Ténèbres

Chapitre 69 - Seth, fidèle à lui-même

Une myriade de questions se bousculent dans ma tête. Pourtant je n'y prête pas d'attention. C'est à se demander si je ne suis pas dans une phase de déni dans laquelle tout ce qui concernerait ma vie me serai complètement égal. Je suis le cours d'eau et me laisse porter par les événements qui s'enchaînent à une rapidité effrayante. Je devais sûrement être un sale tyran dans mon ancienne vie pour morfler autant aujourd'hui !

Dans le seul magasin encore ouvert à cette heure-ci j'observe sans voir les rayons de fournitures. Samaël, lui, n'a pas dit un seul mot depuis que nous avons quitter la maison d'Alec. Seth lui aurait dit pour ma mère ? Serait-il au courant que je ne suis pas sa demi-sœur ?
Peut-être que Samaël se sent soulagé de n'avoir aucun lien de parenté avec moi... Je suis un attire-poisse et je lui ai causé plus de soucis qu'autre chose. Si c'est le cas, je le comprendrai. Je sauterai également sur la première occasion pour couper les ponts avec moi-même si je le pouvais...

J'attrape machinalement un lot de corde tandis que le vampire prend une nouvelle bâche. Je me souviens de sa colère quand il a apprit pour son tapis. Ma dernière session torture a été très... Sanglante.
Arrivé en caisse, le vendeur aux cernes prononcés nous lance un regard suspicieux en scannant nos articles. Je dois avouer que n'acheter que des cordes et une bâche peut paraître étrange. J'adresse un petit sourire gêné au caissier et range nos courses dans le sac en plastique.

Sur le parking du magasin, le vampire qui n'avait pas prononcer un seul mot depuis le début de notre sortie, se tourne vers moi l'air nerveux. Je dégluti péniblement m'attendant au pire.

— Lucy, je suis désolée, lance-t-il. Je n'aurai jamais du suivre Seth et entrer sans permission chez Alec. Je sais que tu m'en veux et je peux le comprendre. Toi par exemple, même si tu détestais Abby, tu ne t'ai jamais immiscé dans ma relation avec elle.

Surprise j'ouvre de grands yeux et le dévisage.

— Je... Je ne t'en veux plus, soufflé-je. Tu as fait ça pour être sûr qu'Alec n'était pas une menace pour moi.

— Oui exactement, nous sommes une famille et nous devons nous protéger les uns les autres, acquiesce-t-il en serrant ma main dans la sienne. Je sais que notre mère t'en fais baver, mais elle t'aime au fond d'elle.

Les souvenirs de ma mère adoptive se sacrifiant afin que je m'enfuis du caveau me reviennent en tête. Le cœur serré je hoche la tête sans savoir quoi répondre. Samaël n'est au courant de rien et cela me donne l'impression d'être une intrus infiltré. Comme si je n'avais plus ma place dans « notre » famille... En fin de compte, j'aurai préféré que Seth lui raconte tout. J'aurai préféré ne pas être celle qui lui avouera que je ne suis pas sa demi-sœur. Je ne veux pas perdre mon grand frère. Telle une lame chauffée à blanc je sens que cette prise de conscience me lacère le cœur. J'ai si mal que j'en ai envie de vomir.

— Samaël, commencé-je en serrant le sac de courses entre mes doigts. Je... Notre mère...

Je m'arrête tout d'un coup. Je ne peux pas lui dire ! Ce serai lui asséner le coup fatal. Si je lui révèle que sa mère est la tueuse de mes parents, ce serait comme découper en petit morceaux ce qu'il lui reste de famille... Samaël ne mérite pas de souffrir, il ne mérite pas de voir sa vie voler en éclat. Je sais ce que ça fait et je ne veux pas qu'il ressente cette douleur qui nous broie de l'intérieur. Ce vide après que la souffrance est tout ravagé sur son passage. Tel un champs de bataille dans lequel aucun des deux camps n'auraient gagné la guerre. Et où les cadavres des soldats pourriraient dans un profond silence.
Le visage de mon demi-frère s'assombrit au fur et à mesure que les secondes passent. Il est loin d'être idiot et devine facilement que la situation est grave.

— Quoi « notre mère » ? Demande-t-il en m'interrogeant du regard. D'ailleurs tu devais aller la voir tout à l'heure... Au cimetière si je mes souvenirs sont correct. Comment ça s'est passé ?