CHAPITRE 22 - LA MALEDICTION DE MURPHY

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CHAPITRE 22 : LA MALEDICTION DE MURPHY

Nous passons entre une rangée de chênes avant d'arriver aux fameux enclos. Les barrières sont vieilles et j'ai peur qu'en les touchant avec les bouts de doigts, elles s'écroulent. Elles sont installées au milieu d'une plaine, là où pousse certaines katniss. Ça m'a l'air être l'endroit parfait pour Saturne.

Bellamy, qui ne me lâche plus, ouvre avec prudence le portillon en bois. Il s'ouvre dans un bruit de rouille, mais ne s'écroule pas au sol comme je l'avais prévu. Je passe avec Saturne qui observe, les oreilles droites, les kilomètres d'herbes hautes. Je lui retire la selle avec plus de précision que la première fois et retire son filet. Saturne secoue la tête avant de galoper sous le ciel bleu. Je prends ses affaires que je cache près d'un arbre. Bellamy fixe la silhouette lointaine de l'animal d'un air pensif.

- Allez, on rentre, lui dis-je.

Je regarde une dernière fois Saturne puis reprends la route avec Bellamy. Personne ne parle lors des dix premières minutes, laissant les bruits de la nuit nous submerger.

- Tu étais où ?, me demande soudainement Bellamy.

- Lincoln m'a hébergé, je le vois se crisper. Hé, je l'arrête en attrapant son avant-bras. On peut lui faire confiance. À lui comme aux autres. Ce ne sont pas tous des machines à tuer. Il y a des villages où vivent des guérisseurs, des enfants, des chefs, des chasseurs, des bricoleurs... Ça ne te fait pas penser à notre camp ? Ils sont des êtres humains qui ont une culture et une langue différentes des nôtres. C'est tout. Nous sommes semblables sinon.

- Tu parles comme si tu étais l'une des leurs.

- Je suis une des cent et je le resterai. Une personne du peuple du ciel. "Skaikru" c'est comme ça qui nous appelle.

- Bien. Dis-leur que nous on les appelle "ennemie".

Il recommence à marcher, me laissant la bouche ouverte à l'arrêt. Je le rattrape et me place en retraite, vexée qu'il soit aussi froid et distant lorsque je parle d'eux. Il nous reste quelques minutes de marches et je sens mon sang se réchauffer.

- Essaye de les comprendre, lui demandé-je.

- Non. Ils sont nos prédateurs, Robin. Et toi tu te jettes stupidement dans la gueule du loup.

- Qu'est-ce que tu racontes-

- T'as déjà oublié que c'est ce Lincoln qui t'a poignardé et empoisonné ? Que c'est ces petits copains qui ont empalé Jasper avant de le pendre sur un arbre ? Que c'est toujours ces petits copains qui nous ont lâchement entourés et tués John, Roma et Diggs ?

- Non, mais ce n'est qu'une minorité de natifs qui nous attaquent comme ça.

- Robin, réfléchis deux minutes ! Ce sont nos ennemis !

- Non.

Je remarque que mon calme inhabituel lui fait monter d'un cran.

- Je n'ai pas envie de voir aucun de mes amis allongés sur une table en agonisant comme tu l'as fait, reprend-t-il d'une voix distante.

- Arrête, c'est différent. Il a été surpris.

- Tu me fatigues, lâche-t-il en se frottant le front avec sa main. Il n'y a rien à défendre, Robin ! Arrête de faire l'avocat du diable !

- Tu ne l'aurais pas menacé en premier lieu, peut-être que je n'aurais jamais été poignardé !

- Je rêve ou tu remets la faute sur moi ?!

𝐀𝐫𝐭𝐞́𝐦𝐢𝐬¹Where stories live. Discover now