Chapitre 24.4

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Le troisième étage nettoyé, nous avions laissé le champ libre pour chercher notre ami. Juste en bas, je croisais Sheren qui s'assurait justement que la voie reste libre. Pas le temps de lui expliquer, je laissais ce soin à Trenan et passais comme une flèche devant son regard étonné. Essayant de localiser le lieu de sa chute, je m'élançais vers le fond du couloir et ouvris la porte côté gauche. Heureusement celle-ci n'opposa aucune résistance. Traversant la pièce jusqu'à la porte fenêtre, je guettais sa silhouette sur le sol du balcon, le cœur sur le point de lâcher. Faîte qu'il soit encore en vie priais-je désespérément. Aucun signe de lui pourtant. Jurant, je sortis précipitamment, m'apprêtant à passer à la porte suivante. Trenan m'avait précédé. Je le vis penché sur une forme sombre allongée sur la terrasse. Déglutissant nerveusement, j'accourus jusqu'à lui, manquant de le bousculer.

— Il respire encore, s'empressa-t-il de me rassurer.

Je m'appuyais sur le mur extérieur, reprenant difficilement mon souffle.

— Envoie moi Sheren, on ne sera pas trop de deux pour le sortir d'ici.

— Qu'est-ce que tu crois, avec des muscles pareils tu t'attendais à plus léger ? répliqua une voix que la douleur rendait plus rauque.

Je souris en l'entendant se vanter.

La descente jusqu'au rez-de-chaussée fut laborieuse, Argaëhl, bien que conscient, ne pouvait se tenir seul sur ses jambes. La chute avait sûrement entraîné une fracture à son bras droit et vilainement abîmé ses jambes. Rien de dramatique sur le long terme mais en cet instant, il fallait l'évacuer d'ici et le confier aux bons soins de Doc. Comme Trenan et Sheren avait eu en charge les niveaux inférieurs, notre progression fut jalonnée de corps inertes de ci de là. Soutenant le blessé, les hommes n'eurent pas d'autre choix que de me laisser en première ligne. J'en aurais presque jubilée si la situation avait été moins tendue.

Un peu plus d'un kilomètre pour atteindre notre position. Trenan conseilla à Argaëhl d'éviter de se transformer dans son état. On se relaya pour le soutenir. En chemin, des messages furent envoyés aux deux binômes encore sur le terrain pour les informer de notre repli temporaire. Le trajet jusqu'à la voiture se passa dans le silence, chacun attentif aux alentours, bruits, odeurs, ombres mouvantes. Il n'était pas impossible qu'ils aient posté des gars dehors. En fait, je trouvais même étrange qu'il n'y en ait pas. Lorsque la carrosserie sombre du van se profila à travers le feuillage dense sans que nous ayons fait la moindre rencontre.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant