Soulmate - Tome 1

Chapitre 64

  Il est désormais près de dix-neuf heures, vêtue d'un simple jean troué ainsi que d'un tee-shirt de couleur jaune, j'enfile mes baskets et ma veste en cuir.

– Tu sais que ce jean te fait un cul sublime, Jensen, souffle Kerian à mon oreille tandis qu'il me tire vers mon lit.

– Ah oui ?

Il me fait tomber à la renverse sur le drap et se poste sur moi tout en glissant de doux baisers le long de ma nuque.

– Tu sais qu'Owen pourrait rentrer à tout moment ?

– Alors quoi ? Il ne serait pas content que je veuille faire l'amour à sa petite sœur ?

Il glisse sa main à l'intérieur de mon jean tout en murmurant cette phrase. Je dois retenir un petit cri lorsque ses doigts frais entrent en contact avec ma fleur. Il aspire ma lèvre et mon cri par la même occasion. La tension sexuelle régnant en maître dans la pièce me fait d'autant plus apprécier la situation, sans oublier l'excitation à l'idée que quiconque puisse entrer dans ma chambre.

– Tu veux que j'arrête ? Grogne-t-il en couvrant ma nuque de doux baisers.

Est-ce vraiment une question ? Est-ce-que quelqu'un de normalement constitué aurait la force de dire non dans ce même cas de figure ? Je sais que sa question est rhétorique et qu'il connaît ma réponse.

– Allez bougez-vous de...

Mon frère ouvre violemment la porte de ma chambre à ce moment précis. Kerian étouffe un cri tandis que je blêmis. Il retire sa main de mon jean et se lève d'un bond alors que je vois le visage de mon aîné virer au cramoisie.

– Bon, c'n'est pas que votre petite idylle ne me réjouit pas mais... voir mon meilleur pote se taper ma sœur ça fait un choc. Donc la prochaine fois fermez cette putain de porte à clé, ou mettez une chaussette sur la poignée, merde !

Mon petit-ami se retient de rire en enfonçant sa tête dans ses mains tandis que je murmure un « désolé » plus ou moins audible. Nous descendons les escaliers quelques minutes plus tard et tombons sur ma mère.

– Vous sortez ? Crache-t-elle.

Je ne sais pas ce qu'elle a contre Kerian mais il semble lui taper sur les nerfs. Il est vrai qu'elle l'a toujours pris pour un petit con à l'ego surdimensionné. Ce serait les gênes de son père apparemment ! Mais j'ai la brève impression qu'il la crispe d'autant plus depuis que lui et moi sommes ensembles.

– Oui, on va manger avec Rachel et Kerian, je réponds en attrapant le bras de ce dernier.

– Ne me les ramène pas saouls cette fois.

La voix sèche de ma mère me pique comme le dard d'une abeille. Je sais qu'elle fait référence à la soirée ou je suis allée au LIV et ou Owen est allé boire un coup avec Kerian. Je sais aussi que c'est la même soirée ou lui et Jil ont failli coucher de nouveau ensemble. Elle n'a visiblement toujours pas avalé le morceau. Je ne comprends pas pourquoi, je sais pertinemment qu'elle et madame Duchemin étaient de grandes fêtardes à l'époque, pourquoi est-ce que nous n'aurions pas le droit de faire de même ?
Kerian ne prend pas la peine de répondre à ma mère et nous nous décidons enfin à rejoindre sa voiture. Mon cœur se serre à la seconde où Kerian se propose de conduire tout le monde jusqu'à restaurant/bar. Et même s'il prétend que c'est uniquement parce qu'il sait pertinemment qu'Owen compte boire ce soir, au fond de moi je comprends la réelle raison. L'accident de Kerian quelques mois plus tôt l'a bel et bien marqué mentalement, bien plus qu'il n'ose se l'avouer. Cette crainte de se trouver côté passager me fend le cœur.
En arrivant sur place, une serveuse nous conduit jusqu'à l'étage avant de prendre nos commandes. Je ne peux échapper au regard empli de désespoir d'Owen à la seconde où la serveuse quitte notre champ de vision.