CHAPITRE 46 - PLUS JAMAIS

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CHAPITRE 46 : PLUS JAMAIS


Les portes du camp s'ouvrent et les premiers arrivés rentrent retrouver leurs proches. Des larmes, des sanglots, des mots doux et des câlins remplacent l'inquiétude et le regret. Etant la dernière du groupe, j'observe mes amis passer les portes un par un. Je remarque Clarke se placer en face de moi mais je la contourne violemment, baissant le regard. Je sais que si je l'observe ne serait-ce que ces jambes, je reverrais celles cramées des habitants du Mont Weather. Je rentre dans le camp dans une démarche fatiguée et passe devant Bellamy. Je fais un écart devant lui et j'espère qu'il l'a remarqué. Je rentre dans la station et récupère mes affaires dans la chambre. Je retire les vêtements de Maya et les jette violemment sur le lit. Je fourre mes affaires dans un sac. Je retrouve mes vêtements habituelles et sors de la station, laissant le pilotage automatique prendre le contrôle de mon cerveau. Je n'ai pas la foie de réfléchir. Je n'ai foie en plus rien. Je me dirige vers Saturne et le selle après quelques caresses.

- Allez mon grand, retour à la vie sauvage, lui dis-je en lui passant les rênes par dessus les oreilles.

- Tu vas quelque part ?, me demande une voix derrière mon dos.

- Je suis plus une enfant. J'ai pas besoin de ta permission, papa.

- Robin, attends, me dit-il en me prenant le bras. Où est-ce que tu vas ?

- Là où est ma place.

- Robin pardonne-lui, me dit-il en observant Bellamy rentrer dans le camp. Dis lui au moins un mot.

- Non, répondis-je d'une voix tranchante. C'est un assassin. A lui d'endosser les responsabilités de ce titre. 

- C'était pour nous sauver. Pour te sauver. S'ils n'avaient pas fait ça, je ne serais peut-être pas devant toi.

- Non, si Clarke m'avait pas fait perdre mon temps, j'aurais surement tué Cage et tout le monde serait encore en vie. 

Je dévie mon regard avant de reprendre mon calme et mon sang-froid habituel. Je range mes sacs dans des poches accrochées à la selle avant de me tourner vers mon père.

- Robin-

- Je reviendrai, lui dis-je avec un léger sourire. Je reviendrai pour toi. Je reviendrai pour Raven et Octavia. Je te le promets.

Il me hoche la tête et me prends dans ces bras. Je lui souris doucement et sors Saturne de son box. Je monte sur la selle et offre à mon père un dernier sourire. J'emmène Saturne jusqu'au portail et commence à sortir dehors au pas sans regrets.

- Hé ! Stop ! Robin, stop !

J'en étais sûr. Bellamy arrête Saturne d'un coup de rêne et m'oblige à lui faire face. Je tente de calmer le feu qui monte en moi

- Rob', écoute-moi. Je suis désolé-

- Tu es désolé ?, lui demandé-je en descendant brutalement de la selle, effrayant Saturne qui se décale légèrement.

- Oui... Maintenant s'il-te-plaît, rentrons à la maison. J'ai besoin de toi-

- Maya avait besoin de toi, répliqué-je tandis qu'il baisse le regard. Ils avaient besoin de toi. Et regarde où ça les a amené.

- On a fait ce qu'il fallait faire, Robin. On n'avait pas le choix, Cage n'aurait pas arrêté.

- J'aurais pu le tuer. Tuer le seul coupable de tout cet enfer.

- Clarke vient de perdre Finn, elle ne voulait pas t'envoyer dans une mission suicide. Robin, s'il-te-plaît reste, me supplie-t-il, les yeux humides. J'ai besoin de toi. Je tiendrais pas sans toi, dit-il en posant ses mains sur mes joues. Je t'aime plus que tout.

-  Arrête, dis-je en retirant ses mains comme si elles me brulaient le visage. Je peux pas te parler. 

