CHAPITRE 72 - ET SI C'ETAIT LA FIN ?

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CHAPITRE 72 : ET SI C'ETAIT LA FIN ?

Bellamy sert mes mains une nouvelle fois et la douleur m'oblige à grimacer. Il retire rapidement ses doigts et me fixe attentivement. Je baisse la tête et m'observe monter la tour, échelle par échelle, pierre par pierre, balcon par balcon. Je dévie le regard vers mon bras et revois mon père me tirer dessus sans sourciller, puis Bellamy y enfoncer son pouce sans que je ne ressente la douleur. Je revois son regard. Il m'a regardé comme si j'étais soudainement devenue son cauchemar, sa terreur nocturne. Je pose mes mains sur mon front et ferme les yeux. Je les rouvre pourtant dans un frisson après qu'une femme que je ne connais pas me fait face, la bouche ouverte et la puce entre les dents. Puis elle l'avait recraché. Puis je l'avais assassiné.

- Je suis désolée.., soufflé-je, ramenant mes genoux contre moi.

- Ce n'était pas toi, soupire Bellamy, m'observant avec inquiétude.

- J'ai crucifié Indra vivante, j'ai lancé une attaque qui a tué trente personnes, j'ai assassiné douze innocentes personnes, je t'ai...étranglé.

- Alie l'a fait, m'assure-t-il en glissant sa main droite le long de ma nuque. Alie a tout fait, Rob'. 

Je le sens chercher mon regard et j'ignore ses appels en balayant le mien sur la foule. En me retournant, j'observe Clarke, venir dans notre direction, son nez caché sous quelques restes de sang noir. Elle s'accroupit à mon niveau et me prend dans ses bras. Je passe mon bras valide dans son dos et une partie de mon angoisse disparaît instantanément. Je la sens se détendre à son tour avant de se crisper de nouveau. Elle recule légèrement, sans sourire. Je la fixe attentivement, connaissant par cœur son regard.

- Tu n'as franchement pas la tête d'une personne qui vient de sauver le monde, lui dis-je en haussant un sourcil.

- Parce qu'il ne l'est pas. Pas encore du moins. Je vais te chercher du bandage et je vous explique.

Je soupire et ferme les yeux. Une image d'Alie m'oblige à les rouvrir aussitôt. Bellamy crispe la mâchoire et se rapproche de manière à ce que son bras touche le mien. Il pose son menton sur le haut de mon crâne et sa main gauche vient trouver la mienne. Alors qu'il s'apprêtait à parler, un bruit sourd nous oblige à nous redresser. J'observe Octavia enfoncer son épée dans le ventre de Pike, qui la fixe, déconcerté. Je me tourne légèrement vers Bellamy qui écarquille ses yeux, les lèvres entrouvertes. Pike lâche son dernier souffle avant de tomber lourdement sur le dos. Je dévie mon regard sur Octavia qui tourne sa tête dans ma direction. Elle baisse légèrement son visage, me jette un dernier regard et sort de la salle. Est-ce qu'elle sait pour Indra ? Est-ce qu'elle sait ce que j'ai fait ? Encore une fois, j'attrape la main d'Indra et la traine jusqu'à la croix. Je lui attache les mains autour de la poutre et la fixe, un sourire victorieux au visage.

- Hé, m'interpelle Bellamy. Retire ta veste, ça sera plus simple pour Clarke.

Je lui hoche la tête et Bellamy m'aide à retirer les manches. Je grimace et me mords les lèvres lorsque le cuir frôle ma blessure. Portant un haut ample à manche courte, nous grimaçons en observant la plaie ouverte. Je tends mon bras et je soupire en remarquant que la balle est sortie. Je me tâte le coude pour tenter de repérer des boules de sang, mais rien a l'air infecté. Pas encore du moins.

- La balle est sortie, lui affirmé-je en reposant ma tête contre le mur. Et je n'ai pas d'infections.

Bellamy balaye son regard sur la salle et s'arrête juste derrière moi. Je suis ses yeux et me replace légèrement pour remarquer mon père fixer la blessure. Je me relève aussitôt et lui fais face. Comment suis-je censée rassurer quelqu'un alors que je suis moi-même terrifiée ? Je penche la tête sur le côté, les lèvres tremblantes. Ses yeux sont rouges, ses joues trempées et son regard coupable. Le peu de larmes qu'il me reste se déverse à sa vue. Il me fixe comme si j'étais l'un de ses plus grand regret.

- C'est pas grave, lui dis-je en hochant la tête. C'est pas grave, papa. Regarde, c'est rien.

- Je t'ai tiré dessus...

- Non. Non, c'était pas toi. Tu n'y pouvais rien...c'était... C'est pas grave, je vais bien, tu vas bien... Tout va bien, maintenant.

- Je t'ai tiré dessus, répète-t-il en fixant ses mains.

- Non, tu ne m'as pas tiré dessus, ce n'était pas toi, tu n'étais pas toi. Tu n'as pas eu le choix de prendre la gélule et je sais que tu t'es battu jusqu'au bout pour ne pas l'avaler. Je sais tout ça, ok ? Ça va aller, on va apprendre à se pardonner, ensemble, d'accord ? Rien à changer, papa, tu restes mon père et je t'aime toujours autant.

- Je suis désolé...

- Tu n'y pouvais rien..., dis-je en respirant avec difficulté. Personne n'y pouvait rien.

Il me hoche la tête et je l'attrape avec mon bras. Ses bras entourent timidement mon dos, comme si je risquais de me briser à n'importe quel moment.

- Ça va aller, lui murmuré-je. On va rentrer et tout va bien se passer, d'accord ?

Je le sens vaguement hocher la tête et je remarque Abby s'avancer vers nous, un verre d'eau et de l'antidouleur dans les mains. Je la remercie et me défais de l'étreinte de mon père. Je lui souris légèrement une dernière fois avant qu'Abby ne l'emmène un peu plus loin.

🌙

- Une quoi ?, redemandé-je en tentant de relancer mon cœur.

Clarke soupire et refait les cent pas. Je m'assois sur une pierre et suis des yeux ses mouvements circulaires.

- Une vague de radiations, répète-t-elle. Elle détruira tout et tout le monde.

- On a combien de temps ?, demande Bellamy d'une voix grave.

- Six mois, si les calculs d'Alie sont bon.

- Je ne crois plus cette I.A, affirmé-je à Clarke en arquant les sourcils. Je veux des vraies preuves de son existence.

- C'est vrai, Robin. Becka me l'a montré. La Terre n'est plus viable depuis les bombes. Ce n'est qu'une question de temps avant que l'on ne commence à ressentir les effets des radiations.

- J'arrive pas à y croire... On vient d'exterminer notre dernière ennemie, on était censé pouvoir vivre, soupiré-je en posant une main sur mon crâne.

- Je suis désolée, mais ça ne se fera jamais.

- J'ai besoin d'air.

Je me lève brutalement et sors du hall pour traverser la place du marché. Des gens tentent de regrouper les corps des innocents et de les bénir par la puissance d'Artémis. Ma puissance. Si seulement ils savaient qu'Alie m'avait eu dans ses filets, Artémis deviendrait plus qu'une légende urbaine, une vieille histoire que les doyens raconteraient à la fin des banquets. Artémis ne serait plus rien. Peut-être suis-je déjà plus rien. Un bras s'enroule sur mes épaules et je me tourne timidement vers Bellamy. Il suffit que je fixe ses yeux bruns pour reprendre espoir. Sa main glisse dans mes cheveux roux et il pose tendrement son front sur le mien. Ma main trouve sa joue froide et mes lèvres s'entrouvrent. Pourtant je ne trouve pas la force suffisante pour le rassurer. Mais lui la trouve et à ces mots, je sais que je ne serai jamais "rien".




















- Maintenant c'est toi et moi jusqu'à la fin, petite espionne.





















































FIN DU LIVRE I






















DÉBUT DU LIVRE II
ASHES
disponible en juin 2022









































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𝐀𝐫𝐭𝐞́𝐦𝐢𝐬¹Where stories live. Discover now