Chapitre 8.4

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Nous déambulions dans le parc et j'étais occupée à contempler les parterres de fleurs pendant que Sohren m'expliquait brièvement l'histoire du Manoir. Il s'interrompit brusquement en plein milieu d'une phrase. Surprise, je me tournais vers lui, découvrant alors la présence d'une autre personne. Tahlia. Je ne m'attendais pas à la croiser ici, pourtant elle y avait plus que sa place.

Je la vis se presser contre lui, plaquant son corps harmonieux le long du sien. Je détournais le regard, gênée d'être spectatrice de cette scène. Un rire sensuel s'échappa de ses lèvres alors qu'elle se perchait à son cou. Je toussotais pour signifier ma présence à la jeune femme.

— Je vais vous laisser. Je dois retourner au Complexe.

Elle reporta son attention vers moi, ses yeux devenant d'un vert glacial. Elle ne s'attendait visiblement pas à me trouver ici.

— Que fais-tu aussi loin de ta meute ?

Pourquoi s'encombrer de salutations quand on pouvait de suite passer à l'attaque ? J'entrouvris la bouche pour répondre quand Sohren me prit de vitesse.

— Mon père l'avait invité aujourd'hui.

Dans son regard, je lus un avertissement. Je détestais que l'on me dicte mon comportement, mais je savais quand me taire de moi-même. Je ravalais donc ma réplique.

— Lucius a de drôles de lubies. Tu m'as manqué pendant ces longs mois, roucoula-t-elle à son oreille.

Il continuait à me fixer, me rendant encore plus mal à l'aise.

— J'y vais alors. Ne vous dérangez pas pour moi.

— Je vais te raccompagner jusqu'à la voiture, intervint-il.

L'expression surprise et agacée de sa fiancée ne m'échappa pas.

— Tu n'es pas obligé, je connais le chemin.

— Ce n'était pas une suggestion.

Il m'emboîta le pas après s'être détaché de Tahlia. Celle-ci ne broncha pas, mais j'eus le temps d'entrevoir son visage marqué par la haine à mon égard. Je ne savais pas pourquoi elle m'avait prise en grippe. Je haussais les épaules avec fatalisme. Ce n'était pas la première fille qui ne m'apprécierait pas.

Au détour du chemin, arrivé près de l'entrée du Manoir, il m'attrapa par le coude, m'amenant à sa hauteur. Je voulus m'esquiver, mais il ne me relâcha pas.

— Je préfère te prévenir concernant Tahlia. Elle pourrait te rendre la vie infernale, donc ne la provoque pas.

J'accusais le coup. Il me mettait en garde contre sa fiancée, mais je ne voyais pas en quoi cela me concernait. De plus, ce n'est pas en la laissant en plan pour me raccompagner qu'elle serait mieux disposée à mon égard.

— Tahlia c'est ton problème, pas le mien. Je n'ai pas l'intention de la croiser à l'avenir. Et la prochaine fois, évite de passer par ton père pour m'attirer ici. Je préférerais que cela se reproduise pas.

— Ma compagnie te déplaît à ce point ?

Je ne lui donnais pas la satisfaction de répondre et me défaisant de sa prise, je continuais d'avancer vers la voiture garée devant.

— Le silence c'est une nouvelle tactique ? Tu n'as pas encore compris que cela m'amuse que tu me tiennes tête.

— Grand bien te fasse alors. Amuse-toi bien.

Je tendis la main pour saisir la poignée de la portière.

— Attends !

Je stoppais mon geste en soufflant mon exaspération.

— Quoi ?

Il me dépassa et entreprit d'ouvrir lui-même, un sourire charmeur aux lèvres.

— Si mademoiselle veut bien se donner la peine.

Je levais les yeux au ciel avant de monter à l'intérieur.

— Au revoir Sohren.

Il hésita un instant.

— Pourquoi ne t'ai-je pas rencontré plus tôt ? murmura-t-il comme pour lui-même.

Puis il ferma la portière avant de se détourner et de rapidement remonter l'allée. Ses dernières paroles flottèrent dans l'atmosphère feutrée de l'habitacle.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant