Chapitre 50

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  L'imposante voix de mon père raisonne dans toute la rue, me faisant presque oublier toute la haine habitant mon être quelques secondes plus tôt. Peter se relève, penaud tandis que Jil ne quitte pas Sandy des yeux. Kerian attrape mon bras et nous suivons le principal, autrement dit mon père, dans son bureau.

– D'abord vous.

Mon père pointe du doigt Kerian, Rachel, Owen, Sandy et enfin moi. Une fois dans le bureau nous ne pouvons nous empêcher de nous lancer des regards successifs. Me jeter tel un animal sur ce connard de Peter m'a fait un bien fou. Si bien que c'est incroyablement détendue que je me présente face à mon père.

– Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi ma fille et sa meilleure-amie se retrouvent en train de se battre devant mon lycée de si bon matin ? Et un lundi en plus ! Beugle-t-il.

– C'est eux qui ont fait ça à Kerian, je crache sans prendre la peine de réfléchir.

– Quoi ? Vous en avez la preuve ?

– Non... mais...

– Alors tu ne peux pas affirmer ça, Holly.

Kerian prend place sur la chaise face au bureau tout en écrasant sa tête dans ses mains.

– Vous voyez quelqu'un d'autre, monsieur Jensen ? Honnêtement. Holly a elle-même eu des problèmes avec eux à de multiple reprises. Je doute vraiment que quelqu'un d'autre ne m'en veuille assez pour bousiller mes freins.

– Et pourquoi t'en veulent-ils autant ?

– J'ai rompu avec Jil récemment. Et en ce qui concerne Peter et bien Holly et moi... euh...

Mon père ouvre de grands yeux tandis que Rachel manque de s'étouffer, la réaction de ces deux-là ne manque ni à mon frère ni à Sandy qui ne peuvent s'empêcher de rire. J'avoue devoir retenir un ricanement en voyant la gêne de Kerian face à l'expression d'étonnement de mon père.

– On s'en fout du pourquoi, souffle Rachel, l'important c'est que Jil et Holly se sont déjà battues et que Peter l'a également frappé. Elle a dit des choses horribles à mon frère et a frappé Sandy.

Je suis vraiment étonnée que Rachel nous ai sorti de cette gênante impasse, je pensais avoir encore droit à un de ses regard menaçant ou bien à une de ses réflexions bien connues.

– Tu t'es battue avec Jil ?

– Oui, papa. On en parlera plus tard s'il te plaît.

C'est Sandy qui prend alors la parole, la voix presque tremblante.

– Croyez-moi, monsieur Jensen, c'est de ces deux-là que vous devez vous occuper. La dernière fois que je me suis battue avec elle je me suis faite renvoyer pour la simple et bonne raison qu'elle s'est mise à pleurer devant l'ancien principal.

Nous nous tournons tous vers la belle métisse d'un air hébété. Je n'avais jamais entendu parler de cette bagarre et visiblement je ne suis pas la seule. Mon père, étant principal ici depuis deux ans, ça ne m'étonnerait pas que cette altercation se soit déroulée durant leur première année. Après tout, selon les dires, c'est un peu avant la mort de Luna que Jil aurait commencée à devenir la petite pétasse sans cœur qu'elle est désormais.

– Bien, mais je ne peux pas vous laisser partir sans rien, on m'accuserait de favoritisme. Ce sera donc une heure de colle pour vous les filles, et vous les garçons, tentez de les tenir loin des arènes de combat !

Mon père ne peut s'empêcher de rire, soulagée, je fais de même. Ça aurait pu être pire, je sais pertinemment que j'aurais pu être renvoyée si mon père n'occupait pas ce poste.

– Et toi, Kerian, tu devrais... aller voir la police pour parler de cette histoire de sabotage de freins, et fait attention avec... enfin, prend soin d'elle.

