Chapitre 32.1

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 Il allait me prendre pour une folle de débarquer à une heure pareille chez lui. Pour autant, je n'hésitais plus, courant pratiquement jusqu'à l'arrière de la maison. L'impression d'être traquée ne me quittait pas, rendant la nuit noire remplie de présences ténébreuses à l'affût. De la lumière émanait des grandes portes vitrées de la cuisine. Comme un papillon de nuit, je me laissais guider jusque-là. Il devait être réveillé. En tout cas j'espérais que ce soit lui et non son père. Subitement j'eus un doute sur la pertinence de ma venue. Je me voyais mal expliquer la raison de ma présence à Lucius. Elle était belle l'Alpha à venir chercher refuge en plein milieu de la nuit. Mais je ne pouvais plus reculer. Je ne me voyais pas refaire le chemin en sens inverse, retourner dans mon appartement. Impossible. Je préférais encore subir une conversation embarrassante. Jetant un coup d'œil à travers la vitre, je poussais un soupir de soulagement. Il était là. Assis devant une tasse fumante. Sûrement du thé, il avait les mêmes goûts que moi. J'hésitais un dernier instant avant d'aller taper doucement contre la porte. Il tressaillit en entendant le bruit soudain. Je fis un léger mouvement de la main pour me signaler. Haussant les sourcils, il se leva pour aller m'ouvrir, surpris de me voir là. Il me détailla de haut en bas. Je tirais sur ma veste pour couvrir le bas de mon ventre. Mon haut de pyjama avait une fâcheuse tendance à remonter. Il m'invita à entrer. Sans mot dire, il se dirigea ensuite vers le plan de travail et sortit une tasse qu'il remplit. La posant devant la sienne il me désigna le siège face au sien. Je m'exécutais, enserrant la tasse entre mes mains, laissant la chaleur gagner mes paumes avec bonheur.

Il finit par s'éclaircir la gorge tout en continuant de me fixer.

— Alors, que me vaut l'honneur de cette visite tardive ?

Je croisais son regard avant de le détourner rapidement. Bien sûr je m'attendais à cette question, elle était plus que légitime.

— Je n'arrivais pas à dormir. Je...

Mon dieu que j'avais l'air stupide maintenant. Je cherchais mes mots, bataillant pour exprimer les raisons de la manière la moins humiliante possible.

— Tu as peur.

Pas le moindre jugement dans sa voix, aucun signe de moquerie, juste une inquiétude sincère. Malgré toutes mes tentatives pour les retenir, mes larmes coulèrent alors que mes nerfs lâchaient. J'enfouie mon visage entre mes mains. Il se leva et vint à mes côtés, ses doigts venant caresser mes cheveux. Oui, j'étais morte de trouille et je détestais ça. Je pensais qu'une fois redevenue louve à part entière, je n'aurais plus à connaître cette sensation. Je me trompais lourdement. Il y avait toujours un prédateur plus féroce hantant notre sommeil.

— J'ai l'impression que le manoir est une terre

d'asile ce soir.

Je relevais la tête, perdue. D'un coup de menton, il m'indiqua le plan de travail derrière nous. Une tasse y était posée. Je l'avisais, perplexe. Puis, je compris. Quelqu'un se trouvait avec lui plus tôt dans la soirée.

— Tu n'es pas la seule à craindre sa venue.

— Tahlia, murmurais-je.

Il hocha la tête. Evidemment. La jeune femme devait être aussi terrifiée que moi, si ce n'est plus, considérant qu'il s'agissait de son propre frère.

— Elle est venue en fin d'après-midi. Même motif que le tien, dit-il avec un léger sourire. A l'évidence, vous me pensez capable de vous défendre en cas d'attaque de cet individu. Je suis flatté.

— Sauf qu'elle est ta fiancée donc sa requête n'a rien d'étrange, alors que moi...

— Alors que toi tu attends le milieu de la nuit pour débarquer. Je n'en attendais pas moins de ta part. Tu as toujours aimé faire autrement que les autres.

Je me remis de ma crise de larmes. D'entendre ses paroles sarcastiques me rappelait le bon vieux temps.

— Je vais te conduire à la chambre d'ami. Enfin, l'une d'entre elles.

J'esquissais une grimace vers lui.

— Pas besoin de te vanter de vivre dans un château.

— Un manoir ma chère, c'est différent, me taquina-t-il. Allez, au lit maintenant.

Alors qu'il me tournait le dos pour débarrasser la table, je lui tirais la langue, geste purement puéril mais qui me soulagea. Malgré son comportement agaçant, je lui étais reconnaissance de m'héberger cette nuit.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant