Chapitre 37

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 – Je veux que tu dégages de chez moi.

Rachel n'a pas crié, je peux cependant percevoir toute la haine dans ses yeux et le dégoût dans sa voix, j'aperçois des larmes de colère rouler le long de ses joues et une veine apparaître sur son front, elle ressemble tant à son aîné. Mais merde, Holly, tu viens de te faire prendre la main dans le sac par ta meilleure amie et tu penses encore à lui ! Je balaye le visage du beau blond de mes pensées tout en retenant le bras de Rachel qui me repousse violemment.

– Peter m'a tout raconté, il vient de m'appeler. Si tu savais à quel point je te déteste, je ne peux pas croire que tu aies désobéis à cette règle, je ne peux pas croire que tu te sois tapée mon frère.

Cette fois, elle ne retient pas ses larmes et celles-ci coulent à flot sur son joli minois. Voir Rachel dans cet état me brise le cœur, mais je ne peux pas dire que je ne m'y attendais pas. Je savais depuis le début que cette relation était vouée à l'échec, que nous ne ferions que blesser les gens autour de nous, et pourtant j'ai eu la cupidité de me dire que tout ça pourrait rester caché, que Rachel pourrait peut-être comprendre ce que je ressens, qu'elle agirait comme une meilleure amie que moi puisqu'elle serait heureuse pour moi. Visiblement, je me suis mis le doigt dans l'œil.

– Alors toutes les références aux règles dans le cours de Mayers, c'était pour ça ? Depuis quand ça dure, Holly, depuis quand est-ce que tu te le tapes ?

Rachel fait les cent pas dans sa chambre ce qui a le don de me donner le tournis, je m'adosse au mur près de la porte en enfonçant ma tête dans mes mains. Comment est-ce que je vais bien pouvoir me tirer de cette histoire ? Est-ce qu'il existe encore un quelconque moyen de sauver les débris de cette amitié volant en éclat.

– Je ne sais pas vraiment, enfin... un moment, je crois.

– Ne parle pas de ce salaud de Mayers, Rachel, intervient Kerian tout en faisant irruption dans la chambre.

Sa main se pose presque instantanément sur mon épaule. Et la mine effarée de Rachel f ace au comportement protecteur de son aîné me prend d'autant plus aux tripes. Je peux distinguer toute la haine portée à ce dernier à la simple vue de son regard.

– Pourquoi ?

– Ce fils de pute a essayé d'abuser d'elle. Mais bien-évidement t'es bien trop... bien trop conne et bornée pour t'en rendre compte, pour la laisser t'en parler.

Je sens que Rachel aimerait avoir de la compassion pour moi, mais je sais aussi qu'elle s'y refuse. Niveau fierté je sais pertinemment que la belle blonde en est bien plus dotée que Kerian, et je sais également que, tout comme son aîné, il est très rare qu'elle ne daigne s'excuser. Après tout j'en ai fait les frais toute ma vie !

– Et toi tu es arrivé sur ton putain de cheval blanc pour venir en aide à la jouvencelle en détresse ! Dis-moi, Kerian, c'était avant ou après l'avoir mise dans ton lit ?

Sa question nous choque tous les deux, j'arbore un regard honteux tandis que Kerian garde le silence, il sait que je n'ai aucune envie de révéler le moment le plus intime de ma vie, et je suppose que Rachel n'aimerait pas savoir que nous n'avons pas couchés ensemble qu'une fois, et d'autant moins le petit jeu installé entre nous depuis son retour de France.

– Je t'avais prévenu à propos de ce prof, je t'avais dit qu'il avait une manière bizarre de te regarder, mais visiblement tu n'en a fait qu'à ta tête, alors quoi ? Lui aussi tu l'as chauffé ? Comme Kerian ? Et sûrement comme Peter !

Ses paroles blessantes parviennent à faire rouler quelques sanglots le long de mes joues, je sais que j'ai fauté mais je ne m'attendais pas à cette réaction disproportionnée et ridicule, je n'ai pas le moins du monde choisi d'être attirée par Kerian; ça m'est tombé dessus comme ça, et il est juste inhumain de reprocher à une personne une chose qu'elle est tout bonnement incapable de contrôler, incapable de nier et par-dessus tout, incapable de refouler.

– Je suis sincèrement désolée, Rachel, mais tu ne sais pas à quel point tu m'as laissé tomber ces temps-ci, depuis que tu es avec Julian toi et moi on ne se voit plus, et puis Kerian a fait tellement pour moi tu ne t'en rends pas compte.

