Chapitre 20.3

50 6 1
                                    


— Ça brûle, sifflais-je entre mes dents serrées.

Désormais c'était tous mes membres qui irradiaient sous la douleur fulgurante. Je me tordis sur le mince matelas, tirant sur les perfusions attachées à mes bras.

— Arenht, maintiens-là, s'écria Doc en préparant une seringue de toute urgence.

— Qu'est-ce qui lui arrive? demanda avec angoisse celui-ci en s'exécutant.

— Son corps réagit à la solution. Il faut espérer que cela soit dans le bon sens.

— Le bon sens?

— Il y a une infime possibilité que l'effet de ce remède produise une aggravation de son état.

Je n'entendis pas la réaction de mon partenaire à cette annonce. Mes oreilles se bouchèrent. J'eus l'impression désagréable d'être coupée de tous mes sens. Plus de son, plus d'image. Plus de sensations non plus...

Alors c'était cela mourir? Exactement ce à quoi j'aspirais. Un calme apaisant, une déconnexion en douceur. Un picotement désagréable mit fin à mon paisible intermède. Je tentais de m'en débarrasser, mais n'arrivais pas à bouger le moindre centimètre de mon corps. Rien qu'une enveloppe inerte. Pourtant je ressentais bien ces pointes de douleur venant titiller ma peau. Une torture savamment dosée. Je me demandais combien de temps j'allais devoir endurer cela avant de devenir folle. Une présence affleura aux limites de ma conscience, familière. Je me concentrais sur celle-ci, mettant de côtés les sensations déplaisantes qui continuaient de parcourir mon épiderme sensible.

Je repris brutalement pied dans la réalité, mes yeux s'ouvrant sur la salle d'infirmerie où Arenht et Doc me regardaient avec stupéfaction. Pourquoi faisaient-ils des têtes pareilles? Oh et cette table d'examen était vraiment inconfortable, je n'étais pas loin de tomber de celle-ci. Me redressant, je me rendis compte d'un changement capital. Je m'examinais avec attention pour être sûre que je ne rêvais pas. Un coup d'œil à mon partenaire et son grand sourire me convainquit que c'était le cas. Bondissant hors du lit, je m'empressais de courir dans les couloirs du Complexe tout en poussant un long hurlement de joie. J'étais redevenue moi-même, entièrement. Et je comptais bien le faire savoir à toute la meute.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant