Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 16.3

Comme la fois précédente, j'avais garé la voiture non loin de l'entrée du domaine, de quoi me donner le temps de réfléchir en marchant jusqu'au Manoir. Alors que j'atteignais mon véhicule, une silhouette trapue émergea soudain du couvert des arbres. Mes yeux s'écarquillèrent en voyant un loup devant moi. Un quart de seconde, j'espérais que ce soit Sohren, revenu sur sa décision. Je réalisais rapidement que j'avais affaire à un inconnu. Sur mes gardes, j'établis le contact mental.

« Qui êtes-vous ? »

La bête gronda, secoua vivement la tête comme si quelque chose l'agaçait et finit par me montrer les crocs sans me répondre. Je reculais d'un pas par réflexe de défense. Normalement, l'utilisation de la télépathie permettait de me faire reconnaître comme une des leurs à n'importe quel loup-garou. Pourquoi celui-ci continuait-il à agir agressivement ? Fronçant les sourcils, je réitérais ma question, tous en me présentant. C'était la moindre des choses. Bon, il ne changeait pas de dispositions à mon égard. Me concentrant sur ma louve, je trouvais étrange qu'elle ne soit pas en position défensive. Elle semblait guetter quelque chose, observant attentivement l'animal devant nous.
En attendant, il faisait mine d'approcher, le poil hérissé et les muscles tendus. Je m'efforçais de contrôler ma peur. Rien de tel que de sentir celle-ci sur sa victime pour exciter le chasseur. J'étais une Alpha. Qui ne pouvait plus se transformer d'accord, mais une Dominante tout de même. Il ignorait que je travaillais toujours sur mes anciens points faibles.

S'il n'entendait pas ma voix dans sa tête, autant passer au dialogue à voix haute.
— Que me veux-tu ?

J'employais automatiquement le tutoiement. Il avait commencé à me manquer de respect de toute façon.

— Je suis Aylyn, une Alpha de la meute algonquine.

Au moins, les choses étaient posées. Il se ramassa sur lui-même, paraissant lutter contre une douleur intense. Je restais sur le qui-vive. L'animal se tordait sur le sol à présent, comme agité de convulsions. Je ne pouvais pas le laisser ainsi. Ma louve ne montrait aucun signe de danger. Lentement, je m'avançais vers la forme recroquevillée à terre. Une fois à sa hauteur, il planta son regard dans le mien. J'eus un sursaut en plongeant dans cette mer émeraude. Ce n'était pas possible ! L'animal se remit douloureusement d'aplomb, me faisant basculer en arrière. Il semblait lutter contre lui-même. Sa patte avant se tendit pour amorcer une approche, puis brusquement, il fit demi-tour et détala dans l'ombre de la forêt. Je me relevais, époussetant mes habits maculés de poussière, gestes automatiques alors que dans ma tête tout se bousculait. Tâtonnant fébrilement vers ma poche de jeans, j'en sortis mon téléphone.

— Allô ? Antonh, c'est moi.

Je pris une profonde respiration pour pouvoir lui parler. Mon cœur battait la chamade.

— Ça va, ma belle ?

— Oui. Enfin, je crois. Je pense que je viens de croiser Ethan.

— Tu penses ?

— C'était un loup.

— Merde. Ils l'ont fait alors. Rentre à la base, je préviens les autres.

— OK, merci.

Je laissais mon regard errer vers la forêt où il s'était enfui.