– Oh mais si, je m'en rends parfaitement compte ! Et j'ai le plaisir de t'annoncer qu'il a fait tout ça dans le seul et unique but de te sauter ! Maintenant sort de chez moi, je ne veux plus te voir.

Elle se rue dans ma direction pour me repousser violemment jusqu'à la porte de sa chambre et me refermer la porte au nez, la colère de Kerian monte en flèche et je sens bien que je ne vais pas pouvoir la retenir bien longtemps si nous restons dans ce couloir sombre. Je dévale les escaliers suivie de Kerian pour finalement traverser la rue en courant, il m'emboîte le bas. Lorsque je m'apprête à ouvrir la porte, un grand métisse sort de sa voiture et se plante devant la maison, j'entends le souffle de Kerian s'accélérer et je peux même distinguer son pouls battre à une vitesse inhumaine. Je laisse les clés dans la serrure pour celui vers celui que je reconnais instantanément comme étant Peter avant de lui envoyer la gifle la plus forte que je n'ai jamais osé livrer. A vrai dire ce n'est pas dans mes habitudes ! La baffe fait un tel bruit que je l'entends raisonner dans toute la rue brisant la sérénité nocturne régnant au part avant.

– Tu as tout dit à Rachel ? Espèce de connard.

Une autre gifle m'échappe, celle-ci moins forte mais tout de même douloureuse, Peter pose sa main sur sa joue rosie par les coups qui viennent d'y être administrés et ferme les yeux.

– Je regrette, je suis désolé, Holly. Mais je... je t'aime !

J'entends un grognement venant de Kerian derrière moi et je ne peux m'empêcher de rire, non seulement pour le signe de mécontentement du beau blond mais également pour la stupidité de la soi-disant « révélation » de l'horrible Peter.

– J'espère que c'est une blague ? Tu oses me dire que tu m'aimes après m'avoir presque avoué que je n'étais sensée être que la stupide réplique de Luna pour ton jeu stupide ? Rappelle-toi, je ne suis qu'un pari !

– Ça n'a rien à voir avec Luna, je t'ai toujours trouvé jolie. Mais comme je te l'ai dit Kerian nous a toujours interdit de nous approcher de toi. Alors quand ce pari a commencé...

– J'avais une bonne raison, crache-t-il en se ruant vers le métisse pour l'attraper par la nuque. Ouvre encore une fois la bouche et j'explose ta gueule de con.

– Bas les pattes tueur, je peux encore aller voir les flics pour tout leur révéler ! Ou... je peux aussi parler de tes petites magouilles.

Cette simple information attise la haine de Kerian qui laisse échapper un coup de poing monumental, je sais que personne ne pourra m'aider à arrêter le beau blond s'il devient ingérable. Et pourtant, lorsque je lui hurle de monter m'attendre dans ma chambre, il lâche Peter et a un instinctif mouvement de recul, je ne sais pas si ce sont mes larmes ou mon ton plus qu'autoritaire mais ça semble avoir marché. La voiture de mon frère se gare sur le trottoir, il en sort à toute vitesse et tombe dénue à la vue du visage de nouveau ensanglanté de Peter.

– Casse-toi de chez nous, crache-t-il en agrippant l'épaule de Kerian, l'attirant jusqu'à l'intérieur de la maison.

Je les suis et nous montons à toute vitesse dans ma chambre. Mon frère semble furibond et je le comprends totalement, nous allons maintenant devoir tout lui révéler, bien-sûr si Peter ne l'a pas encore fait !

– Je sais tout.

Kerian se laisse tomber sur mon lit. Il ne semble pas vraiment étonné, comme s'il était au courant, il n'aurait pas osé en parler à mon frère ? C'est alors que ma conversation avec Sandy me revient soudainement en mémoire. Je ne sais pas quoi penser mais c'est trop tard pour trouver un mensonge ou bien une excuse bidon. Il est plus que temps que nous assumions les conséquences de cette pseudo-relation.

– Je n'accepte pas cette relation. Putain pas du tout, beugle-t-il. Mais étant donné que vous êtes tous les deux des têtes de mules; j'imagine que vous n'en ferez qu'à votre tête.

Nos regards se croisent et un léger sourire apparaît sur ses lèvres, je ne peux m'empêcher de virer au cramoisie, et dire que je pensais que mon frère serait d'autant plus furieux que Rachel ! Il me surprendra toujours.

– Mais que les choses soient claires. Un pas de travers de ta part, Kerian, et je te tue.

Le grand blond glousse avant d'exécuter un hochement de tête, amusé.

Soulmate - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant