Les années de la terreur (fanfiction Harry Potter)

Chapitre 27 - Regrets

- Severus. Hé ! Severus ! lança Wilkes en claquant des doigts devant le visage profondément endormi de Rogue.

Le Serpentard sursauta brusquement tandis que ses amis éclataient de rire.

- On est arrivé, mec.

Rogue se frotta les yeux. Le Poudlard Express venait de s'arrêter au Quai 9 ¾ et un bruit strident –signe qu'il crachait de la fumée- retentit. Fatigué, le garçon se leva péniblement.

Le mois de juin avait été particulièrement fatiguant. Les examens de fin d'année s'étaient avérés fastidieux et même s'il avait eu de bons résultats –tout comme la plupart des autres élèves- (et même excellents), il n'avait pas eu une minutes pour se reposer. Il avait passé la dernière semaine allongé au bord du lac, seul, ou avec quelques étudiants de sa Maison à songer aux grandes vacances.

Maintes fois il avait croisé Lily, mais comme d'habitude Rogue n'avait pas osé lui parler. Que penseraient ses amis s'ils le voyaient discuter avec la jeune fille ? Mais il n'y avait pas que ça, bien que l'épisode s'étant déroulé la nuit restait très net dans son esprit, il avait l'impression de l'avoir tout bonnement rêvé.

Lorsque Lily l'avait intimé avec sa phrase « dis-le », il n'avait d'abord pas compris. De quoi parlait-elle ? Il s'était déjà assez excusé, pourquoi répéter ses excuses changerait-il quelque chose ? Puis, une espèce de lumière s'était illuminée dans ses beaux yeux verts, quelque chose de différent de d'habitude, un éclat qu'il ne lui avait jamais vu. Elle avait le souffle court et rapide et Severus avait compris ce qu'elle attendait de lui.

Quand l'adolescente s'était hissée sur la pointe des pieds, il n'avait souhaité qu'une seule chose : qu'elle l'embrasse, car jamais il n'aurait osé faire le premier pas. Il avait senti une fine pellicule de sueur s'étendre sur son front, ses mains étaient devenus moites, son cœur avait raté un battement... Lily était-elle si intelligente qu'elle avait compris ce qu'il ressentait pour elle ?

Par son attitude en tout cas, elle lui avait honnêtement montrée qu'elle se préparait à cette éventualité sans le rejeter. Mais il n'avait rien faire... effrayé à l'idée de tout inventer, d'être trop subjectif...

- Tu viens, Severus ? demanda Wilkes en attrapant sa cage avec son hibou.

- Je vous rejoins sur le quai, marmonna le jeune homme qui farfouillait dans un sac en toile d'un air absent.

Ses camarades se regardèrent, intrigués, puis haussèrent les épaules et s'en allèrent sans rien dire, le laissant seul.

Il avait été stupide. Un véritable idiot. Pour la première fois de sa vie, la chance dont il avait toujours rêvé était apparue devant lui, à portée de main... Mais non, il n'avait pas osé agir. Parce qu'il avait mis trop de temps à saisir le moment, qu'il avait pris peur, et qu'il avait tout bonnement redouté de mal interpréter les gestes de la jeune fille... Et si Lily ne lui demandait pas d'avouer qu'elle l'aimait ? Et si elle ne cherchait pas à l'embrasser ? Comment allait-elle réagir ? Et voilà que ce Peeves de malheur s'en était mêlé !

Rogue avait passé le mois de juin à se traiter de sombre crétin. Lily ne le regardait même plus. Parfois leur regard se croisait accidentellement mais elle tournait vite la tête. Et il comprenait très bien pourquoi. Le soir où ils s'étaient parlés, à marcher ensemble dans le château, cela faisait plusieurs mois qu'il n'avait pas connu un tel degré d'intimité, ce qui avait dut raviver chez la Gryffondor un profond manque : celui d'avoir Severus à côté d'elle. Est-ce que cette absence avait révélé des sentiments enfouis ? Ou avait-elle ouvert les yeux sur de nombreuses choses ? Il ne saurait le dire.

Mais ce moment avait été particulier et intense. Ce moment ne reviendrait pas, il en était persuadé. Pour Lily, cela resterait simplement une erreur de parcours, un soir où elle s'était sentie triste... et solitaire.

- Tu n'as rien à perdre, se murmura-t-il à lui-même. Elle a le droit de savoir. Au moins de savoir.

Depuis un mois Rogue y songeait fermement. Il avait tourné son discours dans tous les sens et connaissait les phrases si biens qu'il se sentait capable de pouvoir les dire sans bégayer, ni même abandonner.

Le Serpentard sortit de la cabine, et se fraya un chemin parmi les élèves qui attrapaient leurs affaires avant de sortir du wagon pour aller chercher leurs valises. Il avança prudemment jusqu'au bout du wagon, ouvrit la porte de l'autre et aperçut d'autres élèves qui tâchaient de descendre de la locomotive. Il se hissa sur la pointe des pieds et aperçut la crinière rousse de Lily au loin, à côté des cheveux blonds de Mary.

Au bord de l'excitation et nerveux, Rogue se glissa dans le wagon et se dirigea vers elles lorsque deux mains l'attrapèrent fermement et le firent entrer de force dans un compartiment.

- Lâchez-moi ! beugla-t-il. Lâchez-moi !

- Tiens, tiens, Patmol, regarde ce que nous avons là.

Furieux, Severus fixa James et Sirius qui le bloquaient fermement. Tandis que Remus et Peter se tenaient un peu à l'écart.

- Bon, on va y aller, couina précipitamment Peter en attrapant ses affaires à la hâte. Allez viens Lunard.

- On vous retrouve dehors, leur lança Sirius d'un ton léger tout en jouant avec sa baguette. Alors, tout va bien pour toi ? ajouta-t-il en reportant son attention sur le Serpentard.

- Quel bon vent t'amène parmi nous ? ajouta James.

- Je vous ai dis de me lâcher !

- Voyons Servilus, ne le prend pas comme ça. Nous tenions à te remercier, dit James avec grand sérieux. Grâce à toi, Gryffondor s'est retrouvé dernier cette année.

- ... Et les Serpentard premiers, conclut Sirius. J'imagine que tu devais être ravi.

- Tu n'imagines pas à quel point, grinça Severus entre ses dents.

- Mauvaise réponse Servilus, fit James d'un ton très sérieux. Voyons, à ton avis Sirius, combien cela fait de points en moins pour les Serpentard.

- Au moins 1000 je pense, répliqua Black d'un ton songeur.

- A quoi vous jouez ? pesta Rogue en se débattant.

- On voulait t'offrir un petit cadeau avant que tu rentres chez toi. Un souvenir de cette si merveilleuse année tu saisis ? expliqua Sirius. James, à toi l'honneur ?

- Avec grand plaisir Patmol.

Le Gryffondor attrapa sa baguette et la pointa sous le nez de Rogue :

- Furunculus !

Aussitôt, une multitude de furoncles apparurent sur le visage de Severus qui poussa un cri d'horreur et se cacha son visage dans les mains. Hilares, James et Sirius se tapèrent dans la main et s'en allèrent bras dessus bras dessous.

Les larmes aux yeux, Rogue contempla son visage défiguré par le sortilège. Il en avait à présent la certitude: il ne lui était pas possible d'aller avouer à Lily à quel point il l'aimait...