Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 2.1

Ce soir, nous avions notre premier vrai rendez-vous, une sortie officielle comme un couple normal. La lune brillait déjà haut dans le ciel, rappel inégalé de ma nature. Je détaillais mon homme, toujours aussi émerveillée qu'il soit à mes côtés. Pour l'occasion, il avait revêtu un costume sombre sur une chemise d'un blanc immaculé. Comme d'habitude, il était à tomber et bien sûr conscient de l'effet qu'il me faisait. Ses yeux noisette brûlaient d'une lueur que je connaissais bien sous ses mèches d'un noir velouté. De mon côté, j'avais aussi fait un effort, alors que les robes n'étaient vraiment pas ma tasse de thé. Vu la réaction de mon compagnon, je ne le regrettais pas. Le tissu soyeux glissait sur ma peau en une caresse légère. Je me sentais bien dedans, plus féminine, même si celle-ci n'était pas forcément le modèle le plus sexy en rayons. J'étais à l'aise, c'était le principal. Malgré mes demandes insistantes, il ne me donna aucun indice sur notre destination.

— Tu ne vas vraiment rien me dire ? essayais-je de le convaincre une énième fois.

Apparemment, cela semblait l'amuser de me laisser mariner ainsi.

— Comme je te l'ai déjà répétée, c'est une surprise.

— Doc n'a rien lâché, mais peut-être qu'Antonh...

Sortant mon portable, je commençais à pianoter dessus quand il le fit brusquement disparaître.
— Ce n'est pas possible, tu es intenable ! Profite du paysage au lieu de me déconcentrer.
Boudeuse, je me rencognais contre la vitre, laissant mon regard errer au-dehors.

— Tu peux choisir la musique si tu veux.

Pendant une minute ou deux, je ne réagis pas, l'ignorant carrément. Mais cela ne dura pas. Il savait que je ne pouvais pas résister. Je cherchais ma clé USB dans son vide-poche et l'insérais dans le port correspondant. Je m'étais composé une liste d'écoute pour nos missions. Cela me permettait de ne pas trop réfléchir pendant que l'on roulait. J'avais de la chance, il mettait toujours la mienne. Bon d'accord, il avait dû supporter plus d'une fois ma mauvaise humeur lorsqu'il choisissait, quand ce n'était pas mes critiques sur ses goûts musicaux. Il avait fini par abandonner la lutte et me laisser le contrôle total du lecteur audio. La mélodie de ma chanson préférée envahit l'habitacle, me procurant un bien-être immédiat.
Il arrêta la voiture au milieu de nulle part. Je lui jetais un coup d'œil surpris. Il comptait m'emmener en pleine nature, alors que j'étais habillée pour sortir dans un endroit doté un toit et de murs. Son petit sourire ne l'avait pas quitté.

— Tu as une envie pressante, c'est ça, hein ? Tu ne vas pas me faire descendre ici ?

Il se mit à rire, puis voyant mon air vexé, il se pencha vers moi.
— Tu me fais confiance ?

Ah la question piège ! Je lui faisais confiance, mais je me méfiais aussi de ses idées. C'était notre première sortie en tant que couple et je me demandais ce qu'il m'avait réservé. Je n'étais pas encore bien au fait des préférences des loups-garous en matière de comportements amoureux.
— Oui bien sûr, lui concédais-je.

— Alors, suis-moi.

— Ça valait bien le coup de faire un effort vestimentaire, bougonnais-je tout en m'extirpant de l'abri chauffé de la voiture.

Le vent glacé me cueillit à la sortie, soulevant le bas de ma robe. Arenht me lança un regard affamé tout en me prenant par la taille. Sa bouche descendit vers la mienne, en prenant possession. Je m'accrochais à sa veste, savourant son baiser. Malgré tout, mon cerveau ne cessait de cogiter et je finis par le repousser, le souffle court.

— Euh... C'est ça la conception d'un rencard chez les loups-garous ? Batifoler en pleine nature ? L'idée ne me gêne pas plus que ça, mais vu les conditions climatiques, j'aurais plutôt opté pour un endroit plus douillet.

Cette fois-ci, il s'esclaffa franchement, tout en me retenant contre lui. J'étais à deux doigts de prendre la mouche, mais j'avais si peu l'occasion d'entendre ce son que je me moquais d'en être la cible.

— Je t'adore, tu sais ? Tu es une des rares personnes à me faire rire aussi facilement.

— Oui, bon. N'insiste pas trop.

— Tu es prête pour ma surprise ?

— Pour maintenant, je m'attends à tout.

Il m'entraîna à travers les herbes hautes. Je n'avais pas prêté attention au paysage défilant par la vitre de la voiture ni au trajet emprunté. Je le suivais donc à l'aveugle, prenant garde à mettre mes pas dans les siens. Sa main chaude enserrait la mienne et me donnait un tel sentiment de sécurité que j'aurais pu continuer ainsi au bout du monde. Tous les deux sur notre trente-et-un, nous détonnions vraiment. À cette pensée, je ne pus me retenir de pouffer.

— Ça te plaît tant que ça de te promener en pleine campagne la nuit ? Si j'avais su, je l'aurais fait plus tôt.

— C'est surtout de nous voir habillés comme pour aller dîner dans un resto chic, en train de crapahuter dans un endroit désert.

— C'est original au moins, non ?

Je secouais la tête, amusée. En tout cas, il ne me donnerait aucun indice. Jusqu'au bout, il tiendrait sa langue. Il était fort à ce petit jeu. Moi, avec mon manque de patience, je lui aurais déjà tout déballé.

— On n'est plus très loin, me rassura-t-il.