Soulmate - Tome 1

Chapitre 22

– Alors cette Jil sort vraiment avec mon frère ?

– Ton frère n'est qu'un con ! Glousse Peter, un large sourire aux lèvres.

Nous nous mettons à rire tandis que ce dernier nous escorte jusqu'à la salle de littérature.

– Vous sortez ensemble tous les deux ?

La question de Rachel accompagné de son sourire malicieux me font exploser de rire, je ne sais pas vraiment quoi répondre à mon amie, si je dis non ça va certainement blesser Peter, si je dis, oui je mentirais de nouveau à ma meilleure amie.

– Ce n'est qu'une question de temps ! Réplique Peter à ma place.

Il exécute un clin d'œil à mon attention avant de quitter mon champ de vision pour se rendre en direction de sa salle de cours. Rachel et moi entrons dans celle de monsieur Mayers avant de prendre nos places habituelles, je raconte ensuite à ma meilleure amie la journée d'hier, sans bien-sûr mentionner son frère. Rachel me confie ensuite avoir couché pour la première fois avec Julian la veille. Elle a de la chance, Julian s'en souvient au moins ! Nous parlons ensuite de la nouvelle idylle entre Kerian et Jil mais la conversation s'arrête très vite lorsque Rachel remarque le dégoût dans ma voix. Le cours est plus qu'ennuyeux et au bout des deux heures, la cloche sonne enfin marquant la fin de ces insupportables heures de littérature.

– Ce prof est vraiment un somnifère, ricane Julian en agrippant la hanche de Rachel après nous avoir rejoints.

Nous acquiesçons toute deux d'un signe de tête, rangeons nos affaires puis nous apprêtons à sortir de la salle quand une imposante main se saisit de mon bras. C'est avec frayeur que je tombe nez à nez avec mon professeur, un sourire lubrique aux lèvres.

– Holly, j'aimerai te dire un mot s'il te plaît.

J'accepte à contre cœur, bien consciente de ne pas réellement avoir d'autre choix. Je confie à Rachel que je la rejoindrai en cours de sport avant qu'elle ne quitte la pièce. Monsieur Mayers affiche un large sourire avant de fermer la porte de sa salle. Je prends alors place sur la table juste en face de son bureau et croise mes bras. Je n'ai pour ainsi dire aucune envie de me retrouver dans cette salle avec lui, et je regrette de ne pas avoir dit à ma meilleure-amie de rester avec moi.

– Tu n'as pas participé durant tout le cours et pourtant je sais que tu connais parfaitement le livre que nous étudions, il y a une raison précise ? C'est mon cours ou bien... je ne sais pas.

– Non, ce n'est pas votre cours disons que... ce sont des problèmes personnels, je n'ai pas vraiment la tête à ça, mais je suis désolé je vais me reprendre c'est promis.

Je bondis de la table et marche d'un pas décidé en direction de la porte de la classe située à ma gauche, bien décidée à mettre fin à la discussion.

– J'espère, je n'ai pas envie de perdre une brillante élève comme toi.

L'homme d'une trentaine d'années se lève de sa chaise de bureau avant de s'approche de moi, j'exécute un pas en arrière mais l'homme est assez proche pour que je puisse sentir les horribles effluves de café s'échapper de sa bouche à chaque expiration.

– Perdre ? Je murmure.

– Que tu te perdes dans le programme à cause d'une histoire de garçon.

Je lève un sourcil et croise de nouveau mes bras.

– Comment est-ce que vous savez de quoi il s'agit ?

– Je t'ai vu avec Kerian, et je connais la manière dont il agit bien mieux que ce que tu ne crois.

Les observations très loin du cadre professionnel de monsieur Mayers me donnent froid dans le dos. Kerian et moi avons rarement étés ensemble au lycée, pas plus de trois ou quatre fois, peut-être a-t-il entendu parler de l'épisode de la cantine et des vestiaires ? Mais peu importe ce sont des sujets que je n'ai aucune envie d'aborder, et encore moins avec un professeur lubrique et pervers.

