Chapitre 36 - Retour à la réalité

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Alors que ma canine frôle la peau de son cou, je reprends soudain mes esprits. Je me lève de ma chaise si précipitamment qu'elle tombe au sol dans un grand fracas.
Plaquée contre le mur, le plus loin possible d'Alec, je plante mes ongles dans ma paume pour me reconnecter à la réalité. Une seconde de plus et je mordais dans sa chair.
Les jambes encore tremblantes, je me sens honteuse et appréhende de croiser son regard. Pourtant, Alec n'a pas l'air affecté par la situation. Je ne décèle aucune once de peur dans ses yeux émeraude. Il se redresse et avance vers moi d'un pas prudent, comme s'il ne voulait pas m'effrayer. Comme si j'étais un petit animal sauvage... Quand les rôles ont-ils été inversés ?

— Lucy, tout va bien, dit-il d'une voix calme. Tu ne m'as fait aucun mal.

Le voyant se rapprocher encore un peu, j'agite les mains en signe de refus.

— Non, ne t'approche pas ! M'écrié-je en chassant les larmes qui perlent aux coins de mes yeux.

Je ne suis qu'un monstre. Cette vérité s'entrechoque dans ma tête depuis que j'ai essayé de faire du mal à Alec. J'ai cru ressentir des sentiments pour lui, mais ce n'était que ma nature de vampire qui me dupait pour que je le vide de son sang...

— Sérieusement Lucy, tu n'as pas à t'en vouloir, poursuit le jeune homme en avançant encore vers moi sans me lâcher du regard. Tu es un vampire et je suis une appétissante créature à tes yeux. Le plus important est que tu t'es contrôlé.

— J'ai failli ne pas le faire, soufflé-je en m'accroupissant sur le sol. C'était une très mauvaise idée de venir te voir après ma dispute. Mes sentiments ont été mis à rude épreuve, c'est sûrement pour cette raison que je n'ai pas pu me maîtriser. Je suis désolée.

Alec s'assoit à mes côtés tout en gardant une certaine distance pour que je ne me sente pas mal à l'aise. Adossé contre le mur, il tourne la tête vers moi et me sourit.

— Tu n'as pas à t'excuser, je ne t'en veux pas. Tu sais, la fin de soirée n'a pas été très cool pour moi non plus, explique Alec en se massant le front l'air soucieux. Un ami a quelques soucis en ce moment, mais depuis que j'ai accepté de l'aider, il me harcèle au téléphone... Enfin, tout ça pour te dire que je te comprends.

— Alors c'était donc ça l'appelle de toute à l'heure ? Demandé-je surprise.

Je plaque ma main contre ma bouche me souvenant qu'il n'était pas censé savoir que je l'ai espionné.

— Tu m'as entendue ? S'étonne Alec avant de me décocher un regard malicieux. Oui, c'était lui. Et toi alors avec qui tu t'es disputée ? Ton frère ?

Étant donné que le beau brun s'est confié, je ne vois pas pourquoi je ne ferai pas de même. De plus, en parler à quelqu'un pourrait peut-être m'aider à faire disparaître la boule qui oppresse ma gorge. Cette sensation désagréable a pour nom : amertume.

— Demi-frère, rectifié-je comme si cela avait une quelconque importance. Pour te dire la vérité, je me suis embrouillée avec ma mère. Elle est revenue de son voyage pour mon anniversaire.

— C'est ton anniversaire ? S'écrie Alec.

— Non, il est vendredi prochain. Mais elle a voulu écourter son voyage pour être là.

— Je ne vois pas où est le problème, remarque-t-il en me jetant un regard perplexe.

— Elle est infernale, lancé-je en soupirant. C'est le genre de personne qui remet la faute sur les autres. Samaël est parfait à ses yeux, alors que moi...

— Toi ? Demande-t-il en voyant que je ne termine pas ma phrase, le regard perdu dans le vide.

— Moi, elle me déteste, finis-je par dire en me relevant. Il est temps que je m'en aille. J'ai assez fait de problèmes comme ça.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant