Chapitre 65 - Soirée anti-vampires

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— Alec ? Soufflé-je d'une voix cassée.

Le simple fait de prononcer son prénom m'érafle la gorge, comme si des bouts de verres étaient plantés le long de mon œsophage. Le beau brun lit la détresse sur mon visage et me prend dans ses bras. La chaleur de son corps est réconfortante. Je me laisse aller dans son étreinte et tressaute sous les sanglots qui m'assaillent.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé, Lucy ? Demande-t-il en enfouissant son visage dans ma chevelure. Raconte-moi ce qu'il s'est passé. Pourquoi tu es ici, toute seule ?

Comme si ma tristesse avait attiré le mauvais temps, la pluie commence à tremper mes vêtements. J'essaye de parler, de lui expliquer ce qui est arrivé, mais aucun son ne sort de ma bouche. Mes mots virevoltent autour de moi avant de se perdre. Mes phrases se mélangent et m'embrouillent le cerveau. Comment expliquer quelque chose que je n'arrive pas à rentrer dans mon crâne ?

Je ne suis pas la fille de ma mère, mais celle d'une personne décédée. J'ai toujours vécu dans le mensonge. Tout ce que je croyais était faux. Plus rien n'a de sens. J'ai l'effrayante impression d'avoir perdu tous mes repères. Plus rien à quoi me raccrocher. Samaël n'est pas mon demi-frère. Ma mère et mon père sont morts. Phébus a kidnappé ma mère adoptive. Ils ont enlevé celle qui a immolé mes parents. Je suis une pauvre orpheline perdue. Mes pensées négatives se succèdent ne me laissant aucun répit.

On devrait me surnommer la poisse en personne vu comme j'attire les malheurs. Je me détache de l'étreinte d'Alec et sors le collier de ma poche. La couleur rouge sang brille une dernière fois avant que je ne la jette par terre et la piétine.

— Collier de malheur ! M'écrié-je en chassant les larmes qui me menacent de couler le long de mes joues.

Alec attrape mon poignet avec douceur et me force à le regarder droit dans les yeux. Le souffle coupé par l'assaut d'émotions qui me submerge, je halète comme si j'avais couru sans m'arrêter. Avoir autant de colère en soi n'est pas bon.

Tous ces mauvais sentiments vont me bouffer de l'intérieur si ça continue...

Le beau brun enlève sa veste et me la met sur les épaules.

— Les vampires ne ressentent pas le froid, soufflé-je le regard fixé sur mes baskets.

Alec ignore ma remarque et me couvre quand même les épaules de sa veste en me frictionnant le dos.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Lucy ? Lance-t-il en zieutant la pierre rouge brisés en mille morceaux sur le sol.

— Ma mère... Enfin, celle que je pensais être ma mère a été enlevé par les scientifiques de Phébus, expliqué-je alors que la tristesse noie progressivement mon cœur. Alec, tout est devenu... Si compliqué.

Le jeune homme hoche lentement la tête, après quelques minutes de réflexion, il se tourne vers moi et sans lâcher ma main, il s'exclame :

— Ok, tu es complètement perdue, je le comprends. Laisse-moi alors te guider.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Rentrons chez moi pour se protéger de la pluie, ensuite nous élaborerons un plan pour retrouver ta mère, m'assure-t-il en plantant son regard émeraude dans le mien. Lucy, cette fois, tu vas devoir lâcher prise et me laisser t'aider. Tu ne pourras pas gérer ça toute seule. Pas cette fois.

Je hoche la tête et le suis à travers le cimetière. Je ne peux m'empêcher de jeter un regard derrière mon épaule dans l'espoir de voir ma mère sortir de nulle part. Je me sens si lâche de l'avoir abandonné à la merci de Phébus. Mon cœur se serre à cette pensée. Elle a peut-être tué mes vrais parents, mais elle m'a élevé. Elle s'est occupée de moi. Et je l'ai abandonné alors qu'elle était blessée... Son visage, tuméfié par les coups de pieds des scientifiques, me revient en tête. Celle qui me faisait croire qu'elle ne m'aimait pas, s'est sacrifiée pour moi. Elle n'a pas hésité une seule seconde...

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