Soulmate - Tome 1

Chapitre 62

– Je peux vous servir un apéritif ? Chantonne-t-elle de la voix la plus séductrice que je n'ai jamais entendue.

Je croise mes bras et me laisse retomber sur le dossier de ma chaise, mon petit-ami ne daigne même pas la regarder. Quand il pose enfin les yeux sur la femme âgée de la vingtaine elle ouvre de grands yeux et exécute un large sourire. J'espère que c'est une blague, je suis à deux doigts de lui lancer un verre d'eau au visage dans le but de la refroidir cette pétasse. Seul problème : je n'en ai pas à portée de main.

– Une bière pour moi, lâche Kerian en détournant rapidement son regard de la serveuse.

– Et un coca.

La femme semble surprise en entendant ma commande, je me reprends rapidement.

– Je veux dire, un sex on the beach.

J'ai entendu le nom de cette boisson dans quelques films, j'ose espérer qu'elle sera si bonne que ce qu'elle paraît !

– Vous avez l'âge ?

Le ton hautain de la brune me fait sortir de mes gongs. Je serre ma serviette avec une telle force que je crois la déchirer.

– Bien-sûr qu'elle a l'âge. C'est quoi ton problème, Dana ?

C'est bien ce que je me disais, Kerian connaît cette fille. Je me demande bien pourquoi ! Evidemment c'est ironique, je me doute que cette fille a dû faire un tour dans son lit. Enfin je veux dire dans la chambre d'amis !

– C'est drôle, j'aurais juré que tu étais la sœur d'Owen Jensen.

– Tires-toi, sinon je te jure que je m'arrangerai pour te faire renvoyer, grogne Kerian en tapant sur sa table faisant se retourner une famille non loin de nous.

Elle s'exécute et semble même fière d'elle. Là, c'est sûr ; je déteste cette Dana.

– Putain, j'aurais dû t'emmener autre part, je ne savais pas qu'elle travaillait ici.

Il attrape ma main posée sur la table tout en baissant les yeux. Cette soirée avait si bien commencée, c'était visiblement bien trop beau pour être vrai !

– C'est une de tes conquêtes ?

Il s'étouffe et ricane, alors quoi ? Le mot « conquête » le fait rire ?

– Putain, non ! C'est la sœur d'Evy. Elle m'a collé à deux ou trois soirées parce-que je refusais de coucher avec elle.

– Tu refusais de coucher avec une fille ? Vraiment ?

Mon ton est cru et je suis consciente que ma phrase va le blesser mais je ne peux faire autrement. Je suis irrémédiablement jalouse de la sœur de ma nouvelle amie Evy. Comment une fille adorable comme elle peut avoir une pétasse comme grande sœur ?

– Ouais, Evy et moi on passait des soirées ensemble de temps à autre. Je veux dire avec Owen, Peter, Sand, Jil, Luna et elle quand les filles pouvaient encore se voir. On s'est toujours dit qu'aucun de nous ne pouvait toucher aux membres de la famille. Comme Rachel et toi.

– Ensemble ? Je pensais que vous ne pouviez pas vous voir depuis la rentrée au lycée. Depuis que Peter vous avait présentés Jil, Luna et Sandy ?

– Peter a ramené Luna, mais Jil et Sandy sont venues d'elles-mêmes. Elles ne se parlaient plus parce-que Luna n'avait pas respectée les règles et a couché avec le frère jumeau de Jil. Ça s'est passé au milieu de la première année mais entre-temps on sortait ensemble. Je veux dire tous ensembles. Leo et ses cons de potes étaient là aussi. Je n'ai jamais pu me le voir.

Leo traînant avec Kerian et mon frère ? C'est le comble de l'ironie ! Eux qui n'ont visiblement jamais pu se saquer, j'aurais aimée être présente durant ces soirées ! Je suis cependant rassurée de savoir que la prénommée Dana ne fait pas partie du tableau de chasse de Kerian.

– Rassurée ?

– Je crois...

Il se lève de sa chaise et contourne la table. L'adolescent pose un genou à terre tout en attrapant tendrement mes mains.

– Holly, je me contre fous de cette conne superficielle, comment est-ce que je pourrais me permettre d'aller voir ailleurs alors que je t'ai toi ? Je suis... putain je suis tellement heureux que tu m'aies laissé une seconde chance, je ne foutrai pas tout en l'air pour une petite conne comme Dana.

Ses mots me font chaud au cœur, Kerian n'aurait pas pris le temps de me rendre des comptes s'il se fichait de moi. Vous devez sûrement me prendre pour la petite amie naïve même si je fais tout pour éviter ce cliché de cruche bien trop amoureuse pour voir le vrai visage de son petit ami, mais nous ne sommes pas dans un de ces stupides films à l'eau de rose, les disputes de couples vont et viennent et il suffit de mettre sa fierté de côté pour pardonner à l'autre. Nous sommes dans la vraie vie pas dans un de ces films d'adolescente pré-pubère.

– Tu m'en veux ?

Je n'ai aucune raison de lui en vouloir, il ne me mentirait pas au sujet de cette Dana en sachant que je peux en avoir la confirmation auprès d'Evy. De plus, mon petit-ami m'a bel et bien défendu face à cette fille.

– Bien-sûr que non.

Il se relève brutalement un large sourire aux lèvres et embrasse le bout de mon nez avant de se rasseoir. C'est alors que j'aperçois Dana au loin s'approcher avec un plateau encombré de nos deux boissons.

– Voici votre apéritif.

Elle me donne mon verre puis décapsule la bouteille de bière de Kerian. La brune replace son plateau sous son bras avant de se tourner dans la direction de mon petit ami, un large sourire aux lèvres.

– C'est toujours un plaisir de te voir, dis-moi si tu veux qu'on remette une de nos petites soirées.

Elle passe sa langue sur ses lèvres avant d'effectuer un clin d'œil. Mon sang monte à mon cerveau bien plus vite que ce que je n'aurais pu m'imaginer : c'est un des inconvénients à être petite j'imagine ; Le sang monte plus vite à notre petite caboche ! Stupide mais véridique, regardez Joe Dalton !

– Tu veux dire les fameuses soirées ou tu rêvais de te taper mon copain ? Tu ferais mieux de déguerpir sur le champ avant que toi, ton rouge à lèvre de traînée et ton foutu plateau ne passent par-dessus le balcon.

– Mais c'est qu'elle mord !

– Ne me tente pas je suis d'humeur à éradiquer deux trois pétasses.

Mon ton plus que cru semble cette fois lui avoir fait recouvrer la raison puisque la grande brune prend ses jambes à son cou pour rejoindre l'intérieur du restaurant.

– Wow ! Mademoiselle Holly Jensen, quelle répartie ! J'aime ça, roucoule Kerian en levant sa bouteille de bière pour nous faire trinquer.

Je lève mon verre et m'exécute tout en repoussant une mèche de cheveux collant à mon gloss.

– Tu veux dire, madame Holly Duchemin !

J'exécute un clin d'œil et mon petit-ami explose de rire. C'est un chant si mélodieux, la manière dont il monte dans les aigus pour redescendre peu à peu jusqu'aux graves. Il secoue toujours sa tête de gauche à droite lorsqu'il se marre, je trouve ça adorable, ça lui donne un aspect minaudier très loin de son apparence de gros dur habituelle.

– Fais attention, je pourrais m'habituer à t'appeler comme ça !