Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 32.3

Le lendemain je me réveillais l'esprit embrumé. Il me fallut quelques minutes avant de me souvenir où je me trouvais. Ah oui, le Manoir. Je pris encore quelques secondes pour profiter des oreillers moelleux et de la douceur des draps contre ma peau. L'envie de rester au fond de ce lit toute la journée m'effleura mais je me contraignis à me lever. Cela ne résoudrait rien du tout de fuir ainsi la menace. Se terrer comme un animal apeuré ne devait pas constituer une option. Il fallait continuer à lutter, leur montrer que nous n'en avions pas fini avec eux.

La chambre comportait une salle d'eau. Je me débarbouillais rapidement, m'habillais puis sortais dans le couloir. Celui-ci, immense, desservait plusieurs autres chambres apparemment. Je le longeais pour atteindre l'imposant escalier que je me souvenais avoir emprunté la nuit dernière.

J'arrivais dans la cuisine sans avoir croisé personne. J'hésitais un peu à me servir. Dehors le soleil brillait déjà haut dans le ciel. Forte de mes nouvelles résolutions, je décidais de me rendre à mon appartement pour me changer et grignoter quelque chose avant d'aller au Complexe. En plein jour j'angoissais moins. Je franchis l'enceinte de la propriété du Manoir et m'apprêtais à me transformer quand une ombre s'abattit sur moi. Il m'avait retrouvé. Pas le temps de paniquer que ses mains se refermaient sur moi.

La main qui me saisit brutalement par le cou me coupa la respiration. La poigne se resserrait inexorablement, pressant sur mes cordes vocales. Soudain je me retrouvais à hauteur de son visage. Mes yeux s'écarquillèrent d'effroi. Ce sourire cruel, ses yeux aussi verts que ceux de sa sœur. Il était encore plus impressionnant en vrai. Une force brute émanait de sa personne, une aura mortelle l'entourait. Mes entrailles se nouèrent. Il n'hésiterait pas à me tuer, je pouvais le lire dans son regard. Il aimait le goût du sang. J'entrouvris la bouche pour tenter d'aspirer un filet d'air mais rien. Le manque d'oxygène faisait apparaître des points noirs devant mes yeux. Il nota mes muscles qui se relâchaient et immédiatement il me laissa tomber à terre. Ça ne faisait que commencer pensais-je tout en m'affalant sur le sol dur. Du coin de l'œil je vis une aiguille s'approcher de mon cou. Pas le temps de m'écarter. Une vive brûlure puis le néant.

Lorsque je repris mes esprits, je me trouvais dans un lieu inconnu. Juste devant moi se dressait mon pire cauchemar. Je me plaquais contre le mur tout en sachant que je n'avais aucune issue. Il me surplombait de toute sa hauteur, tel un prédateur acculant sa proie.

— L'Alpha dont tout le monde parle.

Comment avait-il deviné qui j'étais?

Mon désarroi dut se lire sur mon visage car il éclata d'un rire bref. L'esprit confus je tentais de ne pas montrer ma peur. Il renifla l'air avec délectation.

— Tu as raison de me craindre jeune louve. Tu m'as échappé assez souvent pour que cette fois-ci je m'occupe moi-même de ton sort.

Sa voix résonna à l'intérieur de mon crâne, glaçant le sang dans mes veines. Un Alpha dans les rangs de l'ennemi... Ma main glissa doucement vers ma ceinture. Le bout de mes doigts frôla l'acier tranchant. Encore un petit effort et je n'aurais qu'à m'abattre sur lui, le prenant par surprise. Mais je n'en eus pas l'occasion. Il fut plus prompt que moi. S'abaissant vivement à ma hauteur, il me saisit rudement la mâchoire.

— Une simple torsion sur ce petit cou et s'en serait terminé de ta petite vie misérable.

L'air pensif, il pencha la tête.

— Mais cela enlèverait tout le plaisir, susurra-t-il à mon oreille.

Je fermais les yeux à le sentir si proche et les rouvrais aussitôt, choquée. Une sensation humide sur ma joue, descendant jusqu'à mon cou. Je frémis de dégoût en constatant qu'il faisait courir sa langue sur ma peau.

— Si délicieuse Alpha.

Je refermais mes paupières pour tenter de masquer la réalité. L'homme était encore plus dangereux que je le pensais. Dangereux et fou.

Il éclata d'un rire désagréable et me lâcha. Je m'agrippais tant bien que mal au mur pour ne pas m'écrouler à terre.