Chapitre 24.2

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Le troisième homme pensais-je alors en m'en voulant de ne pas avoir été assez prudente. Il avait dû passer de l'autre côté, en silence. J'émis un bruit étranglé qui alerta mon partenaire, mais trop tard. Déjà les deux autres arrivaient sur nous. Mes doigts vinrent se planter dans l'avant-bras qui me comprimait la trachée. Dans un effort de volonté, je laissais ma louve remonter à la surface. Mes ongles se changèrent en griffes acérées, ma paume fragile en une patte à la force implacable. Un cri de douleur retentit à mon oreille puis je fus libérée. Mon agresseur tenait son bras ensanglanté contre lui. Un sourire féroce s'imprima sur mes lèvres alors que je finissais de me transformer.

Rassuré, Argaëhl se tourna vers les deux complices. Ils ne prirent pas le risque de se jeter tête baissée sur lui. L'un était bâti comme une armoire à glace, identique à bien des égards à celui qui venait de m'agresser, l'autre, sans être aussi baraqué que son associé, n'en était pas moins dangereux. Argaëhl échangea un rapide regard avec moi. Je le rassurais. Je m'occupais de ma proie, il pouvait s'en donner à cœur joie avec les deux autres.

Alors que j'intimidais mon vis-à-vis d'un grondement, je vis du coin de l'œil mon coéquipier se diriger vers l'escalier que nous venions de quitter, suivi immédiatement par ses poursuivants. Diviser les forces, ce n'était pas une mauvaise idée. Ainsi j'avais toute latitude pour m'occuper de mon combat sans craindre un coup par derrière. Justement l'homme s'était repris et avait sorti un couteau de sa poche arrière. Oh, il avait envie de se battre apparemment ! J'avoue que si mon coup de patte avait suffi à le mettre hors service, cela m'aurait légèrement déçu. Il ne se changeait pas en loup remarquais-je en gardant une distance de sécurité avec la lame argentée. Peut-être qu'ils n'avaient pas tous été changés en expérience de laboratoire.

Avisant une porte entrouverte, je m'y engouffrais d'un bon. L'étroitesse du couloir allait s'avérer gênante au bout d'un moment. La pièce dans laquelle je venais de déboucher se trouvait être un bureau assez spacieux pour ce qui allait suivre. La porte claqua derrière moi. Il préférait un combat en vase clos, je n'y voyais pas d'objection. J'avais déjà repris forme humaine. Il eut l'air étonné de me voir quitter mon enveloppe animale. Qu'il me sous-estime m'arrangeait. Je repris vite mes esprits quand il s'élança sur moi, la lame me frôlant les côtes. J'eus juste le temps de l'éviter d'un pas de côté. J'allais me retourner pour le garder dans ma ligne de mire quand je sentis un tiraillement sur mon cou, mais pas le temps de réagir. Déjà la chaîne délicate se brisait sous la traction exercée et je vis avec effarement le pendentif glisser sans que je puisse le retenir. Je le cherchais des yeux sur le sol. Grossière erreur. Un poing massif vint s'écraser dans mon ventre. J'accusais douloureusement le coup, mes bras venant s'enrouler autour de la zone touchée, dérisoire barrage. Peinant à reprendre mon souffle, je reculais pour me mettre hors de portée, gardant dans mon adversaire en ligne de mire. Une rage terrible s'empara de moi, moins due à l'attaque qu'au geste qu'il avait eu juste avant. Ce collier avait trop de valeur à mes yeux.

Alors qu'il se préparait à m'asséner une autre prise, je profitais de son assurance, attendant le dernier moment avant de me glisser sur le côté avec souplesse. Surpris, il n'eut pas le temps d'esquiver mon attaque. Ma jambe vint le frapper durement dans le bas du dos, l'envoyant s'écrouler contre le mur. Je n'attendis pas qu'il ait reprit ces esprits pour finir le travail. Essuyant rapidement la lame tâchée de sang, je me mis à la recherche de ma chaîne, l'angoisse me vrillant l'estomac. Un éclat métallique attira enfin mon regard, à l'autre bout de la pièce, derrière le pied d'une table. Je me précipitais jusque-là, mes doigts fouillant nerveusement le recoin sombre. Dès que je sentis les maillons s'incruster dans ma chair, le soulagement m'envahit. Je me dépêchais d'accéder à l'escalier menant au toit. Un des hommes gisait inconscient en bas des marches. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Where stories live. Discover now