𝐀𝐫𝐭𝐞́𝐦𝐢𝐬¹

CHAPITRE 67 - DICERNER LA REALITE

CHAPITRE 67 : DICERNER LA REALITÉ

Nous arrivons à Arkadia durant la nuit. Bellamy a préféré ralentir après les glissements dans la boue et le verglas. Nous arrivons devant le portail et je descends du rover pour aller l'ouvrir. L'air est glacial et mes doigts gelés glissent sur le métal froid. J'attrape le côté du portail et recule rapidement. Bellamy me fait un appel de phare avant de traverser l'allée. Je referme le portail à son passage et m'attarde longuement sur le décodeur. Hors de question qu'une armée de lobotomisés rentre ici comme dans un marché. Je vérifie deux fois que le portail est bien verrouillé avant de trottiner en direction du hangar. Je jette un coup d'œil derrière la station et observe Saturne brouter. Je souris de soulagement. Les portes du garage s'ouvrent et j'y entre juste après que Bellamy est arrêté le moteur.

- Hé, Robin !

Je me retourne et observe Raven trottiner dans ma direction en souriant. J'avance de quelques pas et la prends dans mes bras. Un sentiment de soulagement m'envahit. Tout va soudainement mieux.

- On commençait à s'inquiéter, me dit-elle en posant ses mains sur mes épaules.

- On a eu un petit problème en route.

Elle dévie son regard vers le reste du groupe qui sort du véhicule. Elle nous fixe un par un.

- Où est Luna ?

- En fait, quelques petits problèmes, me corrigé-je. Elle a refusé.

Je me tourne vers l'arrière du rover et observe Bellamy sortir avec Roan désarmé et bâillonné. Raven recule légèrement.

- Et c'est qui, lui ?

- Il est d'Azgeda, soupire Bryan en lui jetant un mauvais regard.

- Le roi d'Azgeda, corrige Clarke. Il nous fera entrer à Polis.

Raven m'échange un regard sceptique. Je hausse les épaules et hoche la tête à Bellamy. J'attrape fermement mon arc en pointant un couloir.

- Par ici, Votre Altesse, ironise Bellamy. Miller, Bryan, venez avec nous.

Je les attends devant le couloir et Miller et Bryan partent en première ligne. Je ferme la marche avec Bellamy.

- Et s'il ne coopère pas ?, lui demandé-je.

- Je vois pas pourquoi. On a le même but final : mettre Ontari sur le trône.

Je lui hoche la tête et fixe les mains immobiles de Roan, attachées derrière son dos. Nous débouchons enfin à la cellule et Bellamy ouvre la grille. En balayant mon regard sur la prison, je revois soudainement Fiona, recroquevillée dans un coin avec Lincoln. Mon cœur se serre et je repasse ce souvenir dans ma tête, comme une image improbable. 

- Hé... Hé !

Je sors de ma stupeur en sentant une pression sur mon épaule. Je remarque que Roan est assit sur un banc, débâillonné et que Miller et Bryan ont quitté le couloir. Je baisse la tête et passe ma main sur ma nuque, d'un geste nerveux.

- Ça va ?, me demande Bellamy en m'auscultant d'un regard.

- Ouais, j'étais juste...perdue dans mes pensées.

En mentant, je fixe le coin et revois une nouvelle fois Lincoln près de Fiona. Et dire que je n'ai pu protéger aucun des deux. Je déglutis difficilement et baisse le regard vers mes mains moites. Je serre ma main sur mon arc. Bellamy me fixe avec perplexité.

- Je suis fatiguée, je vais aller me coucher.

- Tu veux prendre la chambre ?

- Non, je vais prendre mon canapé. J'ai été habitué à cet endroit, répondis-je avec un faux sourire.