Je me retourne vers Saturne et commençais à descendre l'étrier lorsqu'il pose sa main sur mon épaule. Je sursaute et la retire de suite en frappant son bras. Je le vois grimacer mais il continue à sa battre. 

- Alors quand ? Quand est-ce que tu pourras me parler ?

Je le fixe pour la première fois dans les yeux. J'y vois le réfectoire meurtri, j'y vois son sourire après une de mes blagues, j'y vois ses mains sur le levier, à côté de celles de Clarke, j'y vois les mêmes mains caressées mes hanches et puis j'y vois Maya. Mon regard se durcit et mon ton est froid. Je ne pensais pas avoir la force de pouvoir lui dire ça en face et d'observer son cœur se briser comme le mien l'est. Mais apparemment, l'amour et la tendresse qui me dominaient à chaque fois que je posais mon regard sur lui est désormais remplacé pour la haine et le regret. 

- Non, dis-je durement. Je ne veux pas te parler ni demain, ni dans un mois, ni dans dix ans, ni jamais. T'es un monstre, Bellamy. Je veux plus jamais te revoir dans ma vie. 

Je l'observe se figer et les larmes rouler sur ses joues. Je remonte sur Saturne et lui donne un coup dans les flancs avant qu'il ne parte au galop. Arrivée à la lisière de la forêt, je me retourne et observe mon père s'approcher de Bellamy qui est toujours à la même place, le regard fixé sur l'endroit où j'étais quelques secondes plutôt. Je veux hurler, je veux pleurer, je veux le frapper encore et encore. Et pourtant tout ce qu'il sort de ma bouche est un soufflement. Je détourne mon regard du camp Jaha et Saturne galope entre les arbres.

🌙

- Robin !

Deux petits bras se collent à mon corps et je serre Fiona contre moi. Je prends son visage dans mes mains mais je la vois chercher derrière moi.

- Il est où Bellamy ?

Sous l'entente de son nom un frisson me traverse le corps et je serre la mâchoire.

- Il ne viendra jamais, désolée.

- Fiona !, l'appelle Aramas en arrivant vers nous. Va aider ta sœur.

- Oui, papa.

Elle me sourit et s'en va en direction de sa maison.

- Aramas, dis-je en lui serrant l'avant-bras. Je suis heureuse de te revoir.

- Moi aussi, Artémis. Tu as beaucoup manqué aux filles, je souris légèrement et nous prenons le chemin de sa maison.

- Tu es au courant pour le Mont Weather ?

- Si je suis au courant... Je connais la trahison de Lexa envers ton peuple, en effet. Mais je suppose que tu as réussi tout de même, si tu es devant moi.

- Non, pas vraiment. Mon peuple est sain et sauf, mais pas celui du Mont Weather.

- Que leur arrive-t-il ?

- Plus rien. Ils sont tous morts.

- Clarke ?, me demande-t-il après un petit silence.

- Et Bellamy

- Oh.

- Ils ont abaissé ce fichu levier et les radiations sont entrées. Personne n'a survécu.

- Artémis, je vais être sincère, me dit-il en m'arrêtant. Si mon peuple se faisait exploiter et que le seul moyen de l'en empêcher serait de condamner le peuple du Mont Weather, j'aurais pas hésité une seconde avant de l'abaisser.

Je le regarde la bouche ouverte et le fixe d'un air perdu. 

- Ils ont condamné toutes les personnes qui nous ont aidé, tous les enfants, tous les innocents, Aramas. Ce n'est pas juste.

- La guerre n'est pas juste. Tes sentiments t'ont brouillé le cerveau. Un guerrier ne se préoccupe que de ce qu'il peut contrôler, pas du reste. Première leçon du jour. L'empathie est une faiblesse.

- Je croyais que c'était l'amour.

- L'amour t'aide à te relever et à te faire avancer. L'empathie sera ton ennemie sur toutes tes prochaines missions. J'ai encore beaucoup de chose à t'apprendre encore.

𝐀𝐫𝐭𝐞́𝐦𝐢𝐬¹Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang