Chapitre 18.5

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Ethan avait retrouvé apparence humaine. Est-ce que cela signifiait qu'il était de nouveau lui-même? Rien n'était moins sûr. Trenan et Sheren se tenait de chaque côté de la chaise sur laquelle il était fermement attaché. J'eus du mal à rester impassible en le voyant ainsi entravé, mais on ne pouvait risquer qu'il retombe sous l'emprise de sa bête. Inspirant profondément, je m'avançais à l'intérieur, suivie par Yorsha. La situation devait le toucher autant que moi. Alors que nous pénétrions dans la salle, Ethan releva lentement les yeux vers nous. Il fixa Yorsha puis plongea son regard dans le mien. Un pauvre sourire naquit sur mes lèvres. Cette fois, c'était bien lui qui nous faisait face.
— Ethan...

Ma voix ne put s'empêcher de trembler. Je refermais la bouche pour m'éclaircir la gorge. Je tentais de savoir quoi lui dire, mais mon cerveau demeurait désespérément vide. Il pallia de lui-même à mon silence.

— Eh Mi-louve. Ça fait un bail, hein?

Je sentis les larmes menacer de s'échapper. Ignorant délibérément les visages anxieux de mes amis, je me jetais à son cou, le serrant fort contre moi.

— Tu m'as manqué, soufflais-je. Je suis désolée pour tout ça.

Il m'étreignit lui aussi, autant que lui permettaient ses liens.

— Toujours aussi émotive, s'amusa-t-il avant de me relâcher.

J'essuyais vivement mes joues en reculant. Derrière moi, Yorsha regardait la scène d'un air attendri.

— Ne l'étouffe pas non plus, intervint-il tout en s'avançant. Content de te revoir sain et sauf l'ami.

— Plaisir partagé. Au fait, c'est encore nécessaire? demanda-t-il en soulevant ses poignets entravés.

Un coup d'œil aux autres membres m'indiqua qu'ils hésitaient à les défaire.

L'arrivée du chef mit fin à leur dilemme. D'un geste, il indiqua qu'on le libère. Je me réfugiais dans les bras d'Arenht, arrivé en même temps. Ethan resta impassible sous le regard scrutateur de Declan. Une fois qu'il fut libre de ses mouvements, celui-ci lui tendit la main.

— Ravi de te revoir parmi nous Ethan.

Le jeune homme lui rendit sa poignée de main, tout en inclinant la tête.

— Doc est en train d'analyser ton sang. Il met tout en œuvre pour te guérir de cette saloperie. Nous resterons donc prudents quant à l'évolution de ton comportement. Tu seras sous la surveillance constante d'un de nos membres tant que le remède ne sera pas au point.

— Je comprends, répondit Ethan. Je suis moi-même incapable de prévoir la prochaine crise. J'ai hâte de redevenir normal. Non pas qu'être un loup me dérange, mais la perte de contrôle si. J'arrive à lutter un peu plus que certains autres cobayes, mais c'est de plus en plus difficile.

Il se frotta les poignets. Declan l'observa avant de reprendre la parole.

— Quand tu seras prêt, j'aimerai que tu me racontes ce qui t'es arrivé entre la dernière mission et aujourd'hui. Le moindre détail pourrait être important pour les contrer.

Mon ami hocha gravement la tête. Je me doutais que son histoire serait loin d'être gaie. Posant ma main sur son bras, je lui offris d'aller boire quelque chose avec nous. Il avait besoin d'être entouré, de sentir qu'il était en sécurité.

Nous avions laissé Ethan et Yorsha entre eux et leur bière. J'étais ravie de le revoir parmi nous et j'aurais le temps de discuter avec lui plus tard. Il serait peut-être plus enclin à parler de son séjour parmi le Groupe L à son ami. Une expérience sûrement éprouvante qu'il voulait m'épargner. Tout allait rentrer dans l'ordre. Doc allait le guérir définitivement et il referait partie de notre meute, comme au bon vieux temps. Arenht m'emmena dans la salle de repos non loin. Je souris en repensant à ma première nuit au Complexe, dans cette pièce précise. Cela me semblait si loin désormais. Allongés côte à côte sur le lit étroit, ses lèvres sur ma tempe dérivaient doucement sur ma peau. Je fermais les yeux, savourant l'instant. "Tu m'as manqué" disaient-elles. "Je suis là" me scandaient les battements réguliers de son coeur contre mon oreille. Mes mains glissèrent sur son dos, remontèrent jusqu'à ses épaules, effleurèrent ses joues, son sourire. Dans un soupir de bien-être, je me calais contre son torse.

Un remue-ménagevenant du couloir opposé rompit cette parenthèse. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Onde histórias criam vida. Descubra agora