Chapitre 48 - Nate, un ami qui vous veut du bien

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Assise sur l'herbe, j'observe le match de basket qui se dispute à quelques mètres de moi. Cela fait deux jours qu'Alec m'évite comme si j'étais la peste en personne. Deux jours que ma mère a réussi à faire fuir le seul garçon qui m'intéressait vraiment... Deux jours que le poison a quitté mon corps et que mes pouvoirs ont réapparu. Quarante-huit longues heures à penser et repenser au baiser que j'ai échangé avec Alec. Lui qui était plutôt solitaire depuis son arrivée à RottenHills, il se pavane à présent sous mes yeux accompagné d'une troupe de pompom girls... Foutu blonde à la plastique parfaite !

Notre baiser me paraît si loin... Parfois, je me demande même si je ne l'ai pas imaginé. Bien que je déteste ma mère, je ne peux m'empêcher de me dire que le karma devait tomber un jour ou l'autre. Si ça n'avait pas été par ma génitrice, Alec l'aurait appris d'une autre manière. Et puis j'ai tué sa cousine, mon crime devait être puni d'une façon ou d'une autre...
Nate me tend un bâtonnet de saucisson que je refuse poliment. Je n'ai pas faim, même un verre de sang bien frais ne me tenterait pas. Savoir qu'Alec ne s'intéresse plus à moi, pire, qu'il me déteste, me retourne l'estomac.

Je reporte mon attention sur les basketteurs à la peau luisante de transpiration sous le soleil. Leur maillot orange, bleu et blanc se collent sur leur torse trempé. Ce qui d'ailleurs, moule à la perfection leur abdos. Je comprends mieux pourquoi Nate voulait tant assister au match.
Ce dernier avale goulûment son saucisson sans lâcher du regard les joueurs. Je roule des yeux en soupirant, je devrais faire comme lui. Observer de loin et ne pas toucher. Si j'avais agi ainsi, je n'aurais pas le moral dans les chaussettes pendant qu'Alec rit au éclat face aux blagues idiotes des pompom girls. J'en viens même à le suspecter de faire semblant. Car pour avoir discuté avec ces filles, je peux dire haut et fort qu'elle ont un QI qui ne dépasse pas les cents. Cent, si on additionne le QI de chaque filles bien sûr...

— Alerte regard de pétasse, qui fusilles-tu comme ça ? Raille Nate. Je ne sais pas à quoi tu penses, mais je n'aimerais pas être la personne que tu dévisages ainsi.

— Les pompom girls, réponds-je en lui indiquant d'un hochement de tête Alec, assis sur les gradins à plusieurs mètres devant nous.

— Elles lui collent aux basques depuis qu'il ne traîne plus avec nous, remarque-t-il en levant les yeux au ciel.

— J'ai tué sa cousine, lancé-je pour me convaincre que je mérite de souffrir autant. Je ne lui en veux pas.

Nate tourne la tête vers moi pour m'adresser un regard compatissant.

— En réalité, c'est Ben qui l'a tué. Et puis tu ne savais pas que c'était la cousine d'Alec ! Ça change tout, tu ne crois pas ?

Non, ça ne change rien... Alec ne me croira pas. Je suis la tueuse de Noa à ses yeux et le fait que je sois un vampire ne joue pas en ma faveur. Comment croire les dires d'un prédateur ? Et puis même s'il me croit, je lui ai caché la vérité en lui disant que c'était Seth qui l'avait tué. J'ai menti. Je l'ai aidé a enterré Noa alors que je connaissais la vérité. Ce n'est pas pardonnable. Je le comprends, mais j'ai du mal à avaler la pilule. Comme bloquée dans ma gorge, elle m'empêche de respirer convenablement.

— Laisse tomber Nate, soupiré-je. C'est mieux comme ça, Alec est à l'abri de tout danger à présent. Tu devrais peut-être faire de même. Avant que ma mère ne s'en prenne à notre amitié et la foute en l'air comme elle l'a fait avec ma vie.

Les lèvres pincées, je refoule très loin dans mon cœur les larmes qui me menacent de couler. Je ne lui ferai pas ce plaisir. Ma mère se réjouirait de savoir qu'elle a réussi à m'atteindre. Je dois rester impassible et ne surtout pas être impactée par ses misérables magouilles pour m'éloigner des humains. Je ne deviendrais pas aussi mauvaise qu'elle et c'est en restant auprès des mortels que je conserverai mes émotions. J'ai compris son plan depuis un petit moment maintenant. Sa façon d'être intransigeante avec moi et si douce avec Samaël, sa manière de me faire du mal volontairement...

Tout ça fait partie de son plan qui est de me rendre aussi insensible qu'elle. Comme par exemple l'été dernier. Les événements de ce jour-là m'ont fait comprendre que le cœur de ma mère était aussi noir que le cambouis. Ces souvenirs me hantent toujours, pourtant, j'ai tout essayé pour les oublier. Son regard vide me donne encore froid dans le dos. Une onde de frisson m'envahit subitement, ce genre de frissons qui me donnent envie de vomir. Je me déteste tellement d'être tombée dans le piège de ma mère et d'avoir ruiné la vie de ce jeune homme. Mon cœur se presse tandis que je me remémore le pire été de ma vie.

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