Interlude - PDV Seth

254 34 136
                                    

Noyé dans mes pensées, j'observe par la fenêtre de ma chambre. En réalité, j'ai placardé plusieurs journaux sur les carreaux pour empêcher le vis-à-vis. Il faut que je reste concentré sur mon plan. Et aucune distraction n'est acceptée jusqu'à ce que je puisse enfin lui parler pour de vrai. J'ai souvent rêvé de ce moment, imaginant une ribambelle de phrases pour l'accoster. Hélas, elles sont toutes aussi idiotes les unes que les autres. Je ne dois pas me louper, le premier contact est le plus important. J'aimerais qu'elle se souvienne de notre premier échange, que cela la marque comme au fer rouge. Eh ! Ce n'est pas une aussi mauvaise idée que ça... Lui marquer mon prénom sur la peau. Incrusté dans sa chair en petit caractère. Rien qu'en y pensant, j'en ai des frissons. Le jour où je pourrais faire parcourir mes doigts le long de son corps sera à fêter !

D'une main tremblante, j'attrape les photos que j'ai prises d'elle. Comment peut-on être si magnifique ? Pourtant, elle garde cette petite moue sérieuse, comme si elle n'en était pas consciente. Comme si ses grands yeux bleus ne faisaient pas tomber les garçons qu'elle rencontre sous son charme. Comme si son sourire délicat ainsi que ses lèvres rouges et pleines ne donnaient envie que l'on ne les embrasse. Malheureusement, cette beauté me rappelle qu'elle ose se pavaner à la vue de tous. Cela changera lorsque nous sortirons ensemble. Je la garderai rien que pour moi en passant chaque minute à la contempler. Elle ne le sait pas encore, mais elle adorera ça. Quand elle verra que je suis la seule personne qui veut son bien et son bonheur, elle m'aimera aussi. Du pouce, je caresse ses longs cheveux noirs en couvant la photo des yeux. Bientôt, je pourrai sentir sa chevelure entre mes doigts...

Un sourire se dessine sur mon visage quand je repense à notre dernier appel. L'entendre m'appeler par mon prénom, me fait brûler d'envie de voir ses lèvres se mouvoir en le prononçant. Soudain, je pense aux hommes qui lui tournent autour et mon sourire s'évanouit. Pauvre petite fleur, il faut que je t'aide à t'en débarrasser. Le seul fait de les imaginer te toucher ou te parler me met hors de moi. La beauté à son lot d'inconvénient. Et elle n'attire pas que de bonnes personnes. Je dois te protéger d'eux.
Une irrésistible envie de les anéantir monte lentement en moi. Ils n'ont pas le droit d'avoir ce que je n'ai pas encore. Elle m'appartient.

Tout d'un coup des gémissements, dans la chambre voisine, se font entendre. Je me lève et évite avec agilité le bordel qu'est devenu mon appartement. Je dois avouer que j'ai délaissé quelques tâches ménagères depuis que je l'ai revu. Je me souviendrais de ce jour à jamais. Je marchais dans les rues de Rottenwood, une ville réputée pour ses beaux paysages floraux. J'étais à la recherche d'un but dans la vie et repartir à zéro dans cette ville me paraissait être un bon début. Mais qu'elle fut ma surprise quand j'aperçus le souvenir qui me hantait depuis des années, marcher en face de moi. Je la reconnus directement... Mais pas elle. Elle ne posa même pas le regard sur moi. M'avait-elle oublié ?

Cette idée me mit dans une détresse que je n'avais jamais ressentie auparavant. Cette douleur m'était complètement inconnue. Je compris alors que je l'aimais depuis toujours. Je compris également que notre destin était de se retrouver et qu'importe les barrières sur mon chemin, je ferai tout pour me rapprocher d'elle jusqu'à ce qu'elle se souvienne de moi. J'ai donc intégré son lycée et je l'ai suivi en attendant le bon moment pour me présenter...

Je longe le couloir pour rejoindre la chambre voisine. Une fois face au lit, je reste planté, immobile, observant la jeune humaine à moitié consciente. Son visage a de beaux traits, mais elle n'a rien avoir avec l'élue de mon cœur. Sa beauté est bien trop superficielle... Non, cette humaine me répugne plus qu'autre chose. D'un geste machinal, je serre les sangles qui attachent ses poignets ainsi que ses chevilles aux quatre coins du lit. Je pourrais l'hypnotiser pour qu'elle reste calme, mais je les aime conscients et morts de peur. C'est plus amusant... Et encore plus quand je les torture, mais je ne peux pas faire ça avec elle. Je dois encore m'en servir. Soudain, cette dernière se réveille. Elle lève les yeux vers moi et me reconnaît instantanément.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant