Soulmate - Tome 1

Chapitre 60

– Une remarque de travers et ce salaud se prend mon poing dans la gueule, jure Rachel tandis que nous entrons dans la salle.

Il n'y a pas à dire, elle est bel et bien la sœur de Kerian !

Je n'arrive pas à croire tout ce que j'ai déjà traversé depuis ce début d'année. Nous ne sommes que mi-octobre et j'ai l'impression d'être au lycée depuis déjà des années ! Les années lycées ne devraient pas être si compliquées, elles devraient permettre de se trouver et de cerner son vrai « soi ». Mais peut-être est-il nécessaire de passer par toutes ces étapes pour se trouver enfin ? Une chose est sûre, je sais désormais qui je ne suis pas ou du moins qui je ne suis plus ; Une adolescente banale enveloppée dans sa carapace de « petite grosse », une suiveuse sans expérience et sans la moindre jugeote, une enfant naïve et dénuée de la moindre maturité. Tout ça semble si loin de moi.

– Bien, dépêchez-vous de sortir vos affaires et d'ouvrir votre livre là où nous nous étions arrêtés.

Ce n'est pas vrai, le livre. Je m'assieds à ma table et fait mine de le chercher dans mon sac, je sais pertinemment que je ne l'y trouverais pas. Je crois l'avoir balancé il y a quelques jours en repensant à ce type lubrique et dégoûtant.

– Vous ne nous avez toujours pas dit ce qu'il est arrivé à votre visage, monsieur !

La remarque d'un garçon au fond de la classe fait rire tout le monde, mise à part Rachel et moi bien-sûr, j'ai cependant bien envie d'entendre sa réponse, ou plutôt le mensonge qu'il compte inventer.

– Je me suis battu, Luck. Je te demande de respecter ma vie privée.

Il s'est battu, cette fois je ne peux m'empêcher de rire. Kerian lui a infligé des coups sans que l'homme ne lui rende une seule de ses attaques !

– J'espère qu'il a pris plus cher que vous, chantonne une autre fille.

Sa voix mielleuse me révulse, si seulement elle savait, si elle savait que ce sombre connard a tenté d'abuser de moi quelques semaines plus tôt !

– Ça ne saurait tarder.

Son regard lubrique se pose sur moi.

– Jensen, vous n'avez pas votre livre ?

– Non.

Ma réponse est comparable à un murmure.

Comment peut-il encore s'adresser à moi ? Comment peut-il encore oser me regarder dans les yeux après ce qu'il a tenté de faire ? Il faut croire qu'il aime jouer avec le feu. Mais comme j'aime à le dire, trop jouer avec le feu c'est risquer de se brûler les ailes.

– Bien, sortez de mon cours alors. Je n'accepterai plus les tirs au flan dorénavant. Passez chez le principal il saura quoi faire de vous.

Les rires s'élèvent d'autant plus. Mon regard se pose sur Rachel, je sens la colère lui monter et je dois lui murmurer un « c'est bon » pour qu'elle abandonne l'idée de se lever pour étrangler ce crétin de professeur.

Je me lève de ma chaise sans même adresser un regard à l'homme dos au tableau, range mes affaires et titube jusqu'à la porte de la salle. Un regard dans sa direction et je sens que toute la colère portée contre ce type pourrait bien exploser au beau milieu de la salle.

– Holly, dis à ton père, le principal, que je passerai pendant la pause.

La voix de Rachel fait taire tout le monde, lorsque je me retourne vers elle un large sourire satisfait se dessine sur son visage. Je fais volte-face vers le professeur, surprenant son visage se décomposer. Il semble pris au dépourvu et vire indubitablement au blanc, une pâleur cadavérique encercle son visage. Ce n'est pas vrai, il ne peut pas être assez idiot pour ne pas avoir fait le rapprochement ? Là, il n'y a pas à dire, il est pris de court.