Chapitre 60 - Erys

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— Je t'écoute. Parle avant que je ne change d'avis et que je t'ampute la main, le menacé-je.

Des gouttes de sueurs perlent sur le front de Pierre. Il faut dire que je le travaille au corps depuis plus d'une vingtaine de minutes à présent. La blancheur de sa blouse contraste avec le sang qui l'a tache. Cela me fait penser au conte de Blanche-Neige : blanche comme la neige, rouge comme le sang et noir comme l'ébène. Sauf que pour mon hôte ce ne sont pas ses cheveux qui sont noirs, mais son cœur.

— Nous sommes un groupe de scientifique à la recherche de l'immortalité, souffle-t-il en grimaçant sous la douleur que lui provoque le simple fait de bouger les lèvres.

— Je sais tout ça, m'impatienté-je. Je veux savoir pourquoi vous avez tenté de me kidnapper !

— J'y viens... Mais pour que tu puisses comprendre, je dois raconter l'histoire depuis le début, peste l'homme en me fusillant du regard. L'Homme veut toujours plus. Devenir plus fort, plus intelligent et vivre plus longtemps. Alors quand nous avons appris l'existence des vampires, il nous a été impossible de ne pas essayer de vous ressembler. C'est pour cela que Phébus a été créé.

— Mais vous n'avez jamais réussi à transformer d'humain en vampire, deviné-je en levant les yeux au ciel.

— Détrompe-toi, ricane-t-il. Nous avons déjà transformé plusieurs humains en vampire. Sauf qu'il réside toujours un problème. L'envie de sang. Si toute l'humanité se transforme, comment se nourrira-t-elle sans humain pour la fournir en sang ?

— Donc c'est sur ça que vous travaillez ? M'écrié-je surprise. Vous voulez créer un vampire qui ne boirait plus de sang humain ?

— Oui et c'est pour cela que nous avons essayé de t'enlever. Quel meilleur cobaye qu'un vampire qui tente désespérément de ne pas s'attaquer aux humains ? Tu es le sujet parfait, explique-t-il tandis que ses yeux brillent d'un éclat étrange. Lucy, tu ne veux plus te nourrir de sang humain et nous pouvons t'aider.

Une partie de moi aimerait le croire, croire que je pourrai un jour ne plus avoir besoin de boire du sang. Mais je ne lui fais pas confiance. Et chaque mot qui sort de sa bouche sonne à mes oreilles comme de douces promesses mensongères.

— Tu me prends pour une idiote ? Réponds-je sèchement. Un vampire ne peut pas se passer de sang, c'est dans notre nature. Ce n'est pas en bidouillant l'ADN de vos sujets que vous arriverez à quoi que ce soit. Et d'ailleurs comment avez-vous su que j'étais contre de tuer des humains ?

— La science peut tout faire, jusqu'à changer la nature des gens, s'empresse-t-il de répliquer.

— Tu n'as pas répondu à ma question, comment vous avez su pour moi ?

— Je ne peux pas te le dire...

Je me mords la lèvre et secoue la tête d'un air désapprobateur.

— Mauvaise réponse, lancé-je en lui plantant en plein dans sa paume le premier couteau que je trouve.

Un cri terrifiant rompt le silence de la pièce. Le vieil homme me ferait presque pitié... Hélas pour lui, je n'ai plus aucune émotion.

— Nous avons des espions dans toute la ville à la recherche de cobaye, gémit-il à bout de force.

— Et bah, tu vois quand tu veux ! Donc l'un de vos espions m'a en quelque sorte recommandé... Je comprends mieux. Et pour Seth alors ?

— Seth ? Répète-t-il sans comprendre.

— Tu ne sais pas qui c'est... L'histoire est bien trop longue à expliquer, mais pour faire court Seth est mon stalker. Oui, je sais ce que tu dois te dire, qui pourrait imaginer qu'un immortel ait des problèmes d'humains ?

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