Kerian retient un petit sourire, je commence à le connaître parfaitement et je sais qu'à ce moment précis un énorme sourire tente de transpercer son visage balafré. Je ne sais pas vraiment s'il s'agit d'une forme gêne ou bien du fait que mon père lui ait donné l'autorisation de sortir avec moi en dépit de l'interdiction de sa sœur, mais il semble ravis. Si bien que j'ai du mal à camoufler cette joie partagée.

Kerian remercie mon père avant de finalement se lever de la chaise pour regagner la porte du bureau. Nous suivons le beau blond à la béquille jusqu'à l'extérieur de la pièce ou Jil et Peter attendent encore. Je dois me retenir pour ne pas fondre sur miss pétasse, les yeux rougis par les larmes. Sandy avait raison, elle compte bien simuler une nouvelle fois ! Mais j'en reste bouche bée en apercevant la rouquine, murmurant une excuse à l'oreille de la belle métisse tout en effleurant sa main. Je n'en reviens pas, j'aurais pu presque la croire si je ne commençais pas à bien connaître le personnage de Jil Wakers.

– Tu peux me dire quand toi et elle vous êtes battues ? Crache mon frère en attrapant le bras de sa petite amie.

– Tu ne te rappelle pas que c'est avec elle que tu m'as trompé la dernière fois ?

Je manque de m'étouffer. J'ignorais totalement le fait que Jil ait été la raison de cette rupture. C'est cependant la mine penaude se Sandy qui me chagrine et m'interpelle. J'espère qu'elle n'a pas cru aux excuses de Jil.

– Euh... si.

– Elle s'en est vanté auprès de moi. Et puis... elle a dit d'autre chose me concernant et les choses ont dégénérées.

Alors que tout le petit groupe fait face à un silence de mort, des bruits de pas attirent presque instantanément notre attention dans le couloir. Je crois avoir une attaque en voyant le long et imposant corps de monsieur Mayers. Quelques égratignures couvrent ses joues légèrement mates tandis qu'il semble traîner difficilement son pied gauche. Je n'en reviens pas, jamais je ne me serais imaginé qu'il oserait revenir ici. Il faudrait être stupide ou bien suicidaire pour revenir enseigner au lycée après ce qu'il m'a fait ! Enfin, ce qu'il a tenté de me faire, car il est évident que j'ai été très chanceuse ce jour-là.

– Dites-moi que c'est une putain de blague.

Kerian a les poings serrés et rougit à vue d'œil.

– Qu'est-ce qu'il fout la ? Souffle Rachel en attrapant mon bras.

L'homme de la trentaine se rapproche de nous avec un sourire lubrique, il me dégoûte. Non, sérieux il mériterait d'être en taule à cette heure-ci. Et je suis sûre qu'un petit tour en cellule lui remuera bien les méninges surtout entouré de prisonniers ne demandant que de la chair fraîche à se mettre sous la dent.

– Je vois que ton sauveur est blessé, chantonne-t-il en se postant juste devant nous.

– Je vois que vous avez été assez stupide pour ne pas quitter la ville, réplique Kerian en avançant d'un pas.

– Je vais aller voir les flics, et vous irez en taule.

Je sais que je parais stupide, je n'aurais jamais le cran d'aller porter plainte. Il pouffe d'ailleurs de rire.

– Et je vous garantis que ce n'est pas très jolie ce qu'ils font au petits nouveaux. J'espère que vous ne tenez pas trop à votre petit cul.

Je ne peux pas m'empêcher de rire face à la remarque de Rachel.

– Voyons Holly, nous savons tous les deux que tu ne le feras pas. Tu sais, ce n'est pas la première fois que Kerian s'en prend à moi. Comment elle s'appelait déjà ? Ah oui ! Luna Marshall ! Quelle incroyable créature. C'est d'ailleurs elle qui est venu me trouver.

Une minute, Luna n'aurait pas osée coucher avec ce type ? Je commence tout juste à comprendre l'amertume de Kerian envers ce professeur.
Il exécute un signe de main à l'attention de notre groupe avant de finalement s'écarter, il parait si heureux, sa joie me donne la gerbe. 

Soulmate - Tome 1Where stories live. Discover now