𝐀𝐫𝐭𝐞́𝐦𝐢𝐬¹

CHAPITRE 62 - FIOLE

CHAPITRE 62 : FIOLE

La douce chaleur des flammes m'offre un léger réconfort. Le vent marin soulève mes mèches pour faire des allée et retours le long de mon dos. Je donnerais mon âme pour retourner à Arcadia sous ma couette.

- Il faut qu'on se divise et que l'on fasse le tour de la rive, déclare Octavia en rajoutant des bouts de bois au feu. Lincoln n'a pas dessiné les pierres sans raison.

Bellamy s'avance pour prendre le carnet mais Octavia frappe son bras avant qu'il ne puisse le toucher. Elle plaque le carnet contre sa poitrine.

- Touche pas à ça, siffle-t-elle.

Et c'est reparti. Bellamy se redresse incrédule et cherche du soutien silencieusement. Je lui hausse simplement un sourcil.

- O', ça va durer encore longtemps ?, demande-t-il d'une voix calme.

- Je ne sais pas. Je ne veux même pas te regarder.

Bellamy serre sa mâchoire et j'ai peur que ces dents n'explosent sous la force. Je remarque les flammes briller plus qu'elles ne le devraient dans ses yeux. Même le regard noir, la position détendue et les sourcils froncés, j'aperçois son cœur brisé. Je baisse la tête en pinçant mes lèvres lorsqu'Octavia continue d'enfoncer le couteau dans la plaie.

- À chaque fois, je vois Pike mettre Lincoln en joue. J'entends le coup de feu. Je le vois s'écrouler.

- Je n'ai pas tué Lincoln.

- Non, mais il est mort par ta faute !

- Je t'ai proposé mon aide. Et tu l'as rejeté. Si tu m'avais fait confiance-

Octavia lâche un petit ricanement. Un petit ricanement qui est probablement plus puissant que n'importe quel tribut des douze clans ne peut l'être. Un petit ricanement qui vous détruit plus qu'une lame dans le cœur. Bellamy lui jette un regard méprisable et part silencieusement en direction de la rive. Je serre la mâchoire et fixe sa silhouette se rétrécir à chacun de ses pas. Jasper lance soudainement une branche de pin et je m'écarte rapidement du feu. Un cri étouffé m'échappe. Sa couleur chaude devient soudainement verte et les flammes grandissent de quelques mètres. Puis elles disparaissent et le feu reprend sa couleur habituelle. Je fixe les bouts de bois, espérant revoir ce miracle.

- T'as fait quoi ?, demande Octavia.

- Rien... J'ai juste jeté ça dans le feu.

- Qu'est-ce qu'il y a ?, demande Clarke à la brune qui attrape le carnet.

Elle en sort une brindille. La brindille que j'avais remarqué lorsque l'on était encore dans le rover. Elle le rejette dans le feu et il reprend sa couleur verte. La culpabilité me ronge soudainement. J'ai eu tort. Luna existe belle et bien. Ma fierté et mon égo prennent le dessus et je ne rajoute rien.

- Un signal. Il voulait nous prévenir, dit-elle en me jetant un regard noir. Voilà comment contacter Luna.

- Je vais en chercher d'autres, marmonné-je en tournant les talons.

Je m'enfonce dans la forêt et jette un coup d'œil à Bellamy. Il est debout au bord de la mer, la tête relevée. Je soupire et décide d'aller le voir plus tard. J'arrache plusieurs branches des pins et les ramène à Jasper qui les balance une à une dans le feu.

🌙

La nuit est tombée et je décide d'aller voir Bellamy. Mes bottes s'enfoncent dans le sable parsemé de galets et je croise les bras sur ma poitrine. Le vent est froid et violent, j'espère sincèrement que Luna va ramener son cul d'ici une ou deux heures. Je risque de faire une hypothermie en plus de mourir de mon rhume. Pour penser à autres choses, j'observe la lune se refléter sur la mer calme tout en pensant à ce que je vais dire à Bellamy. Choisis bien tes mots Robin, me répété-je. J'arrive enfin près de lui et remarque son visage dur. J'ai l'impression que son expression n'a pas changé depuis qu'il nous a quitté il y a maintenant une ou deux heures. Je m'arrête à sa gauche et fixe l'horizon maintenant obscurcit par la nuit. Le bruit des vagues m'apaise presque instantanément.