, dehors sur le buffet réservé aux vampires.

— Bien, abdique-t-il.

Nikolas me jette un dernier regard avant de sortir dans le jardin. Quel homme étrange... Je me demande bien avec qui il m'a confondu. Hélas, je n'ai pas le temps d'y réfléchir que ma mère se penche vers moi pour me pincer les joues.

— Voilà, comme ça, tu es parfaite. Il te manquait une touche de couleur, lance-t-elle en souriant avant de détailler ma tenue des yeux. Un choix de robe... Surprenant.

— Tu n'aimes pas ? C'est Nate qui me l'a offerte.

— Si au contraire, je l'adore. J'irai voir ton ami pour savoir où il l'a dégoté, répond-elle en inspectant le tissu rouge. Tu es resplendissante, Lucy. Et cette couleur met ton joli minois en valeur.

Bizarrement, ma mère à l'air de très bonne humeur. Sauf que ça ne va pas durer... J'ai besoin de lui toucher deux mots au sujet de la raison première de cette soirée.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit sur la résurrection ? Demandé-je en croisant les bras.

— Je ne t'avais rien dit ? S'étonne-t-elle. Et bien, j'ai dû oublier, mais ce n'est pas très important. Cela ne change rien à nos habitudes.

— Je dois tuer un humain, m'énervé-je. Ça change de mes habitudes !

Le sourire de ma mère se crispe, je vois bien qu'elle fait son possible pour ne pas exploser et montrer son vrai visage.

— Tu es un vampire, Lucy. Et tu devrais commencer à l'accepter, réplique-t-elle sur un ton glacial avant de tourner les talons.

Je la fusille du regard tandis qu'elle rejoint les autres invités dans le jardin. Pourquoi ne suis-je pas surprise qu'elle fuie les problèmes au lieu de les affronter ?
Plus les années passent, plus je me demande si j'ai hérité d'une quelconque qualité venant de ma mère. Je me trouve bien trop différente pour être de la même famille qu'elle. Pendant que je grommelle à voix basse, je décide de contourner le jardin pour aller fumer une clope en toute discrétion. Dans cet état, je ne suis pas prête à parler à qui que ce soit. Je sors le paquet de cigarettes de mon petit sac et en cale une entre mes lèvres le temps de trouver un briquet. De ce côté de la maison, il n'y aucune lumière, je me retrouve alors plongée dans la pénombre à la recherche de mon zippo. 

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant