Chapitre 11.3

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Une rapide incursion dans les toilettes me permettrait de reprendre mes esprits, loin de toute cette foule. J'échapperais ainsi quelques instants à la présence de Lucius et des autres chefs de clans qui me dévisageaient un peu trop à mon goût et à celui d'Arenht à ce que j'avais pu voir. Je souris en repensant à son instinct possessif. Poussant la lourde porte menant aux commodités féminines, je soupirais de soulagement en la refermant derrière moi. Un peu de calme, enfin. Ma tête allait exploser avec toutes ces discussions qui s'entremêlaient autour de nous. C'était un véritable calvaire ces festivités de clans. Heureusement qu'elles n'avaient lieu qu'une fois par an. Me penchant au-dessus des lavabos, je m'observais d'un œil critique dans le grand miroir qui les surplombait. Mon reflet me plaisait dans cette robe. La réaction de mon homme en voyant ma tenue n'était pas étrangère à mon appréciation. C'est lui qui me permettait de me sentir mieux dans ma peau, rien que par ses regards. J'allais me passer les mains sous l'eau quand un léger bruit me fit tendre l'oreille. Quelqu'un se trouvait dans l'un des cabinets. J'identifiais des pleurs étouffés, avec difficulté. Je n'osais plus bouger. La personne ne voulait certainement pas qu'on la découvre en train de craquer. C'était assez gênant comme situation. Je me demandais tout de même si elle allait bien. Question stupide. Visiblement, ce n'était pas le cas. Elle n'avait pas dû m'entendre entrer et se croyait sûrement seule. J'esquivais un pas vers la sortie pour ne pas déranger quand les pleurs cessèrent et la porte du cabinet s'ouvrit. Interdite, je restais sur place, incapable de bouger. Je me figeais de stupeur. Je venais de reconnaître la silhouette impeccable qui émergea de derrière le battant. Tahlia.

Ses yeux rougis ne pouvaient tromper personne et elle le savait. Je vis son visage se décomposer quand elle prit conscience de ma présence. Cinq secondes plus tard, elle reprenait son air suffisant et s'installait face au miroir pour effacer les traces sur sa peau. En quelques touches habiles de son pinceau, elle retrouva son aspect habituel, une beauté sûre d'elle. Je n'avais pas ouvert la bouche, ma lèvre inférieure juste mordillée par mes dents. Un geste réflexe quand j'étais stressée. Elle se passa les doigts dans ses longues boucles rousses pour finaliser le tout. Inspirant vivement, je finissais par prendre mon courage à deux mains. À voir si je ne le regretterais pas.

— Tu vas bien ? m'enquis-je maladroitement.

Son regard croisa le mien dans le miroir, sa main arrêtant son mouvement dans ses cheveux.

— C'est à moi que tu parles ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.

— Oui. Il me semble que nous ne sommes que deux ici.

Je commençais déjà à regretter mon intervention.

— Tu n'avais pas l'air d'aller bien il y a quelques instants.

— Mêle-toi de tes affaires. Cela ne te regarde pas.

Sa réaction dédaigneuse m'énerva. Je voulais l'aider et ne récoltais que des remarques désobligeantes. Piquée par son mépris, je ne pus m'empêcher de continuer.

— C'est à cause de Sohren ? Je vous ai vu vous disputer dans le jardin...

Elle fit brutalement volte-face, le visage déformé par la colère.

— Tu devrais faire attention à ce que tu dis, me menaça-t-elle tout en s'avançant vers moi, me toisant avec férocité. Ne va pas t'imaginer plus maligne que tu ne l'es.

Je me retrouvais acculée contre la porte, mon dos venant se tasser contre le bois épais. Je me forçais à ne pas baisser les yeux. Elle m'impressionnait, mais je n'allais pas lui montrer à quel point je la redoutais. Elle m'empoigna le menton, plantant son regard haineux dans le mien.
— Sohren est à moi ! cracha-t-elle avec hargne. Mets-toi bien ça dans ta petite tête d'écervelée. Malgré ton statut d'Alpha, tu es loin d'en avoir l'étoffe. Si Arenht se contente de toi, Sohren finira bien par se rendre compte que je suis celle dont il a besoin. Je suis sa fiancée. Je ferais tout pour qu'il ne l'oublie pas.

Elle me lâcha avec une grimace de dégoût, m'écarta de son passage avant de sortir, me laissant seule dans la pièce, encore sous le choc de notre confrontation. Mes doigts tremblants se portèrent à l'endroit où elle m'avait saisie. C'était douloureux. C'était quoi son problème à la fin ? Son fiancé, elle pouvait se le garder ! On ne savait jamais sur quel pied danser avec eux. Me ressaisissant, j'allais me passer un peu d'eau sur le visage. Je n'avais qu'une hâte, retrouver l'abri rassurant des bras de mon homme.

Dès qu'il me vit, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il m'entraîna à l'écart avant de me demander la raison de ma pâleur. Je prétextais être fatiguée. Pas besoin de me plaindre de son ex auprès de lui. Quitter cette réception et d'oublier cette conversation désagréable me suffisait. J'étais une adulte après tout. Si elle voulait se prendre la tête avec des craintes absurdes, c'était son problème, pas le mien.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant