Chapitre 13

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  Il est un peu plus de sept heures lorsque mes yeux s'ouvrent doucement, à mon réveil le beau Kerian se trouve allongé sur le côté face à moi. Mon corps à moitié nu tremble encore de la veille et mes pensées vagabondent sur le déroulement de la soirée. La faible luminosité traversant les rideaux de la chambre du beau blond me laisse entrevoir son visage angélique. Il a l'air si paisible, si calme, si doux. Mais plus que tout, il a l'air inoffensif voir craintif. Son corps musclé recroquevillé sur lui-même lui donne une allure minaudière et enfantine. J'aime le voir endormi de la sorte, j'aime redessiner les courbes de son corps à la seule force de mes yeux encore à demi fermés. Les minutes passent et je sais que je dois partir, il est hors de question que Rachel me retrouve dans le lit de Kerian, endormie et presque nue à quelques centimètres de son corps également plus que dévêtu. Je m'y refuse, tout ne peut pas s'écrouler maintenant.
  Je me lève du lit de mon hôte à pas de loup et enfile mes vêtements de la veille avant de me diriger vers la porte sur la pointe des pieds. Au moment où je pose ma main sur la poignée, le raclement de gorge du beau Kerian derrière moi me fait littéralement bondir sur place, , je n'ai réellement aucune envie qu'il me voit ce matin, c'est étrange, mais j'ai peur, peur de sa réaction. Et s'il ne se souvenait plus de rien du fait de son état d'ébriété de la veille ? Je fais volte-face dans sa direction et par chance, l'adolescent reste endormi. Soulagée, j'enfonce ma main sur la poignée de la porte puis me hâte de quitter la demeure des Duchemin.
  Une fois sur le pas de la porte, je sens que je peux reprendre mon souffle. La rue est si calme, on peut entendre le bruit des oiseaux chantonner dans les arbres et les quelques voitures passer dans les rues voisines mais aucun son déplaisant ne me vient aux oreilles. Je reste quelques minutes dehors, occupée à admirer le lever du soleil rendant un sublime plafond rosâtre avant de me décider à rentrer chez moi. La maison paraît encore endormie, seul le doux ronflement de mon père provenant de la chambre au rez-de-chaussée semble donner un peu de vie à ce lieu d'un silence assourdissant. Je monte les marches deux à deux, priant pour ne réveiller personne et à la seconde où je pénètre dans ma chambre, je m'écroule littéralement sur mon lit, les jambes toujours tremblantes.

– Qu'est-ce que tu as fait Holly ? Je dis à haute voix comme si ça allait m'aider à obtenir une réponse claire et distincte. Évidemment, en vain !

  Les heures passent et je reste là, allongée dans mon lit, comme inerte. Je suis si partagée entre la dizaine de sentiment m'envahissant que je préfère n'en faire ressortir aucun. Si je laissais la joie me transpercer je sautillerai de partout et agirai comme une gamine attardée de huit ans ! Si je laissai la colère ou la tristesse se saisir de moi, je pense que je pleurerai toutes les larmes de mon corps jusqu'à épuisement, or, je ne suis pas faible. Pas quand il n'est pas là, je suis forte lorsqu'il est loin de moi, je suis celle que j'ai toujours été. La maison est si silencieuse que je parviens à discerner le « tic-tac » incessant de l'horloge de la cuisine. Je n'ai pas envie d'écrire dans mon journal, qu'est-ce que je pourrais écrire après tout ? Cher journal, cette nuit j'ai couché avec Kerian et ça ne m'a pas déplu. Cette bonne heure de plaisir passée ensemble me conforte dans l'idée que je suis folle de lui. Vous parlez d'une blague ! Je n'étais à ses yeux qu'un stupide coup d'un soir, il ne se rendra même pas compte de mon départ, ça lui fera un souci en moins à tenter de camoufler. Envahis pas tous ces questionnements je ne vois pas les heures passer, si bien que lorsque je daigne enfin lever la tête sur mon réveil il est près de onze heures. Je m'apprête à me lever quand j'entends le grincement de la porte de ma chambre, je me redresse et tombe nez à nez avec Owen. L'air penaud sur son visage me fait à moitié marrer. Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir ?

– Réveillée ? Souffle-t-il en entrant dans la pièce.

  Il s'étend de tout son long dans mon lit avant de finalement m'accueillir dans ses bras.
Je connais mon frère, je sais pertinemment qu'il n'entre dans ma chambre de si bon matin que si il a fait une bêtise ou bien qu'il est dérangé par quelque-chose. Je prie intérieurement pour que Kerian ne lui ai pas envoyé de message ! Ce serait une idée stupide, genre « Salut mec, bien dormi ? Moi oui, d'ailleurs, je me suis tapé ta frangine hier ! ».

Soulmate - Tome 1Where stories live. Discover now