Chapitre 28.2

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— La tête qui tourne, non? La vision qui se trouble?

— Ferme-la! grondais-je alors que l'appréhension me gagnait.

Comment pouvait-elle savoir ? Un frisson glacial vint me parcourir l'échine alors qu'un horrible pressentiment s'imposait à moi.

— Je crois que tu as compris, susurra-t-elle tout en s'appuyant contre un mur.

Mon regard glissa jusqu'à son couteau gisant sur le sol. Je déglutis péniblement en tentant de repousser le malaise qui me faisait tituber. Elle jubilait en prenant conscience de mes efforts pour ne pas m'effondrer.

—Tu ne fais que retarder l'inévitable. L'argent fait des miracles sur vous mais dès que vous le retirez il perd de son intérêt. Nous avons alors pensé à améliorer nos armes. Combiné à un poison issu de notre sérum, l'argent n'en est que plus mortel. Je la gardais spécialement pour toi.

Non, pensais-je. Ce n'est pas possible. Je ne pouvais pas la laisser gagner une fois de plus. Je devais me transformer et lui arracher de suite son sourire écœurant. Me laissant tomber à genoux, je mobilisais ce qui me restait de conscience pour basculer à ma forme de louve. En vain. L'obscurité s'abattit sur moi.


Un juron bien senti me sortit de mon inconscience. Désorientée, je mis un moment à reprendre mes esprits. La vision d'une longue chevelure rousse acheva de me réveiller pour de bon. Apparemment c'est elle qui s'énervait de la sorte.

— Tahlia? articulais-je d'une voix pâteuse.

Ma tête était encore embrouillée.

— Hmmm, bougonna-t-elle. Qui d'autre? Il a fallu que tu te fasses avoir aussi. Aïe! C'est pas vrai! Ils les ont bien serrés.

Un coup d'œil sur ses poignets m'apprit de quoi elle se plaignait. La corde qui les enserrait s'enfonçait profondément dans sa chair, y laissant des sillons rougeâtres. Ils ne l'avaient pas loupé non plus constatais-je en remontant vers son visage tuméfié. Quant à moi, je ne valais pas mieux. Ils m'avaient réservé la même attention concernant mes liens. L'état de mon bras n'était pas non plus beau à voir. Le produit dont cette garce avait imbibé la lame d'argent ralentissait le processus d'auto-guérison.

— Tu as vraiment une sale tête.

Je me retins de lui retourner le compliment. Cela demandait trop d'énergie. Mon absence de réaction sembla l'inquiéter.

— Eh! Qu'est-ce qu'ils t'ont fait? On dirait qu'ils t'ont drogué.

— Pas loin, soufflais-je.

Même parler requérait un effort. Je me forçais pourtant à le faire, tout plutôt que de tomber dans une léthargie dangereuse. Je devais combattre les effets secondaires du coup de couteau.

— Lahra...Je te l'ai bien ouverte avec ta lame. Puis...plantée...

Qu'est-ce que ma bouche était sèche ! Je déglutis plusieurs fois avant de poursuivre.

— ... Elle m'a eu avec un couteau en argent, ici, montrais-je en soulevant mon bras du mieux que je pus. Je l'ai retiré mais la lame était empoisonnée. Et toi...Comment...

— Comment je me suis retrouvée ligotée comme un rôti ? Disons qu'elle a employé la même méthode à peu de chose près. J'ai eu ma dose d'argent dans le corps et une petite injection pour m'empêcher de me transformer. J'avoue que le coup de la lame trempée dans le sérum je ne m'y attendais pas.

— Moi non plus.

— Et les gars où sont-ils?

Je perçus la note d'angoisse sous-jacente. Sans qu'elle le précise, je me doutais qu'elle s'inquiétait pour son fiancé.

— J'ai croisé Sohren avant d'affronter Lahra. Il partait à ta recherche quand je lui aie demandé de me laisser m'en occuper.

Demander n'était pas le terme exacte mais pas besoin d'entrer dans les détails. La frustration me brûlait encore la poitrine tel un acide. Et dire qu'elle était à ma portée.

J'examinais l'endroit où l'on nous avait placés pour éviter de ruminer mon échec.

— J'ai déjà fait le tour du propriétaire, m'informa Tahlia blasée. Rien, nada. Juste la porte par laquelle ils nous ont fait entrer et pas moyen de l'ouvrir. Quand bien même nous pourrions nous changer en loup.

Il ne nous restait alors plus qu'à prier pour que l'un de nos coéquipiers nous trouve avant qu'ils ne s'occupent de nous définitivement. Si seulement nous pouvions les prévenir, les mettre en garde aussi. Je laissais ma tête ballotter sous l'effet anesthésiant du sérum. Réfléchir.

— Tu es vraiment dans les vapes toi.

Je fournis l'effort nécessaire pour pivoter vers elle. Elle n'avait pas besoin d'en rajouter, je le savais. Ses lèvres se retroussèrent en un sourire moqueur.

— Quand je disais que tu n'avais pas l'étoffe d'une Alpha!

Je la regardais sans voir où elle voulait en venir. Puis le déclic se fit dans mon esprit.

— Je peux tenter d'avertir Sohren par télépathie, m'exclamais-je, l'espoir me rendant un peu plus énergique.

— Eh bien! J'ai cru que tu n'allais jamais percuter!

Il ne me restait plus qu'à faire tout mon possible pour me faire entendre par Sohren. En espérant qu'il n'était pas lui aussi enchaîné tel un animal. Me concentrant, je commençais mes appels silencieux.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Where stories live. Discover now