CHAPITRE 69 - L'AUTRE MONDE

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CHAPITRE 69 : L'AUTRE MONDE


Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et le premier visage que je vois est le sien. Ma respiration se coupe et je fixe ses yeux vides.

- Je m'occupe d'elle.

Mon père m'attrape brutalement par l'avant-bras et nous passons devant la salle du trône. En ralentissant, j'observe Clarke accrocher à un poteau. Ses yeux s'écarquillent en me voyant et mon prénom résonne dans l'étage. Mon père accélère le pas et nous entrons dans une grande salle lumineuse et vide. Il y a simplement une poutre au milieu de la salle ainsi que des cordes. Je panique et me tourne vers mon père qui glisse sa main dans sa poche.

- Non, attends, le supplié-je lorsqu'il pointe son pistolet sur moi. Je sais que t'es toujours là.

- Contre la poutre.

Sa voix est froide et sans émotion. Il charge son pistolet et m'oblige à lui faire face. Je lui hoche la tête négativement. Il ne tira pas.

- Non, lui dis-je.

Il baisse son pistolet et tire sur mon bras sans hésiter. Un cri aigue sort de ma bouche et des larmes dévalent mes joues. Il m'attrape par le sous de bras et me porte jusqu'à la poutre. Je me relève et il m'attache les mains, les jambes et les bras. Je grimace et fixe la balle à la lisière de ma peau. Il pose son pistolet sur le rebord de la fenêtre, le canon dans ma direction. Je le fixe et essaye de contrôler mes tremblements.

- Papa, je sais que t'es là. Écoute-moi, tu peux vaincre Alie, je le sais.

- Quelle est la phrase de passe ?, m'arrête-t-il d'un ton las.

- Je ne sais pas.

Mon père lâche un léger gloussement. Il fait les cent pas devant moi et je sens la terreur me conquérir.

- Robin, tu sais que quand tu mens, le coin de ta bouche se redresse légèrement ? Bellamy a déjà du te le dire.

- Arrête.

- Alors, dis-moi quelle est la phrase de passe.

- Clarke est la seule à la savoir.

- Ta bouche, Robin, chantonne-t-il, ta bouche.

- Pourquoi je le saurais ?

- Parce que tu voulais te l'implanter.

Je le fixe, perdue.

- Comment...?

- Ton ami Jasper, il a pris la gélule. Et lorsque Raven et toi parliez, il était tranquillement assit dans un coin sombre et vous écoutait.

Je me rappelle soudainement du bruit sourd lorsque je quittais le hangar pour avancer dans le couloir. C'était comme si quelqu'un s'était assit sur du métal. Mais ça a sûrement été l'inverse : c'était Jasper qui s'était levé du métal. Mon cerveau dénie pourtant cette hypothèse.

- Non..., soufflé-je, les sourcils froncés.

- Ça va mieux depuis ta terreur nocturne, en fait ?

Je hurle de rage et tente de défaire mes liens. Mon père m'observe en souriant. Il charge de nouveau le pistolet.

- Je vais te laisser le choix, soit tu me dis la phrase de passe, soit c'est Bellamy qui se prendra la balle. Les gardes viennent d'aller le chercher.

- Tu sais très bien que rien ne me fera parler.

Mon père sort de la poche une gélule et s'approche de moi. Il attrape au passage son pistolet. Il vient se placer devant moi et je tente de garder ma tête droite. Je sers les lèvres et dévie la tête lorsqu'il approche la gélule. Il s'arrête soudainement et fixe un coin de la pièce. Je devine qu'Alie lui communique des ordres. Au même moment, j'entends des bruits de pas précipités provenant du couloir ainsi que des hurlements lointains. Mon père recule soudainement et place le canon du pistolet sur son menton. Son doigt effleure la gâchette. Je perds le contrôle et tente de toutes mes forces de défaire les liens. Je me tourne et retourne dans tous les sens. Je hurle à en perdre les cordes vocales et ma terreur me domine lorsqu'il ferme les yeux.

- Non ! Stop ! Je vais la prendre ! Je vais prendre la gélule ! Arrête !

Les mots s'enchaînent tout seul et je prends conscience de leurs conséquences lorsqu'ils résonnent dans la pièce. La terreur et les sanglots font trembler mon corps tandis que mon père me tend la gélule. Je le fixe, désespérée.

- Je suis désolée, sangloté-je en ouvrant la bouche.

Je ne sais pas à qui je m'exprimais. À lui ? À mes amis ? À moi ? Mon père retire le pistolet de son menton et glisse la gélule dans ma bouche. Je ferme les yeux et referme mes lèvres. Je me hais lorsque je déglutis la gélule. Et encore plus lorsqu'Alie me fait face.

𝐀𝐫𝐭𝐞́𝐦𝐢𝐬¹Où les histoires vivent. Découvrez maintenant