Chapitre 14 - Sentiments et ressentiments

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Remus n'avait jamais réellement parlé à Dorcas. A chaque fois qu'il la croisait elle se trouvait généralement coincée entre Mary et Lily ou Alice et elle ne disait rien. Parfois, elle lui disait un vague « salut » mais elle détournait toujours les yeux comme si rien que l'idée de discuter avec un garçon l'angoissait déjà. Il resta un moment à la fixer, la cigarette en l'air, puis secoua la tête :

- Hey, tu vas bien ?

- Oui, oui. C'est une chance que je sois tombée sur toi.

Le Felix Felicis faisait effet et Dorcas en était si satisfaite qu'elle eut encore plus l'impression d'avoir confiance en elle.

- Pourquoi une chance ? interrogea-t-il en tirant une taffe sur sa cigarette.

Dorcas la lui attrapa des mains et d'un geste habile comme si elle avait fait cela toute sa vie, elle la porta à sa bouche et projeta un rond parfait dans les airs. Remus le regarda un instant, un sourire appréciateur sur les lèvres. Lorsqu'il reporta son attention sur Dorcas, celle-ci était accoudée à la fenêtre juste à côté de lui, la lune se reflétant sur son visage.

Dire que la Gryffondor avait un visage banal ou moche aurait été mensonger. Lupin n'avait jamais entendu quiconque critiquer le physique de la jeune fille. A vrai dire, personne ne parlait de Dorcas. Alors qu'il se trouvait près d'elle, il eut tout le loisir de pouvoir l'observer de façon plus précise et minutieuse.

Les cheveux de Dorcas, châtains très foncés –presque bruns- avaient des reflets cuivrés prononcés. C'était le genre de chevelure rebelle, avec quelques boucles éparses et qui tombait tout autour du visage. La forme de son visage était très fin : elle avait des pommettes saillantes, et le bas de sa tête était très ovale, si bien que ses cheveux cachaient presque toutes ses joues. C'était un signe distinctif de la timidité de Dorcas, elle avait une façon systématique de se masquer derrière ses cheveux. Et pourtant, parmi cet espèce de « désordre », il y avait deux prunelles d'un gris anthracite en forme d'amande. Elle ressemblait à une biche effarouchée, constamment en alerte.

- Parce que j'avais terriblement envie de fumer et je n'aime pas les cigarettes industrielles, je préfère les roulées.

Pour la première fois de sa vie, Lupin entendit la vraie voix de Dorcas. Pas son timbre défaillant, non. Son ton était rauque, toujours doux mais plus prononcé. Elle avait comme une certaine désinvolture dans chacune de ses phrases qui rendaient sa voix cassée.

- Je ne savais pas que tu fumais, ajouta-t-il.

- Parfois, lorsque... je m'ennuie.

Dorcas releva la tête et fixa Remus un court instant. Ses yeux étaient si intenses qu'il s'empressa de porter son attention sur le parc du château. La Gryffondor ne savait plus quand Lupin avait commencé à l'intéresser : peut-être le jour où ils avaient tous bu un verre aux Trois Balais. Il parlait de façon intelligente, semblait cultivé, fumait avec légèreté. Dès qu'il commençait à discuter de politique ou des actualités, Remus s'y connaissait si bien que toute son apparence semblait changer.

Ce jour-là, Dorcas ne l'avait pas lâché des yeux. Il était beau. Avec son teint pâle, ses yeux éteints, sa silhouette qui paraissait fragile, il semblait si frêle, que son ton neutre un peu cynique offrait un contraste frappant.

Le Felix Felicis faisait toujours effet, Dorcas le sentait. Elle venait de mettre ses cheveux derrière ses épaules offrant pour la première fois une vue plus nette de son visage ainsi que de son grand cou. Alors qu'elle terminait la cigarette toujours silencieuse et fixant Lupin qui semblait quelque peu désarçonné, elle écrasa le mégot sur le rebord de la fenêtre.

Les années de la terreur (fanfiction Harry Potter)Where stories live. Discover now