Chapitre 5.3

66 5 0
                                    


              Sohren partit en tête, allant à l'intérieur pour se transformer. Une fois redevenu humain et habillé, il me rejoignit devant l'entrée. Sur son cou, la blessure saignait encore. Ses mèches humides lui collaient au front, plus foncées que d'habitude. L'Alpha arrogant avait disparu. Les traits marqués par la fatigue, il me tendit une serviette.

— Tiens. Essuie toi avant d'attraper la mort. Tu es trempée.

— Merci.

Je la pris avant de m'approcher de lui et de tapoter doucement sa gorge avec le tissu. D'un geste mal assuré, j'effaçais les traces de sang sur sa peau. Il me fixait, immobile. J'avais conscience de son souffle brûlant sur mon visage et de son pouls anarchique. Une fois terminée, je retirais ma main. Il me la saisit au vol. Déglutissant péniblement, je levais les yeux vers lui.

— Merci, dit-il d'une voix rauque. Et désolé. Je n'aurais pas dû le chercher.

— C'est facile maintenant que le mal est fait.

Il baissa la tête en soupirant.

— Je ne suis pas doué dans les interactions sociales.

— J'avais déjà remarqué.

Je ne savais plus quoi penser. L'état de mon partenaire me tourmentait, autant que mon incapacité à l'aider. Sohren tenait toujours mon poignet, doucement. Je voulais me dégager sans le froisser.

— Avec toi, c'est différent.

Je ne répondis pas, les yeux baissés. Il avait le don de sortir des phrases ambiguës. Il arrivait presque à être attachant parfois, comme s'il dévoilait une nouvelle facette.

— Si tu arrêtais d'agir comme un imbécile suffisant, tu aurais plus de facilité à communiquer avec les autres.

— Si c'était si simple..., répliqua-t-il.

— Tu n'es pas aussi méprisant que tu veux bien le montrer.

Il ne répondit pas, mais je sentis son regard sur moi, insistant. Il attira mon poignet vers lui et y déposa furtivement ses lèvres. Estomaquée, je retirais vivement ma main, la ramenant contre moi. Qu'est-ce qui lui prenait ?

Il laissa retomber son bras tout en reculant d'un pas. Son visage se ferma et il détourna les yeux. Mal à l'aise, je baissais la tête. Arenht occupait toutes mes pensées qu'il ne se méprenne pas sur mes intentions. Je ne le détestais pas, mais je ne voulais pas le blesser davantage. Un sourire ironique étira ses lèvres minces. Il se réfugiait de nouveau sous son masque d'alpha désabusé. Je ne pouvais pas lui en tenir rigueur.

— Je vais aller te chercher une autre serviette, finit-il par dire en désignant le tissu rougi par le sang que je tenais toujours à la main. Suis-moi.

Je lui emboîtais le pas. Le hall d'entrée demeurait vide et silencieux. Ainsi, il paraissait encore plus impressionnant.

Il me conduisit à l'étage. Derrière la porte qu'il ouvrit apparut l'une des plus grandes salles d'eau que je n'avais jamais vue. Quatre lavabos s'alignaient contre l'un des murs, vasques en verre sur plan en bois naturel. Tout était raffiné et luxueux. J'hésitais à y mettre un pied dans l'état où je me trouvais, les chaussures boueuses et les vêtements gouttant sur le sol en marbre.

— Entre, m'invita-t-il. Ne te gêne pas.

— Je vais tout salir. Donne-moi juste de quoi me sécher.

— Ne t'inquiète pas. Je vais t'apporter de quoi te changer, tout du moins le haut.

Avant que j'aie pu protester davantage, il me poussa à l'intérieur et referma la porte. Me déchaussant, pour ne pas en mettre partout, je visitais la pièce, à la recherche des serviettes.

Alors que je me débarbouillais rapidement, savourant l'eau chaude sur mon visage, j'entendis toquer. Allant ouvrir, je vis Sohren me tendre un sweat-shirt.

— J'ai trouvé ça. C'est un peu grand, mais sec.

— Merci, je te rejoins dans un instant.

— OK.

Après avoir retiré mon pull trempé, j'enfilais le vêtement sombre. Je flottais effectivement dedans, mais au moins c'était confortable. Du bruit au rez-de-chaussée attira mon attention. Je crus entendre des voix résonner. Antonh et Arenht étaient-ils déjà revenus ? Je me dépêchais de descendre. Je dévalais les marches quatre à quatre tout en regardant par-dessus la rambarde. Personne dans le hall. Ils avaient dû rentrer.

Débarquant dans le salon, je le vis de suite. Il se tenait près de la cheminée, assis dans un fauteuil, la tête baissée. Son tee-shirt maculé de sang et de terre, il avait vraiment mauvaise mine. Chaque fois que sa bête prenait le dessus, il en ressortait lessivé. Antonh parlait avec Sohren. Je me précipitais vers mon homme, le cœur serré de le voir aussi mal.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Where stories live. Discover now