– Il n'y a rien entre Kerian et moi.

Je conclus cette discussion en attrapant mon sac que j'ai négligemment laissé tomber sur le sol puis me dirige très vite vers la porte de la salle, lorsque je sors de la classe mes poumons peuvent enfin s'emplir d'air. J'ai l'impression d'avoir retenu totalement ma respiration durant l'intégralité de ces dernières minutes. Une fois sortie, je m'élance dans le long couloir principal et avant de passer la porte menant au stade je tombe nez à nez avec l'imposante silhouette du frère de ma meilleure-amie, Kerian, génial ! Je remarque cependant qu'il n'est pas avec Jil et je dois avouer que ce détail m'apaise légèrement. Je n'aurais pas supportée de voir à nouveau cette garce récurer l'intérieur de la bouche de Kerian.

– S'il te plaît, écoute-moi.

Le lourd bras de Kerian se saisit violemment de ma main. J'hésite un moment à lui en coller une, je me ravise finalement. Si je le fais, il aura gagné, il aura réussi à me faire tomber dans son piège. Il est hors de question que je porte la moindre attention à sa supposée idylle avec Jil.

– Quoi Kerian ? Qu'est-ce que tu veux m'expliquer ? Je n'en ai strictement rien à faire que tu sortes avec cette conne, ce que je veux c'est que tu me laisse tranquille.

– Non, Holly ce n'est pas ce que tu crois.

– Ce n'est pas ce que je crois ? Alors quoi Kerian, tu vas me dire que tu ne sors pas avec elle ?

– Si, mais...

– Et depuis ce week-end ?

– Oui, Holly mais...

– Tu vois Kerian, c'est exactement ce que je crois, tu te tape ta rouquine et dès qu'elle n'est pas là tu entres en douce dans ma chambre pour me retourner le cerveau. Ose me dire que ce n'est pas ce que tu fais.

– Putain mais tu vas m'écouter à la fin ?

La voix de Kerian est tremblante, je ne l'ai jamais vu comme ça, je sais qu'il est mal mais je veux qu'il le soit au moins autant que moi, je veux qu'il souffre comme j'ai souffert, qu'il espère comme j'ai espéré. C'est finalement très simple de passer de l'amour à la haine, et cette histoire me l'a bien prouvé.

– Non Kerian, parce-que si je t'écoute je vais me mettre à pleurer, ensuite j'essaierai de démêler le vrai du faux parmi tout ce que tu me diras et je finirai par te pardonner. Et dans quelques jours tu me mettras encore dans ton lit, on couchera ensemble et tu diras encore que tu ne te rappelle de rien. Et puis tu me feras de nouveau souffrir avant de me faire miroiter monts et merveilles et ainsi de suite, c'est un cercle vicieux et le seul moyen de s'en sortir c'est de briser ce cercle, il faut bien que quelqu'un ai le courage de le faire alors je le fais. Toi et moi il ne se passera plus rien, plus jamais tu m'entends ?

En reprenant mon souffle, je me rends compte que des larmes ont perlées sur mon visage, mais ça rendra peut-être mon discours plus poignant ?

– Coucher ensemble ?

Et merde, je lui ai dit ! Mais qu'est-ce qu'il m'a pris ? Je ne prends pas la peine de répondre à sa question, je ne veux pas d'autre explications, je n'ai même aucune envie de me remémorer cette nuit. Je dévale les escaliers menant au stade et rejoins Rachel et Julian, sous le regard attristé du beau blond.

– Qu'est-ce qu'il te voulait, Kerian ? Me demande-t-elle alors que nous nous dirigeons vers les vestiaires.

– Aucune idée, sûrement me faire une petite remarque sur Jil, je ne l'ai pas laissé finir.

– Ce type est un crétin, j'ai hâte qu'il se tire à la fac.

– Tu l'as dit.