Chapitre 28.1

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       Enfin je la tenais cette garce. Elle n'allait pas sourire longtemps. La lame de Tahlia avait soif de sang, autant que moi. Je n'allais pas l'en priver. Elle se tenait tout de même sur ses gardes, ses yeux suivant le moindre de mes mouvements.

— Tu viens prendre la relève de ton amie? Je dois avouer qu'elle m'a donné du fil à retordre.

Son regard glissa un instant sur une longue estafilade courant sur son bras. Celle-ci saignait encore légèrement.
— On s'est bien amusée. Quand on dit que les rousses ont un tempérament de feu, je ne peux que confirmer. Enfin. Elle m'a servi de distraction avant qu'ils ne l'embarquent.

— Qu'allaient vous lui faire? grondais-je.

— Oh mais ne t'inquiète pas. Tu vas bientôt la rejoindre. Toi et tes amis n'avaient pas idée du pétrin dans lequel vous vous êtes fourrés. Vous ne croyiez quand même pas qu'on allait vous laisser pénétrer dans notre base principale sans avoir prévu l'accueil adéquat! Je suis juste l'une de vos hôtesses.

Elle se fendit d'un simulacre de révérence.

— Et je tiens à préciser que je prends mon rôle très à cœur.

Elle bondit vivement vers moi, me prenant par surprise. Dans sa main, un éclair argenté brilla d'une lueur mortelle. De l'argent compris-je instantanément. Je réussis à l'esquiver de justesse mais glissais sur le sol jonché de détritus. Je me réceptionnais sur mes genoux et roulais hors de sa portée. Quand je lui refis face, ses yeux fous se plissèrent avant qu'elle ne se jette de nouveau sur moi. Cette fois-ci, j'anticipais sa charge et me baissant, je profitais de son élan pour la fendre d'un coup de ma lame courbe. L'acier glissa aisément, plongeant dans sa chair, sectionnant, tranchant ce qui se trouvait sur son passage. Elle tenta d'éviter mon attaque mais dévia juste le coup. Hoquetant, elle plaqua sa main libre contre son côté droit. Le sang commençait déjà à imbiber son tee-shirt lacéré et gouttait à terre. Elle n'allait pas tarder à s'affaiblir. Mes doigts se crispèrent sur la garde du long poignard, l'adrénaline se déversant dans mes veines, aussi violemment qu'un torrent. Je sentais l'odeur de la peur teinter l'air. Je notais avec une satisfaction morbide les signes qu'elle envoyait: la respiration plus laborieuse, les gouttes de sueur sur son front, le doute dans ses prunelles écarquillées, le tremblement léger animant ses jambes.


— Tu la sens la peur? sifflais-je avec férocité.

Elle trouva le courage ou la folie de secouer la tête en affichant un rictus mauvais.

— Tu crois que ça va m'arrêter? Tu te trompes. Je n'en ai pas encore fini avec toi.

— L'odeur âcre de ta peur flotte en cet instant même et ma louve n'en est que plus excitée. Prépare-toi à souffrir.

Lahra émit un bref rire rauque avant de me défier du regard.

Je relâchais la lame de Tahlia. Le premier coup en son honneur. Désormais, mes lames finiraient le travail. Mes doigts en caressèrent lentement le fil. La première fusa aussi vive que le vent et vint se planter dans la main qui pressait sa blessure. Elle hurla de douleur en se recroquevillant. Si elle avait espéré échapper à ma vengeance, elle en était pour ses frais. Je comptais bien lui faire regretter amèrement de s'en être pris à moi et à mes semblables. Alors que j'armais ma deuxième lame, je sentis une vive brûlure éclore dans mon bras.

La douleur irradia rapidement le long de mes nerfs. De l'argent. Elle venait de me planter avec son couteau. Sous l'effet mortel du matériau, Je lâchais la lame que je m'apprêtais à lui lancer. On pouvait dire que l'on était à égalité désormais. Prenant une brusque inspiration, je saisis le bout de métal entre mes doigts pour le déloger. Tant qu'il était en contact avec ma chair, je souffrais atrocement, des élancements de plus en plus virulents qui me faisaient tourner la tête. Mon corps commençait juste à se remettre de la morsure à ma jambe, cicatrisant les dommages dus à l'argent et voilà que de nouveau celui-ci attaquait mon système. Ne voulant pas lâcher l'affaire, je m'acharnais sur le bout de lame émergeant de mon bras. Les dents serrées, je respirais difficilement, des gouttes de sueurs s'acharnant à me troubler la vue. Enfin, je l'extirpais avant de la rejeter loin de moi. Qu'elle ne se fasse pas d'illusions, ce n'est pas un bras hors d'usage qui m'arrêterait. Mon entraînement intensif me permettait de lancer mes petits bijoux de n'importe quelle main. Une nouvelle lame pour lui planter son autre main, évitant ainsi d'autre surprise du même genre. Mon bras se positionna et... Je clignais plusieurs fois des yeux. Ma vision se troublait. J'essuyais la sueur maculant mon front, mais la sensation persistait. Je me sentais nauséeuse soudain. Pourtant l'argent n'était plus en contact avec ma peau. Je secouais la tête pour m'éclaircir les idées. A ce moment, la jeune femme blonde ricana. Je la fusillais du regard, reportant mon attention sur elle. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant