Chapitre 49

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  J'ai décidé de sécher les cours du vendredi pour rester avec Kerian. Il est hors de question que je ne le laisse seul à nouveau. Lorsque j'arrive aux alentours de neuf heures du matin, mon beau blondinet a les yeux encore fermés. Je prends place sur le fauteuil juste en face du lit d'hôpital tout en feuilletant mon bouquin de littérature. Monsieur Mayers n'est pas revenu depuis l'altercation avec Kerian et je trouve louche que personne ne s'en inquiète.

– Holly ? Murmure la douce voix de Kerian tandis qu'il ouvre difficilement ses yeux.

– Oui, je suis là.

Je me précipite vers son lit pour déposer ma tête dans le creux de son cou.

– Tu n'es pas en cours ?

Sa voix est encore faible, pas étonnant avec ce qu'il vient de vivre ! Il aurait pu se tuer lors de cet accident de voiture.

– Non, je voulais rester avec toi.

Il esquisse un petit sourire et enlace sa main libre dans la mienne.
Je n'arrive pas encore à croire que je me retrouve dans une chambre d'hôpital à veiller sur mon petit-ami qui n'est autre que Kerian Duchemin. Si on m'avait raconté ça quelques mois plus tôt je me serais sûrement tordue de rire en traitant la personne d'aliénée ! Et pourtant me voilà ici, à ses côtés, main dans la main. Ce sera certes un souvenir horrible, mais je ne veux jamais l'oublier, je ne veux jamais oublier qu'un jour un salaud a bousillé le frein de la voiture de mon petit ami. C'est étrange, non ? Je sais pertinemment que je m'en rappellerais. Pourquoi ? Parce-que notre cerveau se souvient bien plus des mauvais souvenirs que des bons, il se cramponne aux ruptures de rythme en laissant de côté la douce mélodie de notre presque perpétuel bonheur. Mais quoi qu'il en soit cette rupture de rythme sera le plus doux des mauvais souvenirs, parce qu'en dépit de cet accident je me rends compte que je compte réellement pour Kerian et également que nous avons eu énormément de chance autant lui que moi. Qui sait ce que je serais devenue si on me l'avait arraché si brutalement ?

– Il t'a plu au moins ? Demande-t-il en baissant les yeux vers le collier que j'ai accroché la veille au soir.

– Il est sublime. Tu n'aurais pas dû.

– C'est toi qui est sublime mon ange. Je ne... sais pas ce que je ferais sans toi.

Ses mots doux entrent en moi comme la plus belle preuve de son amour. Il me l'a, certes, déjà dit. Mais le voir allongé sur un lit d'hôpital, le visage totalement tuméfié et l'épaule ainsi que le bras enroulés dans une écharpe d'immobilisation rend sa marque d'affection d'autant plus adorable.

– Je t'aime, Kerian, je conclus avant de déposer délicatement mes lèvres sur les siennes.

***

Le week-end s'est passé sans trop de soucis et Kerian a enfin pu sortir dimanche dans l'après-midi. Mon frère, Rachel et moi sommes allés le chercher et l'avons ramené jusqu'à chez lui. J'ai la vague impression de ne pas avoir fermé l'œil du week-end. Il faut dire que j'ai dû dormir quatre heures à tout casser depuis vendredi soir. Kerian et moi n'avons jamais autant parlés, il m'a raconté tant de souvenirs d'enfance que j'ai l'impression d'avoir toujours été à ses côtés, comme un alter-ego.
Nous voilà donc à lundi matin. Je n'ai vraiment aucune envie d'aller en cours et j'appréhende le retour de Kerian au bahut. Nous n'avons pas encore vu Peter et Jil mais j'ai la vague impression que tout ça va mal tourner. Qu'importe, nous ne pouvons pas nous cacher toute notre vie. Je sais aussi que, même si Rachel n'ose rien dire pour le moment, mon week-end passé avec son frère l'a réellement ennuyée. Mais il était hors de question que je n'agisse autrement. Et tant pis si ça ne plaît pas ; madame Duchemin a raison, Rachel est ma meilleure amie et elle devrait me comprendre plus que quiconque.
Je monte rapidement dans la voiture de mon frère ou Rachel et Kerian m'attendent déjà. Mon petit-ami porte une écharpe de mobilisation autour d'une de ses épaules et doit tenir une béquille de l'autre main, il aurait un problème au genou dont je ne connais pas la nature, à vrai dire j'ai toujours eu une dent contre les matières scientifiques ! Lorsque mon frère démarre, mon regard ne parvient pas à quitter le doux visage de Kerian. Il semble effrayé. Si je ne redoutais pas la réaction de Rachel j'aurais sûrement serré la main de mon petit-ami, faisant de mon mieux pour tenter de le rassurer. La crainte de Kerian se ressent à chaque coup de frein trop excessif ainsi qu'au moindre virage qu'a le malheur de prendre mon frère. Je peux voir sa main blanchie par la force avec laquelle il empoigne sa béquille, et cette image me brise le cœur.

Soulmate - Tome 1Where stories live. Discover now